La vigueur du colza face aux altises.
Terres Inovia étudie les effets variétaux du colza face aux ravageurs. Premiers résultats.

« Il faut semer tôt, c'est essentiel », explique Julien Charbonnaud, agronome chez Terres Inovia lors d'un webinaire consacré à la vigueur du colza. C'est important pour éviter l'arrivée des altises adultes. Ensuite, si on prend en compte la variété, Terres Inovia met en garde : on peut rapidement être déçu. Mettre la bonne variété au bon endroit, c'est un vrai défi, sachant que justement les variétés ne font pas tout. Le colza étant sensible aux insectes ravageurs, des variétés plus vigoureuses au moment de certaines phases du cycle de développement de la plante pourraient réduire leur impact. Mais comment évaluer cette vigueur ? L'institut technique en connaît trois types : la vigueur à la levée, la vigueur de départ jusqu'au stade 3-4 feuilles et la vigueur (ou croissance) automnale qu'elle étudie depuis 2017. « L'objectif, on est tous d'accord, c'est d'avoir des colzas qui poussent tout le temps, lentement mais sûrement. Les semenciers y travaillent. »
Pour calculer ces effets, « nous utilisons un logiciel d'analyse d'images qui permet de mesurer le pourcentage de vert mais aussi de calculer l'aire de couverture des plantes par rapport au sol », présente Arnaud Van Boxsom, responsable évaluation des variétés chez Terres Inovia. C'est plus précis que la note visuelle, l'oeil humain étant trop sensible à la couleur. On mesure un pourcentage de vert sur les photos.
Constat, le résultat est conditionné aux trois quart seulement par l'itinéraire technique, le sol et le climat. La génétique variétale, elle, représente environ 15 %. A noter qu'on ne peut pas rattraper les retards face aux altises, le levier génétique ne va pas tout faire.
En 2018, c'est la variété Cristiano qui s'est le mieux comporté en levée et en 2019, c'est Ambassador. Mais l'écart avec d'autres variétés n'est pas important et donc peu significatif pour être considéré comme un critère de réussite. En croissance automnale, il y a plus de variabilité entre les groupes et Ambassador est la plus intéressante en 2019. Pour 2020, l'étude se poursuit et incorpore d'autres mesures dont le comptage du nombre de larves sur les pieds, la biomasse, les dégâts et les peuplements.
« Il y a bien un effet variété pour la présence de larves avec un écart de deux larves par plante entre chaque groupe variétal », explique l'institut. Et elle est significative. Par contre, le comportement des variétés diffère selon le type de dégâts. Très significatif pour les plantes fasciées mais sans effet sur les colzas déformés. « C'est le comportement global de la culture pendant toute la durée de son cycle de développement qui explique les dégâts ». Pour en savoir plus, Terres Inovia a mis ses résultats sur le site www.myvar.fr et conclut sa présentation par « ce qui compte, c'est l'agronomie avant tout ! ». L'institut poursuit ses essais et souhaite pondérer ses critères en fonction des régions.