Pâturer aux quatre saisons en système bovin laitier
Un dispositif de couverts diversifiés a été mis en place sur le système bovin laitier OasYs de l’Inra de Lusignan (Vienne) afin de profiter du pâturage toute l’année.






Pour répondre aux enjeux de la raréfaction des ressources en eau et en énergie fossile et pallier les effets du changement climatique, le système bovin laitier OasYs a été entièrement repensé pour produire du lait avec peu d’intrants, quels que soient les aléas climatiques. « Ce nouveau système est basé sur le pâturage, une pratique qui offre l’avantage d’être particulièrement économe en énergie fossile et en eau mais présente l’inconvénient d’être tributaire des conditions climatiques », notent les responsables de l’étude.
Privilégier le pâturage
Le dispositif, localisé à Lusignan dans la Vienne, sur des sols limono-argileux à bonne réserve utile, dans une zone soumise à des sécheresses estivales, comprend 90 hectares de prairies et de cultures et 72 vaches laitières.
Les prairies occupent une place centrale dans l’assolement et sont toutes de compositions (multi espèces) et d’âges différents (de 1 à 5 ans). Ainsi, elles permettent de disposer de mélanges différents de par leur précocité, leur résistance au froid ou à la sécheresse et leur aptitude à pousser en été ou en hiver. « Cette diversité doit permettre aux prairies de fournir un fourrage à pâturer en été (50 % de l’alimentation des laitières) et dans une moindre mesure en hiver (25 %), en plus de leur rôle essentiel pour le pâturage de printemps (100 %) et d’automne (50 %). Afin d’augmenter le pâturage estival, certaines parcelles peuvent également être débrayées à la fin du printemps pour être pâturées en stocks sur pied à l’été. Les cultures annuelles ont pour vocation de fournir un fourrage à pâturer l’été, l’automne ou l’hiver lorsque les prairies ne produisent plus ou peu. »
Les cultures à double fin comme le méteil peuvent être pâturées ou récoltées (en grains ou en ensilage), voire pâturées et récoltées, en fonction de la quantité d’herbe disponible et de l’état des stocks. Des ligneux fourragers ont également été implantés en 2014. Ils pourront être pâturés en été et en début d’automne, d’ici deux à trois ans.
Adapter le troupeau
« La stratégie d’élevage a été mise en adéquation avec la disponibilité des ressources à pâturer, avec l’établissement de deux périodes de vêlage centrées sur le printemps et l’automne, et basée sur une génétique de troupeau adaptée, de manière à disposer de vaches rustiques et aptes au pâturage de ressources diversifiées, grâce au croisement trois voies. »
Sur les quatre premières campagnes de pâturage, les résultats montrent que des marges de progrès au printemps sont possibles, l’objectif de 100 % d’alimentation des vaches laitières au pâturage n’ayant pas été atteint. Un déprimage plus précoce des prairies pourrait être une voie d’amélioration. En revanche, les 50 % de pâturage en été recherchés ont largement été dépassés (de 60 à 83 % selon les campagnes). « En automne, la part du pâturage a été proche des objectifs visés (50 %), exception faite de l’automne 2016 (très peu arrosé et été sec). Enfin, les 25 % espérés de pâturage en hiver n’ont pas été obtenus (de 2 % à 19 % au maximum). »
(1) Pour anticiper le changement climatique et la raréfaction de l’eau et de l’énergie fossile, l’Inra expérimente de nouveaux systèmes laitiers. À Lusignan, l’unité expérimentale Ferlus met en place une expérimentation-système pour produire du lait bioclimatique (Oasys).
Source : Journées AFPF 2017 : « Le pâturage au coeur des systèmes d’élevage de demain ».
HerbValo
L’objectif d’HerbValo était de développer une méthode fiable et robuste, pour estimer dans chaque parcelle, la quantité d’herbe valorisée par les ruminants au pâturage sans mesure dans les prairies. HerbValo se décline en une méthode de calcul et un outil d’enregistrement de l’herbe valorisée annuellement (en kg MS/ha/an), développés dans le cadre du RMT Prairies Demain et adaptés aujourd’hui à trois filières de ruminants : vaches laitières, vaches allaitantes et chèvres laitières.