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Altise d’hiver : les bons réflexes, au bon endroit, au bon moment

Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.

Au 15 septembre, d’après les “bulletins de santé du végétal” (BSV), la situation est très variable selon les zones.
En région Centre-Val de Loire, plus de 50 % des parcelles sont déjà hors de la période de risque car elles ont atteint 4 feuilles et plus. Pour l’instant, les altises n’étaient signalées que dans 30 % des parcelles avec des captures encore très faibles. Pour les parcelles en cours de levées localement la situation sera compliquée.
En Pays de la Loire, les stades s’échelonnent entre cotylédons et 8 feuilles. Une bonne partie des parcelles (semis précoces) est déjà hors risque grosse altise adulte (4 feuilles et plus) avec des peuplements plutôt satisfaisants. Pour les semis plus tardifs (après le 25 août), les levées ont été plus difficiles, du fait des précipitations et de phénomène de battance. De nombreux retours de manque de pieds sont signalés. Concernant le risque grosse altise adulte pour les levées les plus tardives, il est aujourd’hui relativement faible en Pays de la Loire. Le pic de vol n’étant pas attendu dans les prochains jours, il est urgent d’attendre.
En Normandie et Île-de-France Ouest, près de 30 % à 40 % des parcelles ne sont plus menacées (stade > B3). Les premières captures d’altises d’hiver se font depuis une bonne semaine. Certains secteurs (ex : nord-ouest 27) concernés par des pluies battantes fin août ont vu des attaques significatives se présenter. Pas de panique pour autant, il n’y a pas d’alerte générale à ce jour, ce sont des cas particuliers. Il faut surveiller l’évolution des choses très régulièrement désormais. Le risque limace persiste depuis les semis, notamment pour les colzas peu vigoureux, en contexte à risque.

Éviter les traitements inconsidérés !

Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible et ne doit s’envisager que :
- si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
- à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
- si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
- si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
- en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).
En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées. Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.
N.B. : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.

Quel insecticide en dernier recours ?

Dans les régions Centre et Ouest de la France, la résistance forte SKDR n’est pas généralisée. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte – à utiliser avec parcimonie – pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes).
Dans tous les cas, si besoin, il convient d’intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utilisez un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.
Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité moyenne mesurée sept jours après traitement indique que :
- Karaté Zéon (lambda-cyhalothrine), Decis Protech (deltaméthrine) et la cyperméthrine (Cythrine Max ou Sherpa 100EW) sont comparables ;
- Trebon 30EC (etofenprox) est inférieur à Karaté Zéon ou une cyperméthrine ;
- Mandarin Gold (esfenvalérate) est inférieur aux références.

Points d’attention

- Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements “d’assurance” ou “de nettoyage” sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
- L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.

Altises et morsures : quel risque ?

Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.
Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…

L’observation est la base du raisonnement

Les captures dans les cuvettes jaunes – position enterrée –servent à détecter l’arrivée puis l’activité (nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement.
Observez au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit, pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises. Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes (voir photo). •
 

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