Un congrès de responsabilité et de combativité
Le 79e congrès de la FNSEA s'est ouvert à huis clos le mardi 25 mars à Alpexpo à Grenoble. L'occasion pour le syndicat majoritaire de revenir sur les grands temps forts de l'année 2024 et de tracer des perspectives pour l'avenir.
Le 79e congrès de la FNSEA s'est ouvert à huis clos le mardi 25 mars à Alpexpo à Grenoble. L'occasion pour le syndicat majoritaire de revenir sur les grands temps forts de l'année 2024 et de tracer des perspectives pour l'avenir.

L'ambiance des quelque 800 congressistes conviés le 25 mars était studieuse. Au menu des discussions, l'inévitable sujet des dernières élections Chambres d'agriculture qui ont vu le traditionnel tandem FNSEA-JA perdre du terrain vis-à-vis de leurs adversaires de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne. « Nous restons cependant très majoritaires avec 84 Chambres remportées sur 101 », a rappelé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau lors de la conférence de presse précongrès. Ce huis clos a été l'occasion, dans un temps d'échanges, de faire le point sur la mobilisation et le syndicalisme. C'est un sentiment d'amertume teinté d'irritation qui pouvait parfois se lire sur certains visages, surtout quand un département a basculé dans le collège exploitants pour quelques petites voix. Cela étant, la campagne Chambres s'est faite en « toute confiance avec les Jeunes agriculteurs. Pas une seule organisation n'a autant de poids que le duo FNSEA-JA. Nous restons le syndicat de référence (...) Je réaffirme notre ambition : rester le premier syndicat agricole, fort de ses valeurs et solide grâce à son organisation. (...) Nous avons bien engagé notre transformation et ainsi, nous serons prêts pour 2031 », a lancé Arnaud Rousseau aux congressistes. De son côté le secrétaire général, Hervé Lapie a rappelé que la FNSEA, « c'est l'histoire de l'agriculture française. Nous sommes fondés sur une idée simple : "le serment de l'unité paysanne." (...) Notre réseau se renouvelle, préparons cela avec proximité et écoute. Chaque agriculteur doit pouvoir compter sur un élu local. La base du syndicalisme et de notre engagement, c'est de s'intéresser à son voisin. L'unité ne se décrète pas, elle se construit », a-t-il harangué.
Répondre à la colère agricole
Il est vrai que l'agriculture française semble aujourd'hui à la croisée des chemins : les attentes des jeunes générations diffèrent de celles de leurs aînés. Si l'agriculture reste un métier passion, les nouveaux installés n'entendent pas tout y sacrifier, notamment dans les productions d'élevage. Le président de la FNSEA le reconnaît lui-même : « On ne peut plus faire du syndicalisme dans les trente prochaines années comme on l'a fait dans les trente dernières. La sociologie n'est pas la même, ni le nombre des agriculteurs, ni leurs attentes ». Consciente du travail à fournir pour reconquérir ses bastions, la FNSEA continue de battre le fer sur de nombreux dossiers parmi lesquels le budget et les orientations de la prochaine politique agricole commune, la simplification dans l'exercice du métier d'agriculteur, et d'une manière plus global « le réarmement de l'agriculture ». Ce qui passe par de nombreuses mesures concrètes : la question du stockage de l'eau, celle des matières actives, la répartition de la valeur ajoutée dans les cours de ferme, etc. Cette volonté, Arnaud Rousseau l'a exprimée sur son compte X : « Nous voulons installer ce congrès sous un double signal : la responsabilité, pour rebondir, prendre de la hauteur sur nos résultats, faire la part des choses entre le ressenti et la réalité de notre situation, pour accélérer la transformation du réseau FNSEA au service des adhérents ; la combativité, pour répondre à la colère agricole, faire face aux nouvelles pressions (tendances isolationnistes, tensions géopolitiques et commerciales, instabilité politique, inertie des Pouvoirs publics) ».•
Elle a dit

Je retiens la féminisation des instances de la FNSEA. Il y a encore beaucoup de travail pour créer les conditions favorables à un engagement des femmes, pour qu'elles puissent libérer du temps pour s'engager, se former, se décharger des obligations familiales et qu'elles ne s'engagent pas au détriment de la maison. Nous avons eu une ministre à l'écoute. Cela faisait longtemps que nous avions eu autant d'annonces. Restent à voir les actes concrets à suivre.
Sylviane Lefez, présidente de la commission des agricultrices
Propos recueillis par Joël Rébillard

Il a dit
La FDSEA de l'Isère a réussi son pari un peu fou d'organiser un congrès de la FNSEA tout en menant une campagne aux élections à la Chambre d'agriculture. Nous avons reçu un accueil chaleureux à Grenoble, même si nous avons senti, pour la petite histoire, que les relations avec le maire écologiste de la ville étaient pour le moins compliquées. J'ai rencontré des congressistes motivés, décidés à faire aboutir les acquis en suspend et à aller en chercher d'autres. L'unité, la solidarité, la détermination, derrière un président qui sait où il va, restent les valeurs fortes du réseau. La FNSEA, qui aura 80 ans l'an prochain, a aussi lancé un grand chantier d'adaptation pour être encore plus proche des agriculteurs et de leurs attentes. Nous l'avons largement évoqué à Grenoble. Cette capacité à se remettre en question, à s'adapter, est aussi une force.
Jean-Paul Lecourt, président des Seniors agricoles
Propos recueillis par Simon Huet

Il a dit
Le congrès est toujours un moment important dans la vie du réseau. C'est, pour ceux qui y participent, l'occasion de recharger les batteries syndicales. On repart du congrès regonflé, remotivé pour continuer le travail syndical. Cette année, nous avons aussi largement débattu des élections Chambres. En syndicat responsable, le réseau a fait son autocritique. Même si FNSEA et JA restent les premiers syndicats, le réseau a clairement entendu le message des urnes et est décidé à faire sa mutation. La question centrale est de savoir comment on évolue pour mieux répondre aux attentes des agricultrices et des agriculteurs, en matière de défense syndicale mais aussi de services, de communication et d'information. Enfin, sur le plan plus syndical, nous avons largement débattu des acquis mais surtout de tout ce que nous attendons encore, notamment en matière de simplification. Sur ce sujet, l'intervention de la ministre de l'Agriculture ne nous a pas vraiment rassurés, qui plus est alors même que le calendrier de la loi Entraves ne cesse d'être décalé.
Bruno Ledru, président de la FNSEA 76
Propos recueillis par Simon Huet