|Spécial Energies| L'agriculture contribue de plus en plus à la production d'énergie.
Les énergies renouvelables sont-elles en passe de devenir une véritable filière agricole économiquement équivalente aux autres ? L'agence de la transition écologique, l'Ademe, semble le penser.

L'Ademe a mené une étude en 2018 sur les opportunités et les contributions des exploitations agricoles au développement des énergies renouvelables (EnR). Comme le rappelle l'agence dans sa synthèse publiée la même année, « actuellement, l'énergie consommée par le secteur agricole ne provient des énergies renouvelables que pour 4 %. Ces EnR autoconsommées dans les exploitations agricoles proviennent essentiellement du bois forestier (38 %), ou du bois issu du bocage (26 %), ainsi que des résidus agricoles (paille) et des cultures dédiées (23 %). » Les EnR pourraient satisfaire davantage les besoins énergétiques des fermes, qui restent dépendantes des énergies fossiles.
Par contre, l'agriculture est un acteur important dans la production d'énergie qui n'est pas autoconsommée : biomasse chaleur, solaire thermique, pompes à chaleur, solaire photovoltaïque, éolien, biogaz, biocarburants... La contribution directe et indirecte de l'agriculture a été évaluée à 20 % en 2015, mais elle a bien progressé depuis. L'Ademe souligne que toutes les filières contribuent, même si les grandes cultures arrivent en tête. La Normandie est en quatrième position, après le Grand-Est, les Hauts-de-France et le Centre-Val-de-Loire. Il s'agit en majorité de production de biocarburants et de photovoltaïque.
L'Ademe encourage les agriculteurs à se diversifier dans cette direction. Elle indique que cela permettrait de « renforcer et stabiliser leur revenu, pour des montants pouvant aller de quelques milliers d'euros de réduction de leur facture énergétique à plus de 15 000 euros de revenus complémentaires ». L'agence a identifié deux principaux freins au développement des EnR en agriculture. Le premier, c'est le manque de connaissances sur les différentes solutions existantes, leurs avantages économiques et leurs intégrations aux systèmes de production. Si le partage de connaissance par l'animation de réseaux d'experts et entre agriculteurs fonctionne bien avec la méthanisation, c'est moins le cas avec les autres EnR.
Le second frein, ce sont les dispositifs de financement. Certaines EnR demandent des investissements lourds pour les agriculteurs et les banques sont parfois frileuses. L'Ademe souligne la nécessité de simplifier les démarches administratives et de diffuser via les organisations professionnelles les modèles qui fonctionnent. Elle insiste sur l'intérêt de l'autoconsommation et des projets intégrés au territoire. Par exemple, la possibilité de chauffer des bâtiments publics ou des résidences.
Selon les hypothèses de l'Ademe, l'éolien et le biogaz deviendraient en 2050 les premières EnR issues du secteur agricole. La production pourrait être multipliée par trois entre 2015 et 2050, passant de 4,5 mégatonnes équivalent pétrole (Mtep) à 15,8 Mtep. 280 000 exploitations seraient alors concernées. « Dans ce contexte, les énergies renouvelables devraient devenir une véritable filière agricole économiquement équivalente aux autres », prévoit l'Ademe.
Pour télécharger l'étude : https://librairie.ademe.fr/energies-renouvelables-reseaux-et-stockage/1545-agriculture-et-energies-renouvelables.html