Lait de vache : les indicateurs virent à l’orange en France
Le recul de la collecte s’est poursuivi cet été, sous l’effet de la reprise de la décapitalisation, d’une météo défavorable à la production herbagère, mais aussi d’une marge laitière peu incitative.
Le recul de la collecte s’est poursuivi cet été, sous l’effet de la reprise de la décapitalisation, d’une météo défavorable à la production herbagère, mais aussi d’une marge laitière peu incitative.

Les chiffres sont sans appel : la collecte continue de reculer. En juin, elle atteint son plus bas niveau depuis 2013, à 2 millions de tonnes. Cette baisse est conjointe à celui du cheptel. Cause probable : une forte contraction du cheptel en lactation, combinée à l’épisode de canicule sur l’ensemble de la France et à une production herbagère négligeable dans presque tous les bassins laitiers.
Reprise de la décapitalisation
Après avoir ralenti au premier semestre, la baisse du cheptel laitier s’est accélérée pendant l’été : - 1,8 %/2021 début août, à 3,42 millions de têtes, notamment avec des entrées de génisses en chute libre.
La pénurie d’herbe et la cherté des aliments concentrés ont forcé certains éleveurs à raccourcir les lactations des vaches non gestantes.
Une marge laitière peu incitative qui joue sur la collecte
Le prix du lait standard 38-32 toutes qualités a battu un record en juin, à 439 euros/1 000 l (+ 21 %/2021) et se situerait en juillet et août entre 450 et 460 euros/1 000 l. Mais cette hausse est faible au regard des prix pratiqués ailleurs en Europe : ainsi l’écart s’est encore creusé avec le prix du lait conventionnel allemand, à 540 euros/1 000 l en juillet.
En parallèle, les charges restent élevées dans les élevages laitiers.
L’Ipampa (indice des prix d’achat des moyens de production agricole) lait de vache était en juillet supérieur de 21 % à celui de juillet 2021 et de 31 % à celui de juillet 2020. Après 24 mois de hausse, il s’est néanmoins légèrement replié d’un mois sur l’autre, mais la conjoncture internationale incertaine (marchés des grains et de l’énergie) rend imprévisible l’évolution de l’Ipampa, donc des charges dans les prochains mois.
En Normandie
La collecte normande suit l’évolution nationale, à savoir une baisse de 0,3 % en juillet et une évolution du cumul sur 2022 de - 0,9 %. Seule la région Pays de Loire présente un cumul annuel et mensuel en juillet
Pour rappel, les éleveurs normands ont livré quelque 3 827 000 tonnes de lait en 2019 contre 3 837 000 tonnes en 2020. En termes de livraison de lait de vache, la Normandie se place en seconde place des régions françaises (16 %), derrière la Bretagne (23 %) et devant les Pays de la Loire (16 %). Entre 2010 et 2020, les volumes de lait livrés ont augmenté de 12 % en Normandie – tout comme la Bretagne (+ 10 %) ou la Bourgogne (+ 9 %) – alors que l’Occitanie a vu ses livraisons chuter de 25 % sur la même période – tout comme la Nouvelle-Aquitaine (- 31 %). Toutefois, cette tendance montre des signes de ralentissement. En effet, si la production normande a connu un bond de 9,39 % entre 2010 et 2014, soit 2,33 % par an, la hausse n’a été que de 2,33 % (0,44 % par an) entre 2014 et 2020. Dans le même temps, la diminution du cheptel s’est poursuivie au rythme de 0,87 % de 2010 à 2014 et de 0,57 % par an de 2015 à 2020. Ces dernières années sont apparues de manière plus aigües les problématiques liées à la main-d’œuvre sur les exploitations laitières et, plus récemment, une plus grande attractivité des productions végétales. Des éléments qui pourraient relancer la baisse des effectifs de vaches laitières et qui seront à confirmer au regard des chiffres définitifs de 2021 et 2022. •
Article rédigé avec le soutien du Criel Normandie Lait (source : Cniel)