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Un Far west aux autruches pointe le bout de son bec en Seine-Maritime

Voilà deux ans que Cyril Morisset et Victor Capitanio, Picards d’origine, ont posé leurs valises et celles de leurs animaux à Dancourt, dans le pays de Bray. Ils y ont ouvert le Far west aux autruches, une ferme pédagogique avec hébergement insolite. Ils espèrent pouvoir élever des autruches pour valoriser leur viande.

L’autruche a toujours intrigué Cyril Morisset. « Je n’explique pas pourquoi. J’ai toujours rêvé d’en avoir une. » Avec son associé, Victor Capitanio, ils ont décidé de réaliser ce rêve, et de faire de leur passion pour ces animaux leur métier. « Nous habitions à Thieux (60), près de Beauvais, où nous avions déjà toutes sortes d’animaux : kangourous, moutons, chèvres, chevaux, alpagas... Un peu par hasard, nous avons découvert ce domaine de 6 ha, à Dancourt, et nous avons eu un vrai coup de cœur », raconte Cyril.
Le lieu bucolique, traversé par l’Yères, bordant la forêt d’Eu, qui offre un panorama imprenable sur les plaines brayonnes, est propice au tourisme. « Nous voulions aussi partager notre amour pour les animaux. Dans l’Oise, nous accueillions déjà l’école de la commune chaque année. Le principe d’une ferme pédagogique nous plaisait bien. » Les associés ont également développé l’hébergement insolite avec, pour l’instant, un chalet de deux personnes et un tipi de dix places. Le Far west aux autruches, né juste avant le premier confinement, a connu sa première vraie saison cet été. « C’était une très belle saison, rythmée par des journées à thème que nous animons. » 560 personnes participaient notamment à la journée country en juillet. « On a réussi à servir tout le monde pour le déjeuner. »

La perte du reproducteur, un coup dur

Si le concept est viable, Cyril et Victor espèrent désormais le développer. Ils comptent notamment sur leur élevage d’autruches, qu’ils espèrent pouvoir démarrer prochainement. « Nous avons accueilli notre trio reproducteur – un mâle et deux femelles – le 7 mars 2021.» L’animal, plutôt rare, ne s’achète pas aussi facilement qu’un mouton. Comptez environ 5 000 euros pour un jeune individu, quand celui-ci est disponible. Ce mois de décembre, les jeunes éleveurs font cependant face à un coup dur. Le mâle, acheté à un an, avait enfin atteint l’âge pour pouvoir reproduire, mais vient de mourir. « Il s’est fait mordre par un renard. L’autopsie du vétérinaire est formelle. Il devait être couché et aurait été pris par surprise. On n’en revient pas », souffle encore Cyril.
L’autruche n’est pourtant pas un animal sans défense. « Avec ses pattes puissantes dotées d’une grosse griffe, elle peut éventrer un lion. » Pour pouvoir monter son élevage, Cyril a d’ailleurs dû passer un certificat de capacité (délivré à la suite d’un examen passé en préfecture sous contrôle de la DDPP), et un numéro d’autorisation d’ouverture d’élevage. De grands parcs (500 m2 par animal reproducteur et 250 m2 par animal d’élevage) ont été construits, avec de solides clôtures grillagées de près de 3 m de haut. « On pourra élever quarante bêtes à l’hectare. » Ces animaux ne seront visibles que quelques dimanches par an, à la belle saison. « C’est très réglementé. »

Une filière locale à créer

Les associés comptent surtout développer un marché de la viande d’autruche en circuit court. Cette viande rouge, « tendre, hyperprotéinée et très goûteuse », sera à déguster au saloon, le restaurant du Far west aux autruches, et sera proposée en vente directe. Elle se vend entre 30 et 45 euros/kg selon les morceaux. La filière de niche semble prometteuse. Sur près de 5 000 t de viande d’autruche consommées en Europe chaque année, seules 1 500 seraient produites en France.
Mais les contraintes sont réelles. Une d’entre elles réside dans l’abattage, qui doit être réalisé dans un atelier conçu à cet effet ou dans un abattoir de volailles possédant une chaîne de manipulation adaptée à la taille des ratites (chaîne d’abattage spécifique). Des structures rares en France, ce qui augmente considérablement les coûts d’abattage, à cause du transport. « Nous serons obligés d’aller près d’Orléans pour cela », regrette Cyril. La découpe, elle, sera faite sur place. On a hâte d’y goûter. •

 

Une reproduction particulière

L’autruche est aujourd’hui élevée pour sa viande, sa peau et ses plumes. Le cheptel existant en France est de 2 000 à 4 000 animaux, répartis sur une cinquantaine d’éleveurs ayant des cheptels de quelques animaux à plus de 300. L’autruche atteint sa maturité sexuelle à deux ans pour la femelle et à plus de trois ans pour le mâle. Elle peut se reproduire pendant quarante ans. La saison de ponte commence au mois d’avril et se termine vers octobre. Un œuf est pondu tous les trois jours, soit une moyenne de trente à soixante œufs dans la saison, avec une incubation de quarante-deux jours. « Mais la perte est en général assez élevée », explique Cyril Morisset. L’œuf d’autruche pèse 1,7 kg en moyenne et équivaut à 24 œufs de poule. « Dans la nature, toutes les femelles du groupe pondent dans le même nid, mais c’est le mâle et la femelle dominante qui couvent les œufs. Chez nous, ils iront en couveuse. » À la naissance, les autruchons mesurent environ 20 cm et pèsent entre 800 g et 1 kg. Leur croissance est très rapide : « ils prennent 1 cm par jour. » Elles seront élevées treize mois avant d’être abattues.
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