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Les engagements de Pascal Le Brun, président du Cniel

Pascal Le Brun, éleveur calvadosien, a été désigné nouveau président du Cniel le 3 juillet dernier. En cette qualité, il est venu assister à la section lait de la FRSEA de Normandie et il a tenté de rassurer une audience constituée intégralement de producteurs de lait, vendredi 5 juillet à Caen.

Le temps de la passation est venu à la tête du Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel). Après onze années écoulées à la présidence, Thierry Roquefeuil s'est retiré. Réunis le 26 juin dernier, les quatre collèges qui composent l'interprofession laitière - à savoir le collège des producteurs, celui des coopératives, ainsi que celui des industriels privés et enfin, le collège de la distribution, du commerce et de la restauration collective - ne sont pas tout de suite parvenus à un accord face aux candidatures de Pascal Le Brun (collège coopératives) et de Marie-Andrée Luherne (collège producteurs). Après de multiples échanges, une élection à l'unanimité a été trouvée, mercredi 3 juillet, à l'issue du séminaire du Cniel. Pascal Le Brun a été désigné nouveau président, quand Marie-Andrée Luherne officie comme présidente déléguée. " On voit un binôme à travers ces deux profils. Il y a du boulot et on doit avoir de l'ambition pour parvenir à des résultats ", déclare Ludovic Blin, président de la section lait de la FRSEA de Normandie.

Rassurer

Pour l'un de ses premiers déplacements, Pascal Le Brun a choisi la Normandie. Lui-même éleveur laitier installé hors-cadre familial depuis 1995 dans le bocage virois (14), il est venu assister à la réunion de la section lait de la FRSEA, vendredi 5 juillet à Caen. " Je suis engagé pour me battre pour le collectif et les valeurs de la filière laitière. C'est une fierté d'arriver à ce poste, c'est une passation qui m'anime avec des enjeux importants ", introduit-il. Des paroles se voulant rassurantes alors que l'audience - une vingtaine de personnes, essentiellement des producteurs de lait - semble dubitative vis-à-vis de cette élection. Le collège producteurs apporte 73 % des cotisations versées au Cniel. Mais dans une logique de présidence tournante, c'est le collège coopératif qui prend désormais la main pour une année. " Nous ne nous retrouvions pas forcément dans le projet de Pascal ", constate Ludovic Blin. C'est pourquoi des échanges plus approfondis sur les sujets du rééquilibrage de la CVO, sur les indicateurs, dont le PGC export et le beurre/poudre, ainsi que sur la présence laitière plus forte en Europe, ont été conduits. La présidence déléguée - c'est une première - attribuée à Marie-André Luherne, productrice de lait dans le Morbihan et vice-présidente de la FNPL, a aussi été une des solutions pour apaiser les débats. " Je sais d'où je viens. Je défends les valeurs de la production de lait. [...] Chacun a fait des efforts, dans un esprit de co-construction et de bienveillance ", appuie Pascal Le Brun, aussi vice-président d'Agrial et président de la branche lait de la coopérative.

Indicateur beurre/poudre, la priorité

L'indicateur beurre/poudre est utilisé dans les formules de prix du lait. Il correspond à la valorisation du lait commercialisé sur les marchés du beurre et de la poudre de lait, sans inclure les frais de collecte et de transformation. " Nous n'arrivons pas à trouver de porte de sortie qui corresponde à l'ensemble des acteurs. Il avait été proposé de se caler sur l'indicateur allemand, mais même comme cela, on aura toujours un différentiel ", déplore Pascal Le Brun. En 2022, l'élaboration de cet indicateur par l'interprofession était suspendue, alors qu'il subissait une forte diminution en 2023, atteignant 365,17 euros/1 000 l, sur la base d'une enquête réalisée auprès des industriels du lait, " qui ne donne pas satisfaction ", reconnaît le président. " C'est du foutage de gueule. Il atteint bientôt 20 % de notre prix avec un écart d'environ 80 euros avec l'Allemagne. Nous sommes doublement décalés ", s'offusque Jocelyn Pesqueux, administrateur de la FNPL. " Ça crispe les relations entre producteurs et coopératives qui n'ont pas fait preuve d'ouverture sur ce sujet ", appuie Ludovic Blin. " Je m'engage devant vous à ne pas faire traîner ce dossier et que le volet valorisation de la matière grasse soit rouvert au passage. La moyenne est loin de correspondre aux attentes producteurs ", note le président du Cniel.

Le PGC sur la table

" Il faut globaliser l'export dans son ensemble. Avec l'inflation en 2022, le prix du lait a passé un sacré palier de 350 euros à 490 euros environ pour le PGC France ", constate Pascal Le Brun qui a donné son point de vue coopérative. " Chez Agrial, nous sommes à la moitié du chemin. La fusion avec Coralis et Eurial a permis malgré tout de conforter les volumes dans nos régions. Notre politique laitière, même si elle peut être critiquée et critiquable, a permis un peu de souplesse. Nous avons pour stratégie de conforter nos outils, de les rénover en partie (70 à 80 millions d'euros chaque année pour moderniser la branche et aller chercher de la valeur) ", décrit-il. Pour élaborer sa formule de prix, la coopérative se base sur " 40 % de contrat Savencia, 15 % de PGC France, 20 % de PGC export et 25 % de l'indicateur beurre/poudre. On n'a pas à rougir du prix par rapport à Lactalis, admet-il. Le résultat de la branche se fait par le prix du lait payé au producteur. On peut être fier et satisfait que le producteur de lait soit payé par sa performance. Nous sommes à la moitié du chemin au vu de ce qui a été cranté par Egalim. Si le PGC France reste à ce niveau et qu'il est maintenu, on reste dépendant de la volatilité du marché. "

Coopérer

Afin de récupérer un milliard de litres de lait en France, le volet rémunération est plus que jamais d'actualité. " L'économie laitière dans nos territoires génère de la valeur ajoutée. Il y a un vrai enjeu sur la souveraineté, la compétitivité et le renouvellement des générations dans nos fermes ", résume Pascal Le Brun. Pour y parvenir, il entend " faire redescendre auprès du producteur tout ce que peuvent faire les interprofessions. " " Dans une logique de nourrir de plus en plus de bouches, on ne peut pas parler que de manque de compétitivité dans nos exploitations laitières. J'aimerais qu'on fasse un point sur la compétitivité de nos outils de transformation qui posent une réelle difficulté. Il faut qu'Agrial soit dans la course pour que les producteurs de lait, sur leur territoire, voient que la coopérative est à l'écoute. On ne peut pas accepter un différentiel de prix sur du long terme ", conclut Ludovic Blin.•

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