Incertitudes pour les producteurs Lactalis sur l'année 2024
L'assemblée générale de l'Union des producteurs de lait du bassin parisien (UPLBP) a eu lieu le mardi 19 décembre à Argueil. L'occasion de revenir sur le travail de l'organisation de producteurs (OP) et de faire un état des lieux des négociations en cours avec Lactalis pour 2024.
L'assemblée générale de l'Union des producteurs de lait du bassin parisien (UPLBP) a eu lieu le mardi 19 décembre à Argueil. L'occasion de revenir sur le travail de l'organisation de producteurs (OP) et de faire un état des lieux des négociations en cours avec Lactalis pour 2024.

Lors de cette assemblée générale, Luc Renault, président de l'UPLBP, a fait le point sur les deux années passées. D'abord au niveau de l'Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis (Unell)" à laquelle l'UPLBP est adhérente, le schéma a évolué de par le changement de présidence ", a-t-il indiqué en saluant " Claude Bonnet pour son implication et le travail accompli qui laisse désormais sa place à Yohann Serreau, éleveur en Eure-et-Loir." Sur la forme "l'Organisation de producteurs de lait Grand Ouest (OPLGO) et l'Union des producteurs de lait du saint Marcellin (UPLSM) rejoignent l'AOP. Avec ces deux ralliements l'Unell se compose de 11 OP réparties sur l'ensemble des bassins laitiers. Nous sommes ainsi plus de 5 200 exploitations laitières qui produisent annuellement un total de 3,1 milliards de litres de lait, soit 62 % du lait de vache collecté en France par le groupe Lactalis."
"Deux médiations en deux ans"
Sur le fond le président rappelle les efforts de l'Unell " conjointement avec Lactalis, de revalorisation du marché intérieur en 2022 et en 2023. La loi Egalim 2, mise en place pour la première année en 2022 après un long combat syndical, permet que notre produit soit protégé lors des négociations commerciales. C'est en tout cas l'ambition portée par la notion de non-négociabilité du prix de la matière première agricole." Le président refuse que " le producteur soit à nouveau la variable d'ajustement. " C'est dans ce sens, que l'Unell et Lactalis déterminent un indicateur de prix de revient à 460 euros/1 000 l applicable dans la formule de prix au 1er mars 2023.
Au-delà du travail sur l'indicateur du prix de revient, le président est revenu sur les négociations avec Lactalis : "Nous sortons de deux années d'ajustements importants sur le résultat de la formule de prix avec de nombreuses tensions et le recours à deux médiations en deux ans". Il a de ce fait dénoncé l'attitude du groupe qui " en 2022 avait ajusté de manière significative les résultats de la formule de prix afin de se rapprocher du prix moyen du marché français. " " Cette année la situation s'est inversée : la formule de prix est réactive aux baisses prononcées des cotations exports et beurre/poudre. En parallèle, le prix moyen de la laiterie France se situe à des niveaux nettement supérieurs. Lactalis change de discours et ne regarde plus l'environnement pour négocier le prix du lait. " L'Unell a donc décidé d'activer la clause de sauvegarde puis saisit le médiateur. Au final, l'Unell et Lactalis sont parvenus à un accord pour le 4e trimestre.
Quelles perspectives pour 2024 ?
Pour l'année 2024, un important désaccord entre l'AOP et l'industriel persiste sur le niveau de prix de revient qui sera introduit dans les CGV 2024 ainsi que dans la formule de prix. Luc Renault a interpellé les représentants du groupe : " Lactalis, comme tous les industriels doit se rendre compte que la décapitalisation est en marche, que les élevages qui ferment sont nombreux autour de nous et que le lait français pourrait bien manquer un jour. Il ne faudrait pas que notre matière première agricole (MPA) se transforme en matière première à importer (MPI) ".
Luc Renault a clôturé la réunion avec émotion puisque c'était-là sa dernière assemblée générale en tant que président. " Après avoir pris la présidence de l'association cauchoise, au niveau local, j'ai pris la présidence de l'UPLBP. " Ce fut " avec beaucoup de plaisir ", a-t-il souligné en assumant ses mandats " que ce soit dans la rencontre avec les producteurs " qu'avec " les représentants du groupe Lactalis, toujours dans des rapports francs mais cordiaux, dans le respect mutuel. " Le président s'est aussi tourné vers les jeunes, qu'il " encourage à s'engager au sein de l'OP pour être un véritable interlocuteur face à l'industriel ".•