Côté jardin

Automnales : des horticulteurs et pépiniéristes délivrent leurs conseils

Les jardiniers avertis le savent bien, l’automne est la meilleure période pour planter. Organisées par les Chambres d’agriculture de Normandie et l’Institut technique Astredhor Seine-Manche avec le soutien de la région Normandie, les Automnales créées il y a 23 ans sont une invitation à passer à l’action en achetant des végétaux locaux auprès des professionnels normands. « Cela ne va pas toujours de soi pour les jardiniers néophytes mais le meilleur moment pour planter est l’automne. C’est la saison où les végétaux développent le mieux leurs racines. Et de ce fait ils consomment moins d’eau au printemps. Les Automnales ont pour objectif de leur montrer lors de ces portes ouvertes ce qu’ils peuvent planter dans leur jardin. L’autre avantage est de rappeler qu’en végétalisant cela permet de réduire la corvée du désherbage », énonce Françoise Philippe, chargée de mission horticulture aux Chambres d’agriculture de Normandie. 

Climat

Un jardin planté d’espèces diversifiées sera plus résistant aux aléas climatiques et aux ravageurs. « Les gammes de végétaux sont en train de changer. Les producteurs sont à même de proposer des plantes qui sont moins fragiles au stress hydrique et qui vont mieux s’adapter. On rappelle aussi que les arbres et arbustes amènent de l’ombre bien appréciable en plein été. On peut végétaliser des façades et des toitures », poursuit Françoise Philippe. 
Plus de vert dans les espaces amène moins de chaleur en saison estivale. Des études ont montré qu’en ville, les arbres permettaient un abaissement des températures de 5 à 10 °C. Un sol végétalisé filtre l’eau. Ainsi une haie, une pelouse ou un massif éviteront les ruissellements lors de fortes pluies. 

Local et durable

Cultivés localement et commercialisés à 90 % dans un rayon de moins de 200 km, les végétaux produits en Normandie sont plus durables car ils n’ont pas fait beaucoup de transport. 

Première participation

Installé depuis janvier 2022 sur trois hectares, à Allouville-Bellefosse, Sébastien Dussaux, gérant de CREA Fleurissement, participe pour la première fois à l’opération. « Nous recevrons le public le samedi 21 octobre et le dimanche 22 octobre. Il y aura des ateliers de rempotage et de bouturage pour petits et grands. Les visiteurs pourront amener des photos de leur jardin pour que je puisse les orienter sur des aménagements et leurs choix de plantation », explique l’entrepreneur. De même, le paysagiste a invité une productrice de thé ainsi que les apiculteurs d’Ô Rucher des 2 Sources de Maulévrier-Saint-Gertrude qui ont installé 15 ruches sur sa pépinière. 

CREA Fleurissement

Sébastien Dussaux a acquis de solides connaissances, notamment en conception paysagiste chez son précédent employeur, Déhais à Lillebonne, chez qui il a travaillé pendant 17 ans. 
Sous deux serres de 1 000 et 500 m², il produit plus de 100 variétés différentes de végétaux  – plutôt des arbustes et des vivaces moins consommateurs d’eau que les annuelles – qu’il commercialise en vente directe aux particuliers et aux collectivités. Une partie de la production est aussi cultivée en extérieur. L’entreprise emploie quatre salariés. Il a aussi une entreprise de services à la personne espaces verts pour l’entretien et la création de jardins de particuliers qui fonctionne principalement en local.

Label Plante bleue

Sébastien Dussaux s’est inscrit dans une démarche de développement durable pour l’ensemble de son entreprise. Avec Marie-Laure Winocq, conseillère technique chez Astredhor Seine-Manche, il travaille à l’obtention du label “Plante bleue”. Il préserve la ressource en eau en récupérant les eaux de pluie collectées sur le toit de son hangar dans une citerne de 10 000 litres et en utilisant l’eau de la mare. Jouxtant la station d’épuration, il voudrait pouvoir utiliser les eaux grises stockées dans un bassin pour tendre vers l’autonomie en consommation moins d’eau. L’hiver les serres ont besoin de 1 000 litres par semaine tandis que l’été la consommation grimpe à 20 000 litres. « C’est précurseur, les tuyaux sont installés, j’attends le feu vert de la police de l’eau pour pouvoir faire les tests afin d’utiliser cette eau hors saison hivernale. En France, seul 1 % des eaux grises sont réutilisées. Pour pouvoir être utilisées dans ma production, elles doivent être traitées au préalable pour éliminer les bactéries nocives pour la santé humaine », explique-t-il. En matière de protection sanitaire, CREA Fleurissement emploie des méthodes de lutte raisonnée en utilisant des moyens biologiques. 
« Ce qui me tient à cœur dans mon activité, c’est la conception paysagée. Je conseille les clients pour structurer leur jardin, trouver leur style et j’aime leur proposer la plante atypique qui va les différencier et que l’on ne retrouve pas dans tous les jardins », souligne Sébastien Dussaux. Parmi elles, il propose le Cyperus papyrus cleopatra formant une touffe de tiges de 40 à 50 cm de haut surmontées de pompons à fines feuilles. Le producteur envisage aussi de développer la culture de l’aloe vera et de nouer des partenariats avec des fabricants de savons l’incluant dans leurs produits.
CREA Fleurissement propose aussi des locations de végétaux pour des manifestations ponctuelles. L’entreprise horticole a été sélectionnée pour créer une fiche technique pour élaborer un massif bleu blanc rouge qui sera implanté sur toutes les plages du Débarquement pour les célébrations du 80^e anniversaire en 2024. •