Un taux de recyclage des ficelles et filets usagés à améliorer
Tanguy Bidaud est éleveur laitier dans l'Eure. Tous les jours, il génère des déchets qu'il stocke en vue de leur recyclage.

Au moment où s'ouvre la période des collectes de plastiques agricoles usagés sur tout le territoire, Adivalor souhaite rappeler l'importance pour tous les acteurs de la filière de se mobiliser. L'entreprise a pour mission d'organiser et de gérer l'élimination des déchets agricoles. Dans l'Ouest, les départements les plus utilisateurs de ficelles et de filets à balles rondes sont aussi ceux qui recyclent le moins ces produits usagés. Ainsi, la Bretagne, et la Normandie affichent paradoxalement des taux de collecte inférieurs à 20 %, alors que les départements de l'Est, du Centre et du Centre-Est, de leur côté, dépassent les 60 %. Les enquêtes d'Adivalor indiquent que le développement des collectes est freiné par le manque d'informations des éleveurs, mais aussi en raison de collectes trop peu fréquentes. Les distributeurs (coopératives, négoces, concessionnaires) en tant que vendeur des ficelles et filets neufs, assurent la fin de vie des produits usagés en collectant les sacs, mais pas assez souvent du goût des agriculteurs. « Une fois par an pour les filets et les bâches d'enrubannage en avril ou mai, ce n'est pas assez », témoigne ainsi Tanguy Bidaud à Charleval, dans l'Eure. L'éleveur laitier en génère toutes les semaines et les entasse dans les sacs prévus à cet effet, puis quand il en a dix, il les met dans son grenier. « Ce stock, on a pas envie de l'avoir sous les yeux si on souhaite une ferme propre. Alors il faut prévoir un endroit à l'écart ». Les ficelles et filets peuvent représenter des volumes importants pour les éleveurs, qui ne disposent pas toujours d'un espace disponible et suffisant pour stocker plus de quelques mois.
Des gestes simples pour faciliter le recyclage
L'éleveur laitier explique ses bonnes pratiques de recyclage, « ça ne se fait plus de les brûler comme par le passé ». Tous les matins, il consacre du temps à secouer les filets afin de les débarrasser le plus possible du fourrage et les met immédiatement dans les sacs de collecte afin de les stocker proprement. Des gestes simples, mais qui prennent du temps et qu'il vaut mieux faire au fur et à mesure. « C'est comme le tri des déchets ménagers ». Mais il regrette le manque de communication et n'impute pas cela à la seule agriculture. « A la gare par exemple, il y a deux poubelles, une jaune et une blanche et il faut réfléchir avant de savoir où jeter son papier ». Tanguy Bidaud pense qu'il pourrait y avoir des rappels par mail de la part d'Adivalor. « Si on veut trier à la fin, c'est trop de boulot. J'ai 50 vaches ici, c'est représentatif d'un élevage moyen dans la région, et des déchets de ce style, j'en génère tous les jours ! ». C'est aussi bien le côté pratique que l'aspect protection de l'environnement qui le motive. Conscients que les dates et les lieux de collecte sont encore mal connus des éleveurs, Adivalor et ses partenaires, les chambres d'Agriculture, les coopératives et négociants de l'Ouest ont annoncé qu'ils allaient accentuer leur communication en 2018.
Ficelle et balles rondes
20 000 tonnes de ficelles et 6 000 tonnes de filets de balles rondes sont à collecter, chaque année, auprès de plus de 100 000 agriculteurs. Sur la campagne 2017, on estime à environ 8 500 tonnes la quantité de ficelles et filets collectée en France, soit une augmentation de plus de 1 000 tonnes par rapport à 2016. Le taux de collecte national moyen est d'environ 30 %.
Et ensuite...
Que deviennent les plastiques recyclés ?
100 % des ficelles collectées sont recyclées en raccords en plastique pour les métiers du bâtiment ou en nouvelles ficelles éco-conçues. Une solution de recyclage des filets sera opérationnelle dès 2019. Composées de polypropylène, les ficelles usagées peuvent être recyclées à 100 %. Pour cela, elles doivent être correctement préparées et triées (pas de mélange avec d'autres déchets, faible taux de souillure).
Les bénéfices du recyclage sont multiples : il permet de limiter les importations de matières premières, de contribuer aux économies d'énergie et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les plastiques recyclés sont broyés, nettoyés puis mélangés avec d'autres ingrédients de fabrication, avant d'être séchés et densifiés. Fondu à haute température (environ 200 °C), le polypropylène est alors extrudé dans une vis sans fin sous la forme de granules fines. Ces granulés plastiques recyclés, sont alors prêts à être mêlés à des granulés de plastique vierge ou employés tels quels : le déchet est devenu une matière première secondaire.