Des pistes pour appréhender l'irrigation du futur
À l'occasion de son " Club cultures ", le 30 novembre, la coopérative Unéal a invité des experts de la filière pomme de terre à présenter leurs solutions pour mieux gérer l'irrigation dans un contexte de réduction de la ressource en eau.
À l'occasion de son " Club cultures ", le 30 novembre, la coopérative Unéal a invité des experts de la filière pomme de terre à présenter leurs solutions pour mieux gérer l'irrigation dans un contexte de réduction de la ressource en eau.
Si l'accès à l'eau est devenu dans un certain nombre de situations un critère essentiel pour produire de la pomme de terre, les difficultés à profiter de cette ressource obligent à trouver des solutions pour la préserver et l'utiliser de manière plus pertinente. Lors d'une réunion technique organisée par la coopérative Unéal dans la Somme, plusieurs intervenants se sont succédé pour présenter des pistes d'économie de l'eau pour la production de cultures industrielles, dont la pomme de terre fait partie. La pomme de terre, chacun le sait, " a besoin d'un climat tempéré, sans gelée et sans pics de températures ", rappelait ainsi le 30 novembre Cyrille Hannon, coordinateur pomme de terre chez Arvalis.
Changement climatique
Ce que l'on sait aussi, c'est que le changement climatique dont la réalité n'est plus niée a d'ores et déjà des conséquences sur la production mondiale de pommes de terre : augmentation des consommations d'eau sur l'ensemble du cycle et en période de pointe, des scénarios climatiques plus stressants, et des besoins en eau en volume et en débit plus élevés. Quant aux solutions, elles sont plurielles : adapter la conduite des cultures, utiliser le panel variétal, gérer la fertilisation et l'irrigation. Responsable " agronomie " pour la France et la Belgique chez McCain, Loïc Piat le reconnaît : " Contrairement aux idées, toutes les surfaces de pommes de terre plantées pour McCain ne sont pas irriguées. Cela ne représente que 45 %". Toutefois, a-t-il détaillé, " l'irrigation est obligatoire pour certains contrats spécifiques pour garantir la longueur des tubercules, mais aussi dans certains bassins de production où, sans irrigation, il n'y aurait pas de pommes de terre…"
Besoin d'irriguer
D'une manière générale, les effets de l'irrigation sur la pomme de terre sont multiples : un gain de rendement qui varie de 25 à 30 %, une proportion plus importante de tubercules d'un calibre supérieur à 50 mm – entre 10 et 20 % –, un gain sur la longueur (+ 15 %) ou encore un effet sur la matière sèche (- 1 point). " Grâce à l'irrigation, on a aussi une matière première plus homogène ", constate Loïc Piat. Pour la pomme de terre destinée au marché du frais, " l'irrigation réduit les problèmes de qualité ", a souligné de son côté Solène Garson (Unéal). Et d'ajouter " qu'en chair ferme et pour les plants, il faut de l'eau en début de cycle. " Pour Nicolas Fernet, agriculteur à Péronne (80), installé depuis 2012 sur une exploitation de polycultures – il cultive 25 hectares de pommes de terre à destination du marché du frais –, " l'irrigation est clairement une assurance récolte ".
Matériel, sol et variétés
" Gérer la ressource en eau, c'est d'abord faire attention à la structure de ses sols ", a poursuivi Solène Garson, au moment d'évoquer les pistes d'optimisation de l'irrigation. Pour la référente technique pommes de terre d'Unéal, " il y a clairement des avantages à pratiquer le pré-buttage d'automne et favoriser le non-labour ". En ce qui concerne le matériel, " il n'y a pas de réponse unique, a expliqué Hugo Duchaussoy, directeur commercial de Verhaeghe Irrigation. Le choix est complexe et multifactoriel en fonction de la topographie, de la qualité des terres, de la disponibilité de la ressource, de l'utilisation sur les autres cultures…"
Ce qui ressort d'observations de la Chambre d'agriculture Nord-Pas de Calais, c'est que " les systèmes de goutte-à-goutte sont plus productifs que le canon ou la rampe " en matière de rendement. En ce qui concerne la répartition de l'eau, " la rampe permet des apports plus homogènes, en particulier en présence de vent et limite les zones de recouvrement. " Enfin, si l'on compare rampe et canon, " en dehors des périodes de vent, les cumuls d'apport sur la saison sont comparables ".
Pour aider les agriculteurs à mieux piloter leur stratégie d'irrigation, Verhaeghe Irrigation s'est pour sa part dotée de son propre bureau d'études. Chez Unéal, on assure " qu'on se doit d'aider nos agriculteurs à mieux piloter l'irrigation. C'est pour cela que l'on continue à travailler sur l'imagerie satellite, les sondes capacitives, la modélisation du bilan hydrique, les stations météo…" Chez Arvalis, Cyrille Hannon rappelle quant à lui le travail conduit par l'institut sur la tolérance variétale au stress hydrique, " même s'il n'y a pas de variété miracle ", et insiste sur la capacité des variétés " tardives " à mieux supporter le manque d'eau. " Dans le nord de la France, nous n'en sommes pas encore à faire des choix en matière d'assolement en fonction de l'eau, mais ce n'est pas une raison de ne pas en tenir compte. Dans les années à venir, c'est forcément un sujet qui sera très présent et qui va nous occuper…". •