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ARNAUD ROUSSEAU, président de la FNSEA
"L'agriculture a besoin de rester dans un monde ouvert"

L'agriculture française, dépendante des échanges et de travailleurs saisonniers étrangers, "a besoin de rester dans un monde ouvert", a déclaré jeudi 13 juin à l'AFP Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole, promettant une FNSEA "exigeante" face au futur gouvernement.

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
© F. Beloncle

AFP : Comment se positionne la FNSEA à moins de trois semaines des législatives ?

Arnaud Rousseau : "On est dans une période de très fortes incertitudes. L'objectif numéro un de la FNSEA dans ce moment précis, c'est de rester le repère qu'elle a toujours été pour l'agriculture, c'est-à-dire un syndicat qui rassemble des agriculteurs d'obédiences parfois très différentes sur le plan politique, mais qui assume de réaffirmer que l'Europe est le cœur du réacteur agricole, qu'on a besoin de rester dans un monde ouvert, d'échanges régulés, et que le protectionnisme ou la renationalisation ne tiennent pas à l'aune de la réalité."

Que vous inspirent les positions du Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella sur les questions d'immigration, et en particulier la main-d'œuvre étrangère ?

"La FNSEA comme toujours porte le pragmatisme. Aujourd'hui, un viticulteur, un producteur de fruits et de légumes du sud de la France cherche de la main-d'œuvre. La FNSEA a travaillé avec le gouvernement français et le gouvernement marocain pour permettre la venue de travailleurs marocains pour faire les travaux. On ne peut pas à ce stade se passer de cette main-d'œuvre qualifiée.

Dans l'hypothèse où M. Bardella serait élu, je me battrai pour qu'on propose des solutions aux producteurs qui ne trouvent pas de main-d'œuvre locale."

Vous plaidez pour des échanges, mais plusieurs partis, dont le RN ou La France insoumise (LFI) veulent sortir des accords de libre-échange...

"J'affirme que l'agriculture française a besoin de continuer à commercer dans toutes les productions : bien sûr les vins et spiritueux, les céréales, les produits laitiers, mais aussi en porc, en élevage bovin. En ce moment, les producteurs de porc s'inquiètent des menaces de rétorsion de la Chine sur les parties qui ne sont pas consommées en Europe, je pense au museau, aux oreilles. Les éleveurs bovins m'interrogent aussi tous les jours : Quand est-ce que l'Algérie va rouvrir son marché aux animaux vivants français ?"

Que pensez-vous de la vision agricole portée par l'extrême droite ?

"J'ai vu que M. Bardella était favorable à l'exception agriculturelle. Je cherche à savoir de quoi il s'agit. Il ne m'a pas échappé que ce sont les mots de la Coordination rurale (2e syndicat agricole). Mais une fois qu'on a dit ça... À la FNSEA, on a toujours mis un point d'honneur à ce qu'on ne soit pas simplement dans les concepts.

M. Bardella parle aussi de la renationalisation de la Pac... J'ai quelques inquiétudes. Les Britanniques ont joué à ce jeu, en renationalisant leur agriculture. Aujourd'hui, ils ont une agriculture qui est exsangue. Et encore une fois, ce n'est pas un chèque en blanc pour la Commission européenne (...) Je ne suis pas un Européen béat."

Vous ne donnerez pas de consignes de vote pour les législatives ?

"Les agriculteurs n'attendent pas de la FNSEA qu'elle leur donne des consignes de vote. Les paysans sont des gens bien trop indépendants pour considérer que ce serait un responsable national qui donnerait la ligne.

Quand il s'est agi de s'opposer au gouvernement de M. Macron ou de M. Attal au mois de janvier, on l'a fait sans états d'âme. Et si demain c'est M. Mélenchon, M. Bardella ou quelqu'un d'autre, on le fera avec tout autant de clarté. On sera des interlocuteurs exigeants et crédibles."

Vous avez posé un ultimatum pour obtenir le versement d'aides européennes au 15 juin, notamment pour le bio. Qu'en est-il ?

"Cet ultimatum demeure. Et donc on aura des actions qui seront menées la semaine prochaine dans les départements (depuis cette interview, un certain nombre d'actions du réseau FNSEA-JA ont bien eu lieu, NDLR) . Les aides pour les producteurs en agriculture bio et ceux qui avaient contracté des Maec (mesures agroenvironnemtales) ne sont toujours pas payées. Et ça, ça n'attendra pas le mois de juillet.

Le gouvernement de M. Attal est là encore pour un mois et on entend bien qu'un certain nombre de décrets sur des questions techniques soient pris - par exemple sur la défiscalisation du GNR (le tarif réduit à la facturation devrait être généralisé au 1er juillet, NDLR).

Après les réalités agricoles font qu'en ce moment les gens ont du boulot. On a dit qu'on ne souhaitait pas prendre les JO en otage."

Propos recueillis par l'AFP

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