Potato Europe version française
15 000 professionnels réunis autour de la pomme de terre durable pour échanger autour de l'actualité du secteur, suivre les derniers travaux de recherche et découvrir les innovations les plus récentes.
15 000 professionnels réunis autour de la pomme de terre durable pour échanger autour de l'actualité du secteur, suivre les derniers travaux de recherche et découvrir les innovations les plus récentes.
Potato Europe s'est installé à Villers-Saint- Christophe (02) les 11 et 12 septembre. " C'est le salon qui réunit tous les acteurs européens et internationaux de la filière pomme de terre. L'édition française est la plus importante en termes d'exposants et de visiteurs ", explique David Desprez, producteur de pomme de terre à Auppegard et administrateur CNIPT.
Potato Europe se déroule chaque année à tour de rôle en France, en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas. L'édition française a été organisée par Arvalis et soutenu par le Comité national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIPT)." Notre filière est attractive car la pomme de terre est dans l'air du temps ", précise le nouveau président du CNIPT, Joanny Dussurgey, directeur général de l'entreprise de négoce Select'Up.
Une augmentation de la production nécessaire
Décidée par les Nations-Unies, le 30 mai est, depuis cette année, la journée internationale de la pomme de terre qui contribue à la sécurité alimentaire et à lutter contre la famine. C'est le 3e aliment le plus consommé dans le monde.
Néanmoins c'est une filière qui doit faire face à de nombreux enjeux techniques, politiques et environnementaux.
" La situation en Espagne est compliquée car il y a d'énormes problèmes d'accessibilité à l'eau. En Italie, les producteurs rencontrent des soucis avec le taupin et ont des moyens de lutte limités. La Belgique et les Pays-Bas n'ont plus de surfaces suffisantes pour leur débouché industriel, tout est saturé. Nous allons donc vers une production supplémentaire nécessaire en France et nous devons trouver les moyens de produire plus. L'enjeu est l'augmentation des surfaces et des rendements, d'où l'importance de la recherche ", ajoute le président du CNIPT.
La France a besoin d'un rythme de + 5 % de surfaces par an d'ici 2030. En 2024, les surfaces plantées en pommes de terre de conservation (frais et industrie) ont augmenté de 7,3 % par rapport à 2023. Pour 2030, il faudra 40 millions de tonnes supplémentaires au niveau européen.
La Belgique et les Pays-Bas construisent des usines de transformation en France, près de zones d'approvisionnement : trois géants belges de la frite qui viennent de s'implanter dans les Hauts-de-France auront besoin de 40 000 ha supplémentaires.
" Le secteur industriel est celui qui tire le plus, mais le marché du frais se maintient bien. La demande industrielle explose mais il est nécessaire de maintenir un équilibre entre les différentes filières ", ajoute la directrice du CNIPT, Florence Rossillion.
Sécuriser l'approvisionnement en plant certifié
Ce salon se déroule au moment idéal car la filière peut y découvrir les nouvelles variétés qui pourront être plantées en mars 2025. La filière plant a rappelé l'importance du plant certifié français. Si seulement 15 % des variétés créées sont d'origine française, 95 % du plant utilisé en France est produit en France. Aujourd'hui, les producteurs de plants s'inquiètent des solutions qui deviennent de plus en plus restreintes en matière de protection sanitaire, remettant en cause la production dans certaines zones. Ils souhaitent des mesures permettant de sécuriser le potentiel de production.
" Le fait qu'il y ait de moins en moins de solutions insecticides stimule la recherche variétale. Certains obtenteurs sont aujourd'hui capables de sortir des variétés 100 % résistantes au virus ", tient cependant à préciser Alain Dequeker, producteur et secrétaire général de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT).
" Les producteurs de pommes de terre de consommation sont vulnérables par rapport à l'approvisionnement en plants. En 2023, il y a eu une forte désaffection des producteurs de plants qui ont estimé ne pas être suffisamment rémunérés par rapport au risque engagé. Il faut une transparence au niveau de la composition du prix du plant, un juste équilibre. La rémunération doit couvrir l'ensemble des charges mais également le risque qui peut arriver certaines années de la multiplication : un taux de virus élevé, un lot refusé. La rémunération peut être proche de zéro ", ajoute Alain Dequeker.
Arvalis recherche des alternatives
Potato Europe, c'est aussi la technique. De nombreux ateliers étaient présentés par Arvalis sur les sujets de recherche du moment : par exemple, en matière d'outil d'aide à la décision (OAD), un nouvel outil est en conception, concernant la fertilisation azotée de la pomme de terre, qui permettra de piloter au mieux les apports au bon moment et dans la bonne quantité. Il s'agit de se prémunir contre une surfertilisation néfaste, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et, donc, son impact sur l'environnement.
Les visiteurs ont également découvert en avant-première OptiGerm, conçu pour optimiser le contrôle de la germination. Il estime le niveau de risque, en tenant compte du bâtiment, des variétés, des traitements effectués... et propose des axes d'amélioration et des programmes sur mesure de lutte contre la germination.
" Tout ce qui permettra de n'appliquer uniquement ce qui est nécessaire doit être développé. Heureusement que nous avons Arvalis qui recherche des solutions ", reconnaît Luc Chatelain, producteur près d'Arras, vice-président du CNIPT.•