En individuel, Stéphane a choisi de ne pas travailler tout seul
Stéphane Davy produit 1,1 million de litres de lait dans le bocage ornais. L’éleveur, installé en individuel avec un salarié, robotise sa salle de traite. Il choisit aussi de miser sur l’entraide entre voisins, le partage de matériel et la méthanisation collective.
Stéphane Davy produit 1,1 million de litres de lait dans le bocage ornais. L’éleveur, installé en individuel avec un salarié, robotise sa salle de traite. Il choisit aussi de miser sur l’entraide entre voisins, le partage de matériel et la méthanisation collective.
« Il y a plusieurs exploitations laitières autour de moi. Ça motive », glisse Stéphane Davy. L’éleveur, 50 ans, est installé à Saires-la-Verrerie, dans le bocage ornais. Il produit plus d’un million de litres de lait, vendus à la coopération. Il embauche au quotidien un salarié. Et mise sur le collectif pour assurer le job. « C’est un choix personnel de ne pas travailler tout seul. »
Bercé au collectif
Stéphane Davy entre dans le Gaec de l’Être aux moines en 1997 pour remplacer le départ à la retraite de son père. Deux ans après, c’est au tour de sa mère de quitter l’entreprise familiale. « On est resté à deux avec ma sœur pendant 13 ans. Elle est partie en 2013. » Le Gaec devient une EARL. Depuis cette époque, Stéphane Davy a doublé la production laitière. Et l’éleveur est resté fidèle aux valeurs familiales. « J’ai été formaté au groupe. Mes parents étaient dans les GVA et en Cuma. » La Cuma en question est celle de Bellou-en-Houlme, qui existe depuis 1963 et dont l’éleveur est trésorier. Cinquante adhérents, « dont au moins 75 % d’éleveurs laitiers », mutualisent deux ensileuses, un épandeur à fumier et un à lisier, un semoir à maïs, le matériel de travail du sol et celui pour semer les couverts. « Je fais aussi beaucoup d’entraide avec un voisin. On se partage un tracteur pour deux exploitations, il ne dételle pas. Par exemple, je laboure chez lui, il herse chez moi. Et vice versa. Pendant les travaux des champs, on s’appelle au moins une fois par jour.
Sinon, on se voit une à deux fois par semaine. » Stéphane Davy mise ainsi sur un gain économique en allégeant les charges de mécanisation de la ferme, que ce soit via la Cuma ou le voisinage. Sur le plan humain, le constat aussi est positif : « je ne m’enferme pas chez moi, je partage les événements de l’exploitation, ce qui se passe dans la campagne, l’actualité agricole ou non. Et je gagne du temps. »
GIEE et whatsApp autour de la métha
De mutualisation, il est aussi question avec Méthan’agri. L’unité de méthanisation, sortie de terre à Messei (61) et mise en route en 2019, regroupe 24 exploitations. « On a commencé à y réfléchir en 2009. Pour moi, c’est un projet innovant, dans l’air du temps. L’agriculture d’aujourd’hui améliore sans cesse ses pratiques. La méthanisation est un levier qui va dans cette direction. C’est aussi un travail collectif, qui s’est concrétisé au fil des années : on fédère un groupe autour de la valorisation du fumier et du lisier et de l’injection de gaz dans le réseau. On y a passé des heures et des heures, c’est un engagement important », décrit celui qui est membre du directoire de Méthan’agri. Depuis, les co-méthaniseurs ont trouvé leur rythme de croisière. Trois chauffeurs sont employés à plein temps, ainsi que cinq salariés sur le site. « Avec le digestat, j’ai un gain économique sur ma facture d’engrais. » Les membres de l’unité de méthanisation ont créé un GIEE pour travailler sur la valorisation du digestat et échangent sur un groupe whatsApp : « la communication est le maître mot ». Pour la suite, Stéphane Davy reste dans l’idée de se renouveler. Mi-octobre, deux robots de traite étaient en cours d’installation. « Je trais tous les week-ends, c’est assez lourd. Dans notre société, se moderniser est indispensable. Et à terme, je veux transmettre un outil viable et vivable. »•