« Nous avons découvert un autre fonctionnement de collectif »
Une dizaine d'agriculteurs seinomarins de deux GDA et d'une OP se sont rendus dans la Manche pour rencontrer les membres de l'Organisation de producteurs de la laiterie Mont-Blanc. Un voyage d'étude riche de nombreux enseignements.








Interventions d'experts, visites d'entreprises, visites d'étude, démonstrations de matériel... les Groupes de développement agricole (GDA) mènent des actions et projets au service de leurs adhérents et de l'agriculture. Et le voyage d'étude, initié début février par le GDA entre Bray et Picardie et élargi au GDA Caux Durdent ainsi qu'aux membres de l'OP Caplait, participe à ces actions qui visent à mettre en relation des agriculteurs aux pratiques bien différentes.
Ils étaient au total une dizaine d'agriculteurs seinomarins à se rendre dans la Manche pour rencontrer les membres de l'organisation de producteurs de la laiterie Mont-Blanc. « Le voyage d'étude permet de s'extraire de la ferme, d'être disponible pour imaginer de nouveaux horizons et de nouer des liens différents entre adhérents, témoigne Julien Burel, président du GDA Entre Bray et Picardie. Notre souhait était de fédérer le groupe et d'envisager des perspectives nouvelles pour notre GDA. Nous avions choisi d'aller dans la Manche. Nous avions l'image d'une belle dynamique collective et de production laitière. Nous étions curieux de voir le fonctionnement et les travaux conduits. Nous ne sommes pas déçus car nous avons reçu le meilleur des accueils ».
Un programme diversifié et de nombreux échanges
Sur deux jours, les agriculteurs de la Manche et de la Seine-Maritime ont visité le laboratoire Lilano et appréhendé les différentes analyses qui sont effectuées sur la qualité du lait, les fourrages et des échantillons de terre. Puis, ils ont découvert l'usine agroalimentaire Mont-Blanc qui transforme 41,5 millions de litres de lait en crèmes dessert conditionnées en conserves et gourdes. « Ce qui m'a le plus étonné, souligne Julien Burel, c'est de voir comment l'OP Mont-Blanc a créé un vrai partenariat avec sa laiterie. On a pu voir que le travail de structuration de l'OP et la force du collectif ont permis d'instaurer une relation gagnant-gagnant où chaque partie prenante est écoutée et peut faire des propositions ». Romain Lallemand, président de l'organisation des producteurs Mont-Blanc complète : « En effet, les échanges tels qu'ils sont conduits dans les GDA (à l'échelle des exploitations ou des projets) sont intéressants mais se réunir en OP soulève d'autres questionnements et permet d'avancer sur d'autres sujets : le calcul de coûts de production, les techniques de négociation, les projets de filière... Aujourd'hui, le rôle des OP est d'une grande importance. »
Des perspectives optimistes
Au cœur des échanges : le fonctionnement de collectifs d'agriculteurs et l'avenir de la filière lait en Normandie. Les travaux ont été alimentés par deux visites sur les exploitations d'adhérents de la Manche.
La première visite s'est déroulée sur une exploitation en élevage et en maraîchage, qui regroupe six associés et une équipe de salariés autour de 330 ha, dont 80 ha de légumes (poireaux, carottes, chou), et qui élèvent 200 vaches laitières. Une visite riche de sens. « D'une part nous partageons des problématiques communes, et d'autre part nous pouvons nous inspirer de nos différences. La complémentarité des cultures avec le lait en Seine-Maritime s'apparente fortement à celle que l'on retrouve dans la Manche avec le lait et le maraîchage », constate Romain Lallemand.
La seconde visite a eu lieu sur une exploitation laitière composée de trois associés dont un jeune installé hors cadre familial. Julien Burel est reparti reboosté de cette expérience « Contrairement à l'idée que je m'en faisais, le contexte pédologique est compliqué dans la Manche. Malgré cela, j'ai découvert des gens passionnés par leur métier d'éleveur laitier et optimistes sur les perspectives de la filière. Les projets foisonnent : modernisation, installation... de quoi nous inspirer ! ».
Une visite retour programmée en Seine-Maritime
Les deux groupes ont promis de se tenir informé de leurs travaux respectifs et un rendez-vous est d'ores et déjà pris pour un nouvel échange. Cette fois, ce seront les Seinomarins qui accueilleront. « Ces échanges sont possibles grâce à des aides du Contrat d'objectifs de la Région Normandie. Sans une prise en charge d'une partie des coûts du voyage, l'initiative n'aurait certainement pas vu le jour », conclut Julien Burel.•