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Culture de chanvre 2024 : clap de fin (ou presque)

La saison se terminant, trois acteurs des filières chanvre technique et chanvre textile nous dressent un premier bilan de la culture du chanvre pour 2024.

En 2024, 350 hectares de chanvre ont été semés par les producteurs de l'association des producteurs de chanvre de Basse-Normandie et départements limitrophes, Agrochanvre. Robin Fouquer, technicien de l'association revient sur cette année particulièrement humide. "Les semis se sont étalés jusqu'à fin juin avec des réussites de semis contrastées selon les zones et les dates de semis. La meilleure période de semis cette année était autour de la fin mai/début juin."

Chanvre technique cherche producteurs

Et d'ajouter : "Des parcelles très hétérogènes ont pu être observées, liées aux conditions de travail du sol à l'implantation : le travail en sol mal ressuyé a amené des compactions dans le champ que le chanvre a très bien montré pendant sa période de végétation (mauvaises levées, petits chanvres et chanvres jaunes). Là où les producteurs ont su trouver la bonne fenêtre, les chanvres sont beaux et les levées plus régulières. Les premières fauches ont commencé autour du 10 septembre, et le premier battage le 14 septembre. Il a ensuite fallu jongler avec les conditions météorologiques compliquées : 80 % des graines étaient récoltées au 25 septembre. La paille est fauchée et les producteurs attendent désormais des conditions plus clémentes pour pouvoir la presser ".

En 2023, la quasi-totalité des pailles étaient bien jaunes car pressées avant la moindre goutte de pluie.

Le millésime 2024 sera lui un peu plus gris, le rouissage ayant commencé sur les pailles, sans conséquence néfaste sur la valorisation d'après Agrochanvre.

Le chanvre technique, pailles et graines, est valorisé par l'association de producteurs, dans le Sud de la Manche. Produite depuis plus de 50 ans en Normandie, la production de chanvre technique n'en est plus à ses débuts, mais elle peine à se développer. Enclin à des problématiques de rentabilité, Agrochanvre entend s'appuyer sur la motivation des actionnaires et des partenariats avec les acheteurs pour assainir son passif. Objectif : motiver les agriculteurs à produire du chanvre. " Ce ne sont pas les marchés qui manquent", répète Jean-Paul Salmon, gérant de la structure. "Il nous faut plus de paille de chanvre pour faire tourner l'usine ! Nous pouvons désormais proposer une meilleure rémunération des graines conventionnelles aux producteurs grâce au développement des marchés alimentaires."

Le chanvre textile poursuit son apprentissage

Côté textile, Nathalie Revol, chargée de mission Chanvre à l'association Lin et Chanvre Bio accompagne le développement de la filière. " En 2024, 2 400 ha de chanvre textile fibre longues sur le modèle du lin ont été semés dans le bassin linier de Bayeux à Dunkerque. Une grande partie a été semée à l'ascension avec de bonnes conditions de semis. Le fauchage a démarré début août avec 13 faucheuses Hyler et deux faucheuses Crétes sur le terrain. Il s'est déroulé de manière très variable selon les zones. Dans la plaine de Caen, La linière du nord de Caen qui avait emblavé 600 ha pour quatre faucheuses Hyler, a terminé les fauchages pour le 15 août et a fini d'enrouler autour du 20 septembre. Globalement les chanvres étaient beaux et le fauchage s'est bien déroulé.

Ailleurs les résultats sont plus contrastés avec certains fauchages finis très tardivement et des chanvres cassés par les intempéries notamment dans les Hauts-de-France. La filière du chanvre textile sur le modèle du lin a encore beaucoup à apprendre et le marché de la fibre longue reste à établir car elle n'a démarré qu'en 2021 ".•

 

Que fait-on du chanvre technique produit en Normandie ?

On récolte de 600 à 1 200 kg de graines de chanvre (le chènevis) par hectare.

Spécificité normande, le chènevis bio ou conventionnel produit en Normandie est valorisé en alimentation humaine à plus de 90 %. Les lots déclassés sont orientés vers l'oisellerie et les appâts de pêche, des marchés moins exigeants qualitativement, et donc moins rémunérateurs.

La chènevotte, elle, représente 55 % du poids de la paille.

La première valorisation de la chènevotte normande est la litière pour animaux (40 %). La chènevotte bio est particulièrement appréciée et bien valorisée pour les marchés petits rongeurs. Le deuxième usage est le paillage horticole (32 %). La chènevotte Agrochanvre issue du chanvre technique est certifiée “Construire en chanvre” pour son usage en bâtiment. Cette labellisation permet une meilleure valorisation : 28 % de la production d'Agrochanvre est ainsi orientée vers ces débouchés (béton de chanvre ou isolant vrac).

Fibre technique de chanvre : elle représente 30 à 35 % du poids de la paille. Désormais challengée par d'autres usages, la papeterie reste le premier secteur d'utilisation de la fibre technique. Elle valorise 62 % de la production normande. 25 % des fibres rejoignent le marché de l'isolation du bâtiment et 13 % le marché de la plasturgie.

Le chanvre technique a encore une corde à son arc : lorsqu'elles sont issues de pailles rouïes, comme ce sera probablement le cas cette année, les fibres peuvent être vendues sur le marché du textile cotonisé (fibres courtes et affinées pour être filées sur un système de coton). 

Source : chiffres Agrochanvre (ventes au 1er semestre 2024)

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