Lutte contre le mildiou : un tableau coloré pour aider le producteur
Avec le nouveau tableau des préconisations, il s’agit pour Arvalis d’aider le producteur de pommes de terre à mieux gérer ses applications afin de prévenir le développement de résistances au mildiou.
Avec le nouveau tableau des préconisations, il s’agit pour Arvalis d’aider le producteur de pommes de terre à mieux gérer ses applications afin de prévenir le développement de résistances au mildiou.
Arvalis propose aux producteurs une codification couleur pour les aider à alterner les différents modes d’action.
Un mode d’action = une couleur
« Les producteurs ne savent pas toujours quelle molécule compose le produit commercial, et quel est son mode d’action. De plus, il y a parfois plusieurs noms commerciaux pour un même produit. Cette nouvelle codification couleur du tableau de préconisation va les aider à alterner les modes d’action, parfois les mélanger. Il est d’ailleurs conseillé d’utiliser si possible des produits ayant deux modes d’action », explique Pierre Deroo, ingénieur en protection intégrée des cultures chez Arvalis.
Le spécialiste en maladies de la pomme de terre rappelle qu’il est indispensable de garder une diversité de moyen de lutte contre cette maladie.
« Les phénomènes de résistance aux matières actives viennent de pays où les producteurs pratiquent le bloc, c’est-à-dire des applications plusieurs fois de suite avec une seule matière active. C’est le cas du Danemark avec la famille des Carboxylic Acides Amides (CAA) ».
Cette pratique du bloc n’est pas trop appliquée en France et notre pays est aujourd’hui épargné de résistance en pratique aux CAA mais il faut être vigilant. Seul le respect des bonnes pratiques de protection garantira le maintien de cette situation.
Aujourd’hui, la lutte directe repose uniquement sur le levier chimique mais celle-ci est mise à rude épreuve : aujourd’hui, on peut dire que les producteurs français sont plutôt bien lotis en matière de disponibilité mais certaines matières actives sont malgré tout retirées du marché français pour des raisons sanitaires et environnementales. Il faut donc garder la possibilité de combinaisons de leviers de lutte.
Une bonne gestion des déchets au champ
« La diversité des fongicides va continuer à se réduire. Donc attention à bien utiliser les autres leviers en prenant en compte la biologie du mildiou ».
La réduction des sources d’inoculum doit être un objectif avec une bonne gestion des repousses et des tas de déchets. « Avant l’implantation des pommes de terre, le producteur doit lutter contre tous les lieux d’hivernation du mildiou. En général les rebus de triage partent en méthanisation ou en alimentation animale mais il en reste toujours en bord de champ. Tout cela crée un bouillon de culture qui entraîne une apparition plus précoce du mildiou. Ces tas sont également vecteur de virus et sont des garde-mangers pour les pucerons et doryphores ».
Il existe deux méthodes pour gérer les tas de déchets : les détruire en mélangeant de la chaux vive avec les pommes de terre (10 % du tonnage de pommes de terre à traiter). Dans ce cas, il est important d’installer une ceinture de rétention autour du tas pour éviter l’écoulement des jus. Il est également possible de poser une bâche de type ensilage avant l’apparition de la végétation. La bâche doit être en bon état et bien maintenue au sol.
Il est également important de gérer efficacement les repousses dans les autres cultures de la rotation, en limitant en amont le nombre de tubercules laissés au sol après récolte et en détruisant les tubercules restant avant la phase de tubérisation.
« Cette lutte est efficace si elle est réalisée de manière globale sur une zone de production de pommes de terre. Le problème est également à gérer dans les organismes de stockage ».
Garder la diversité des moyens de lutte
Le levier chimique est surexploité car la plupart des variétés sont sensibles au mildiou. Aujourd’hui pour chaque nouvelle variété il y a une note environnementale basée sur la résistance au mildiou (du feuillage et du tubercule) ainsi que la résistance aux nématodes à kystes, mais le producteur n’a généralement pas le choix de la variété quand il signe un contrat et 80 % des surfaces sont sous contrat.
« En tant qu’institut nous demandons que la recherche variétale s’oriente plus vers le caractère de résistance au mildiou. De l’autre côté, le marché doit s’adapter en proposant plus de contrats prenant en compte ces critères de résistance variétale ». Soulignons que des améliorations sont en marche et sont à encourager.
OAD pour un bon positionnement du fongicide
Le mildiou de la pomme de terre est un parasite extrêmement difficile à combattre lorsque l’épidémie est déclarée. La priorité de la stratégie de lutte est donc la prévention, afin d’empêcher ou retarder autant que possible l’implantation du parasite dans la parcelle à protéger.
L’enjeu du positionnement des traitements est de bien identifier les périodes à risque faible ou nul. Pendant les périodes à risque, la parcelle doit être protégée. Les outils d’aide à la décision, basés sur des modèles épidémiologiques et renseignés par des données météorologiques en temps réel, permettent de simuler l’évolution du mildiou pour en déduire les meilleures dates de traitements. Ils doivent bien sûr être associés à une observation attentive de la parcelle et de son environnement proche pour décider au final de l’intervention.
Le modèle Mileos permet de positionner au mieux les traitements, selon la météo, la variété, la date de plantation et de levée, la croissance des plantes (active, stabilisée), l’état sanitaire autour et au sein même de la parcelle, ainsi que les interventions réalisées (traitements et irrigations). Le producteur connaît à tout moment le « risque mildiou » grâce à une alerte par SMS. Selon les régions, les conditions climatiques de l’année et les variétés, l’utilisation d’un outil intégrant le modèle Mileos permet un gain de 3 traitements en moyenne par an.•