Le vent, le meilleur allié contre les coups de chaleur
Garder les animaux au frais durant l’été est une préoccupation grandissante. Si la tentation de l’installation de matériel est grande, elle ne représente qu’une solution de deuxième intention, moins efficace qu’une bonne ventilation naturelle.
Garder les animaux au frais durant l’été est une préoccupation grandissante. Si la tentation de l’installation de matériel est grande, elle ne représente qu’une solution de deuxième intention, moins efficace qu’une bonne ventilation naturelle.







La donne change. Avec l’augmentation de la taille des troupeaux et l’automatisation notamment de la traite, les conditions de logement des vaches laitières évoluent. « Nous passons d’une utilisation presque exclusivement hivernale des bâtiments, à une utilisation toute l’année, résume Sylvain Kientz, responsable du service bâtiment, à la Chambre d’agriculture de Normandie. Et le changement climatique participe à cette évolution. »
Ce n’est pas sans poser des problèmes. Les étés chauds peuvent en effet impacter le bien-être et donc les performances des animaux. Selon l’Institut de l’élevage, le stress thermique débute avec un index température/humidité (THI) de 68. Cela correspond à une température de 22 °C associée à une humidité relative de 50 %. Face à cela, bien sûr, des adaptations s’imposent. D’un bâtiment qui protège uniquement du froid, on évolue
donc vers un bâtiment qui doit aussi rafraîchir une partie de l’année. « Il y a quelques années, on chassait les courants d’air, poursuit le conseiller de la Chambre d’agriculture. Aujourd’hui, on les chasse l’hiver mais on les recherche l’été. »
Le vent : le meilleur allié de l’éleveur
Mais avant de sortir le carnet de chèques, il est préférable de prendre le temps de la réflexion. Si des solutions mécaniques existent, comme les ventilateurs ou brumisateurs, elles ne sont en effet à envisager qu’en seconde intention et avec des précautions. « Installer un ventilateur dans un bâtiment fermé, ça ne fonctionne pas », poursuit le conseiller. Les ventilateurs ne feraient que brasser de l’air vicié.
Travailler la ventilation naturelle est donc un des premiers leviers à actionner (après bien sûr le B.A.-BA de l’élevage que sont un dimensionnement adapté du bâtiment, un couchage confortable et un bon accès à l’eau et à la nourriture). L’Institut de l’élevage préconise ainsi de disposer d’entrées d’air “libres”, c’est-à-dire sans bardage, sur les quatre faces du bâtiment et le plus bas possible. Ce qui permet de renouveler l’air en partie basse et de profiter du vent pour rafraîchir les flancs des vaches.
« Le vent est un allié précieux pour renouveler l’air et diminuer la température ressentie par les animaux », résume Bertrand Fagoo, chef de projet au sein du service capteurs-équipements-
bâtiments à l’Idele. Ces entrées d’air doivent toutefois pouvoir être partiellement obstruées pour faire face au froid. Des solutions existent comme des bardages démontables, des volets ou des filets.
Les ventilateurs : une solution de deuxième intention
Ces ouvertures ne doivent pas non plus prêter le flanc au risque de rayonnement direct du soleil. « L’impact du rayonnement a longtemps été sous-estimé », poursuit le technicien de l’Idele. Celui-ci augmente fortement la température ressentie par les animaux. « Mieux vaut d’ailleurs éviter les lanterneaux et translucides sur les toitures, et préférer un éclairage par les façades », complète Sylvain Kientz.
Une fois ces premières solutions épuisées, il est possible d’envisager des solutions mécaniques. « Il y a une forte pression sur le terrain autour de ces solutions, mais elles ne sont que des solutions de seconde intention, insiste Bertrand Fagoo. En revanche, si on fait le choix de la ventilation mécanique, il ne faut pas la faire à moitié ! » Le coût des ventilateurs (et de leur consommation électrique) peut en effet pousser l’éleveur à chercher l’économie. Mais cela risque de créer une hétérogénéité d’ambiance et pousser les vaches à se concentrer dans certains points du bâtiment. Tout l’inverse de l’effet recherché…•
Des ressources disponibles
Les organisations professionnelles liées à l’élevage ont déjà largement travaillé sur cette question de l’adaptation des bâtiments aux conditions estivales. Ainsi l’Institut de l’élevage, en lien avec ses partenaires, a publié un certain nombre de fiches techniques sur le site cniel-infos.com. Les Chambres d’agriculture, elles, ont déployé le projet ClimatBat destiné à mieux valoriser les références et l’expertise existantes. Cela passe notamment par un site internet (climatbat.chambres-agriculture.fr) et une application pour smartphone qui permet de générer des alertes pour se tenir informé de l’arrivée de pics de chaleur.
Brumisation ou douchage, une solution ?
Si les brumisateurs ont fleuri sur les aires d’autoroutes en été, ils pourraient aussi tenter les éleveurs. Mais le sujet questionne. « Nous avons beaucoup de doute vis-à-vis de la brumisation pour les bovins », soulève Bertrand Fagoo. Dans des bâtiments à grand volume, il est en effet très difficile de brumiser tout l’air du bâtiment. Le rafraîchissement est donc très localisé. Par ailleurs, la brumisation doit être associée à une très bonne ventilation sous peine de dégrader le THI (index température/humidité) et donc d’augmenter le stress au lieu de le diminuer. « On le voit souvent, quand la brumisation est utilisée, par exemple, pour diminuer le nombre de mouches dans les aires d’attente ».
Il en est de même pour le douchage/séchage, qui a toutefois une efficacité plus directe. Mais c’est une solution qui consomme beaucoup d’eau. « Elle peut être envisagée surtout dans les zones plus continentales, et dans des élevages à très forte production, admet Bertrand Fagoo. Mais dans des régions comme la Normandie, il vaut mieux valoriser au maximum la capacité de récupération des vaches, en leur permettant de profiter de la fraîcheur de la nuit par exemple… »