Les produits européens taxés de 20 % vers les USA
L'addition sera particulièrement lourde pour les vins et spiritueux français. Le recul des exportations pourrait s'élever à plus de 800 M€.
L'addition sera particulièrement lourde pour les vins et spiritueux français. Le recul des exportations pourrait s'élever à plus de 800 M€.
Donald Trump a mis à exécution ses menaces sur le relèvement des droits de douane à l'entrée sur le marché américain. Depuis la Maison-Blanche, le président des États-Unis a annoncé mercredi 2 avril l'entrée en vigueur immédiate – le 5 avril – de taxes à hauteur de 34 % sur les produits chinois, 20 % sur ceux en provenance de l'UE ou encore 46 % pour le Vietnam.
La filière viticole n'a pas tardé à réagir à ce coup de tonnerre pour le commerce mondial. S'ils échappent à une surtaxation de 200 % un temps évoquée, les exportateurs de vins et spiritueux craignent néanmoins les effets dévastateurs de cette décision. La fédération des exportateurs (Fevs) évoque un recul de 800 M€ des exportations côté français, les États-Unis représentant 25 % du total des exportations de vins et spiritueux. " L'an dernier, c'est environ 3,8 milliards d'euros de vins et spiritueux qui ont été exportés vers les États-Unis. Nous sommes très dépendants de ce marché à court terme. Nous le sommes doublement, car la viticulture française a déjà un genou à terre ", relève la Fevs. Pour les producteurs de cognac et d'armagnac, l'annonce constitue même une catastrophe " d'une ampleur inimaginable ", souligne Anthony Brun, vice-président de la Confédération des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin AOC et président de l'Union générale des viticulteurs de Cognac (UGCV). " En addition du conflit avec la Chine, ces taxes vont mettre en très grande difficulté notre filière, avec un risque de cessations d'activité en chaîne, en Charentes notamment ". Les exportations de spiritueux français ont représenté près de 1,5 Md€ l'année dernière, un tiers du chiffre d'affaires à l'export pour cette catégorie.
Cognac et bordeaux en première ligne
La filière des vins de bordeaux est aussi très touchée par ce niveau de taxes. " Les États-Unis sont notre premier marché à l'exportation en volume et en valeur (près de 30 millions de bouteilles pour plus de 435 M€) ", précise Jean-Marie Garde, président de la Fédération des grands vins de bordeaux (FGVB). Si l'impact commercial de cette taxe ne peut être évalué à ce stade, il " constate depuis plusieurs semaines des annulations ou blocages de commandes auprès des exportateurs. "
Les responsables des filières vins et spiritueux ont exhorté Bruxelles " à négocier ". " Nous encourageons avec force, la Commission européenne à ouvrir des négociations justes et apaisées pour nous permettre d'obtenir une baisse de cette taxation ", insiste Jérôme Bauer, le président de la Cnaoc. De son côté, la Fevs a proposé à la Commission " un accord réciproque et équitable " sur les vins et spiritueux " que nous souhaitons qu'elle intègre dès maintenant dans son agenda positif de discussion avec les États-Unis ". Le vignoble français n'est pas le seul à être frappé. L'Afrique du Sud se voit infliger des droits de 30 % ; l'Argentine, l'Australie, le Chili et la Nouvelle-Zélande essuieraient des taxes de 10 %.•