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Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA de Normandie
"Aides Maec et Bio : cela avance trop doucement

Alors que la moisson semble enfin lancée, faisons le point sur les dossiers agricoles avec Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA de Normandie.

Anne-Marie Denis
Anne-Marie Denis
© Joël Rébillard

Quelle est l'ambiance dans les campagnes ?

Elle est assez morose. La moisson avance à petits pas, nous passons entre les gouttes et nous constatons des rendements décevants. C'est une demi-surprise tant les difficultés d'implantation des cultures d'automnes avaient été grandes. Les premiers résultats en orge et colza sont très hétérogènes et souvent en deçà des années passées. Ajoutez à cela un marché atone et des prix qui stagnent et cela devrait donner une mauvaise année en grandes cultures. Par ailleurs, le contexte politique est marqué par une grande incertitude. Cela met le moral des agriculteurs en berne.

Qu'attendez-vous du gouvernement ?

J'attends, d'abord, d'avoir un gouvernement. Encore faut-il qu'une majorité se construise et se dégage à l'Assemblée nationale. Ce n'est qu'après que l'on pourra espérer avoir un gouvernement avec un programme. Et comme tous les partis semblent camper sur leurs positions, je crains que nous devions attendre encore plusieurs semaines alors que le temps presse.

Qu'y a-t-il de si urgent ?

Eh bien le gouvernement qui, désormais, ne gère plus que les affaires courantes avait pris des engagements vis-à-vis des agriculteurs suite à nos actions du printemps.

Elles devaient se traduire dans la loi d'orientation agricole, comme la simplification, la révision du quantum des peines pour les atteintes à la réglementation environnementale, l'affirmation de la place de l'agriculture dans la politique de la Nation... Les lois Egalim devaient aussi être approfondies pour sécuriser le revenu agricole.

Tout cela est remis en cause. Et nous ignorons si ce travail pourra être poursuivi ou s'il sera définitivement jeté aux oubliettes. Il y a urgence aussi à propos de la Pac.

Que se passe-t-il sur le front de la Pac ?

Il ne se passe pas grand-chose et c'est bien le problème. Là aussi, le moment devrait être calme et il y a urgence. En effet, tous les souscripteurs de Maec et de mesures de conversion à l'agriculture biologique n'ont pas reçu leurs aides 2023. Certes, cela avance, les services des DDT font ce qu'ils peuvent pour aller au plus vite. Mais c'est trop lent et c'est inacceptable pour les agriculteurs qui se sont engagés et ont déposé leur dossier dans les temps. D'autant que plus de 150 dossiers n'ont pas été ouverts et l'on ne sait quand ils le seront. Nous faisons le point régulièrement avec la Draaf sur le sujet. Nous ne connaissons pas la trêve estivale.

Vous vous êtes aussi mobilisés sur le ratio des prairies permanentes. Où en est-on ?

Le ministre a dû transmettre à Bruxelles des propositions de modification du plan stratégique national (PSN), conformément aux souplesses que nous avons obtenues à Bruxelles au mois de mars. Nous espérons un retour positif pour garder des marges de manœuvre. Mais il est trop tôt pour crier victoire. Et quand bien même nous serions sortis d'affaire à court terme, le risque de repasser en régime d'autorisation demeurera dans notre région.

On a vu que le manque d'eau cristallise toujours beaucoup d'opposition en Poitou-Charentes. Comment vivez-vous cette situation ?

D'abord, je confirme le soutien de la FRSEA de Normandie aux agriculteurs de ce secteur dont les biens sont menacés et les pratiques pointées du doigt. Je salue leur calme et leur sens des responsabilités quand on peut être tenté de vouloir s'opposer physiquement à une manifestation. Ils sont les premières victimes de mouvements qui n'ont d'écologistes que le nom. D'ailleurs, l'expérience de leurs voisins vendéens démontre que les réserves n'altèrent pas le débit des cours d'eau, elles sont même favorables. Quant aux agriculteurs qui s'y opposent, j'ai le sentiment qu'ils voudraient surtout avoir accès à cette ressource. Mais comment bénéficier des services d'une coopérative sans vouloir y adhérer ? Tout cela n'est pas très cohérent.

Ce contexte annonce une rentrée difficile ?

Il promet une rentrée chargée avec, je l'espère, un gouvernement et un ministre que nous solliciterons pour faire avancer les dossiers en suspens depuis le 9 juin. Et je n'oublie pas que cette rentrée sera le point de départ de la campagne des élections aux Chambres d'agriculture. Nous allons aller au-devant des agriculteurs pour leur présenter notre bilan et notre projet. Nous n'avons pas à rougir de ce que nous avons fait depuis six ans, tant s'en faut. Nous serons sans doute attaqués mais je ne doute pas que les agriculteurs sauront faire la part choses entre des promesses démagogiques et un projet sérieux, réaliste et partagé.•

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