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Une nouvelle unité de trituration dans l'Oise

Une unité de trituration de tournesol bio en vue de produire localement de l'huile et des tourteaux a été inaugurée en juin, à Fresnoy-en-Thelle (Oise). Ils sont incorporés dans les fabrications d'aliments bio pour animaux par Novial.

Parmi les promoteurs de cette nouvelle filière organisée sous forme d'un consortium, il y a d'un côté, Lamberval Énergie Verte, une société créée par Marc et Élise Lamoureux, qui triture déjà du colza en conventionnel, et de l'autre, le groupe coopératif Noriap, avec sa filière alimentation du bétail Novial, dont une partie est destinée à l'élevage biologique, et Feed Alliance (Groupe Avril), expert en achats et ventes de matières premières. " L'idée était de créer une filière locale en circuit court pour utiliser des graines régionales dans nos formulations pour les animaux, essentiellement pour les volailles ", annonce d'emblée Jean-Loup Stérin, directeur commercial de Novial.

Les trois parties commencent à imaginer leur projet commun dès la fin 2020, à une période où la consommation en produits biologiques connaît une croissance spectaculaire.

Rapidement, le choix est fait de construire, sur le site de Lamberval Énergie Verte du Fresnoy-en-Thelle (Oise), un hangar qui accueillera la presse destinée à travailler les tournesols bio. " Nous assurons ainsi une meilleure traçabilité des huiles et des tourteaux bio, avec une moindre dépendance aux importations, de soja bio notamment ", ajoute le directeur commercial de Novial. Parallèlement, pour rendre possible cette nouvelle filière, le site Novial du Plessiers-sur-Saint-Just (60) accroît ses capacités de stockage pour réceptionner les tourteaux.

Dès l'été 2021, des essais sont effectués pour déterminer le bon process, les travaux sont lancés en juin 2022, la presse est installée en décembre 2022 pour un démarrage de l'usine à l'automne 2023. Deux salariés à temps plein sont embauchés. Le projet a bénéficié d'une aide du Plan de relance mis en place à l'issue de la crise Covid.

Organisation

" La production opérationnelle a commencé ce printemps, l'usine tourne aux deux tiers de sa capacité pour l'instant ", précise Jean-Loup Stérin. À terme, elle devrait pouvoir traiter 8 000 à 10 000 t de graines par an.

Le tournesol bio qui sera trituré est régional et fourni par les coopératives Noriap, Cérésia, Valfrance et Agora, l'Aisne et la Seine-et-Marne étant les départements où la culture du tournesol bio est la plus développée. " Malgré le risque pigeons au semis, le tournesol est une culture peu exigeante et a particulièrement sa place dans les rotations bio de la région : peu de maladies, une résistance au stress hydrique et une faculté à pousser dans des terres de moindre qualité. " Triturées, les graines de tournesol produisent 35 % d'huile pressée à froid, 50 % de tourteaux et 15 % de coques. C'est Novial qui achète l'huile (le marché en alimentation humaine est saturé et tendu) et les tourteaux pour les intégrer dans sa fabrication d'aliments. L'avenir des coques est en cours de réflexion, sans doute pour une destination énergétique (chaufferie) ou en paillage pour les espaces verts. Le partenariat permet aussi la garantie d'un process industriel fiable et maîtrisé et une traçabilité de la matière première.

Avantage qualitatif

" La réflexion qui a abouti à ce projet, au-delà de la volonté d'une plus grande autonomie dans nos approvisionnements, vient aussi d'une contrainte réglementaire, à savoir l'évolution, depuis le 1er janvier 2022, du cahier des charges de l'agriculture biologique qui oblige à ce que 100 % des ingrédients des aliments pour bétail soient certifiés en agriculture biologique, contre 95 % aujourd'hui. D'où notre souhait de trouver localement des tourteaux bio riches en protéines, en méthionine notamment ", avance Jean-Loup Stérin.

Grâce à un process particulièrement maîtrisé, à des réglages adaptés au taux d'humidité et à la taille des graines ainsi qu'au débit de pression notamment, le tourteau issu de l'usine du Fresnoy affiche des taux de protéines entre 28 et 30, contre 22 à 24 habituellement pour des tourteaux de tournesol. Un avantage substantiel qui rassure le responsable, même si le marché bio est actuellement en souffrance. " Notre tourteau sera plus facilement valorisable, il dispose d'un réel avantage qualitatif grâce au savoir-faire des opérateurs. "

Les tourteaux de tournesol bio sont essentiellement utilisés par Novial pour les aliments destinées aux poules pondeuses bio. En effet, la production d'œufs bio est celle qui a subi le moins de perte d'activité : moins 15 % contre moins 50 % en porcs et poulets bio par exemple. " Globalement, le marché de la nutrition animale bio est en baisse de 20 %, variable selon les types d'élevages, et nous nous attendons encore à des déconversions pour environ 5 % des volumes ", se désole Jean-Loup Stérin.

Après l'euphorie de la période Covid, qui a sans doute gonflé de façon artificielle le marché, celui-ci a été ramené à la réalité avec l'inflation suite à la guerre en Ukraine. " Nous sommes revenus aux chiffres de consommation en euros de 2018-2019, avec une population qui a, entre deux, augmenté, donc un panier moyen moindre ", constate le directeur.

Il reste néanmoins confiant quant à cette nouvelle filière. " Tous les mois, au niveau du consortium, nous faisons le bilan des prix en toute transparence et veillons à une juste répartition de la valeur ajoutée afin que tous les maillons soient gagnants. C'est un engagement commun qui nous unit. Grâce à cela, nous pouvons annoncer que 87 % des matières premières de nos aliments bio sont d'origine France et même 100 % pour les céréales, les tourteaux de colza et de tournesol et la luzerne. Ne reste que le soja bio, à 75 % d'origine étrangère " ajoute Jean-Loup Stérin.

Quant aux promoteurs de Lamberval Énergie Verte, ils se réjouissent de cette nouvelle activité et de cette aventure commune qui apporte un peu plus de valeur ajoutée dans l'Oise.•

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