«Trois bouleversements majeurs vont modifier l’environnement agricole»
François Attali, directeur stratégique et R&D chez Sodiaal, est intervenu lors du congrès de la FNPL à Albi.

«Trois bouleversements majeurs vont modifier l’environnement agricole : la croissance mondiale et la fin de la domination de l’Occident, le nouvel environnement technologique et scientifique ainsi que la fin de la génération du baby-boom », annonçait François Attali, directeur marketing stratégique et r&d chez Sodiaal, lors du congrès de la FNPL. La Chine est en face à face avec les Etats-Unis. Par contre, l’Europe est dans le dos des deux ! Ce n’est pas bon d’avoir les gens dans le dos ! », ironise-t-il. En 2050, 50 % de la consommation mondiale sera chinoise et indienne contre 10 % aujourd’hui et un tiers des 15-24 ans de la planète sera né en Afrique.
« De fait, la demande alimentaire va inévitablement croître ». Il alerte sur l’augmentation inévitable de la volatilité des cours puisque « la moitié du lait sera produit dans des conditions climatiques très incertaines », explique-t-il. Par ailleurs, « une ère nouvelle se développe au carrefour de la technologie et du biologique », rappelle-t-il. D’un monde rural de l’après-guerre, « nous allons passer à celui de la réalité augmentée », estime-t-il.
Cette transition sera d’autant plus rapide que la génération du baby-boom « qui gouverne les entreprises et le monde politique aujourd’hui », partira bientôt à la retraite. « En 2030, la génération née dans les années 2000 aura trente ans. Elle ne se posera plus les mêmes questions », habituée dès l’enfance aux nouvelles technologies. « Les frontières seront davantage des frontières d’opinion que géographiques. Le monde agricole devra faire face à un monde gouverné par l’opinion, la croyance populaire, mettant à mal les politiques.
La croyance primera sur la science ! ». Alors dans cet univers, quel sera le modèle économique agricole de demain ? Avec l’apogée de l’individualisme, est-on à la fin des luttes collectives ? « Notre enjeu réside dans notre capacité à articuler des modèles différents, car si l’on fait tous les mêmes choix, on se plantera tous en même temps ! », conclut François Attali. Il imagine plutôt le redéveloppement de modèles collectifs, plus souples par rapport à ceux développés auparavant par certains partis politiques trop « idéologiques et monolithiques».