[Vidéo] Soutenir l'irrigation par un prélèvement de substitution
Dans l'Aube, une Cuma d'irrigants a mis en place un prélèvement de substitution afin de pallier le manque d'eau et soutenir l'irrigation. La solution, qui a nécessité la création de quatre puits de forage, est en passe d'obtenir une autorisation définitive des acteurs concernés.

collecteur pour finalement acheminer une eau à une pression de 12 bars, dans le système d'épandage de la sucrerie Cristal Union.
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Un projet vital. Gérard Laurent, président de la Cuma des irrigants du bassin versant de la Barbuise (IBVB), ne mâche pas ses mots quand il aborde la nécessité de l'alternative trouvée par les irrigants de son secteur afin d'apporter suffisamment d'eau dans les parcelles. Dans le nord de l'Aube, en plaine d'Arcis, après la mise en place des quotas et de l'application de la loi sur l'eau, quatre bassins versants ont été identifiés comme étant en tension et se sont vu réduire leur prélèvement : l'Ardusson, l'Huitrelle, la Barbuise et l'Herbissonne, avec pour ces deux derniers, une baisse de 39 et 46 % du volume attribué. À la lueur de ces éléments, on comprend bien l'urgence de trouver une alternative.
Jusqu'à 1,2 million de mètres cubes d'eau
C'est ce qu'ont fait les 46 agriculteurs irrigants de la vallée de la Barbuise. Comme pour le bassin versant de l'Herbissonne, un collectif s'est structuré en 2017, afin de faire remonter sur le bassin versant, de l'eau prélevée dans le corridor de la rivière Aube, où la ressource est plus abondante. « La seule solution possible à l'issue d'une réflexion départementale était d'avoir recours à ce prélèvement de substitution dans les corridors de l'Aube et de la Seine car soutenus par les lacs réservoirs », détaille Gérard Laurent.
Selon le producteur de pommes de terre, exploitant à Charmont-sous-Barbuise (Aube), cette solution, qui fait l'objet d'une autorisation provisoire de la DDT, permet de combler la différence entre le besoin en eau et les volumes octroyés. « L'irrigation dans le bassin versant de la Barbuise en 2021, c'était une demande de quota de 3,5 millions de mètres cubes d'eau pour un plafond autorisé à 1,9 », rappelle Gérard Laurent. Quatre puits ont donc été creusés pour
puiser jusqu'à 1,2 million de mètres cubes d'eau. « On ne pompe pas l'eau de la rivière, précise-t-il, mais celle de la nappe soutenue par le réservoir du lac Aube ».
Dans le réseau d'épandage de Cristal Union
Originalité du projet : une fois captée, l'eau est ensuite acheminée sur les parcelles des agriculteurs via des canalisations déjà existantes : celles du réseau d'épandage de la sucrerie Cristal Union, tout proche du champ captant installé par la Cuma IBVB. « Dans chacun des puits, nous puisons 250 m3 d'eau à l'heure que nous regroupons pour envoyer à un kilomètre dans le réseau d'épandage de la sucrerie d'Arcis-sur-Aube, ce qui permet de la diffuser jusqu'à 15 km environ. Un accord a été conclu pour cela », décrit le président de la Cuma. Un projet tripartite avec les services de l'État via la DDT et qui, insiste Gérard Laurent, « se fait en coopération et en toute transparence ». L'utilisation du réseau d'épandage se fait en effet quand Cristal Union ne s'en sert pas. Pour mettre en place un tel système, la Cuma a dû investir 750 000 euros. Elle a bénéficié d'une subvention de 104 000 euros du conseil régional. Le reste est à la charge des 30 adhérents de la Cuma. Et si le système est très complexe à mettre en place et demande « une grosse logistique », admet Gérard Laurent, il a fait ses preuves. « Sans ce prélèvement de substitution effectué dans le corridor de l'Aube, les exploitations seraient contraintes de diminuer leurs surfaces de culture de légumes d'environ moitié. De plus, après trois années de fonctionnement, nous pouvons également affirmer qu'il permet de faire baisser les prélèvements dans le bassin versant ». Le projet est entré en phase finale pour obtenir une autorisation définitive d'exploitation. Elle devrait être effective dans le courant de l'année. o