« Nos délégués sont des sentinelles »
Interview de Grégoire Petit, président de la MSA Haute-Normandie










Les élections des délégués de la MSA auront lieu en janvier prochain. Rappelez-nous le rôle de ces délégués qui peuvent déposer leur candidature jusqu’au 19 novembre ?
En Haute-Normandie, ils sont 730 aujourd’hui et seront 445 en 2020. Leur nombre sera en baisse avec l’application de la loi Notre et le nouveau découpage en cantons administratifs qui nous est imposé. Les délégués ont un rôle important, ils sont répartis sur tout le territoire au plus près de la population. Ils ont pour mission principale de nous faire un retour sur ce qu’il se passe sur le terrain mais aussi de faire redescendre nos messages. C’est grâce à eux que l’on peut animer le territoire. Nous nous adressons aux seniors mais pas seulement. Nous menons des actions auprès des actifs, auprès des salariés agricoles et auprès des jeunes.
Quels sont les enjeux de cette élection ?
En premier, c’est de défendre notre régime de protection sociale, de conserver le guichet unique. Cela peut paraitre naturel, mais il faut le rappeler, à la tête ce sont les agriculteurs et les salariés de l’agriculture. Cela nous permet de faire remonter au national nos difficultés. Par exemple permettre une prise en charge des cotisations en cas de crise agricole. C’est le cas avec l’affaire Lubrizol. Grâce au réseau et avec les autres OPA, nous avons été capables de repérer les agriculteurs en difficulté. Nous avons envoyé des courriers aux gens concernés. On peut aussi citer les incendies de cet été dans l’Eure. L’autre enjeu, c’est la participation. Plus il y aura de votants, mieux on sera entendu par le gouvernement et impliqué dans les négociations. Ce qui nous inquiète le plus, c’est la faible participation des salariés agricoles -le deuxième collège-. Ils ne sont pas assez informés par leurs employeurs de l’importance d’aller voter. Nous allons travailler sur cet aspect.
Quel bilan faites-vous de ces cinq années de présidence ?
Nous avons mené beaucoup d’actions. La dernière en date par exemple, la sortie du film Au nom de la Terre nous a permis d’entendre le mal-être des agriculteurs lors d’une projection privée à Val-de-Reuil. L’occasion de parler de l’agribashing, mais aussi de la santé et sécurité au travail. Sur les phytos, il faut écouter les médecins et les scientifiques. Des études sont réalisées à longueur d’année, les agriculteurs sont formés. Le danger réside principalement au moment on remplit le pulvérisateur et l’agriculteur doit se protéger. Les études prouvent qu’il n’y a pas plus de cancers dans notre métier que dans le reste de la population.
Depuis 2015, une quinzaine de familles ont été prise en charge par une assistante sociale de la MSA à la suite d’un signalement par un délégué. Nous avons organisé des pièces de théâtre pour sensibiliser les élus au risque suicidaire. Il y a six mois, un administrateur a été confronté à un cas et a pu remonter l’information à la MSA qui a pris en charge la personne concernée. Nos délégués sont des sentinelles, leur rôle dans la solidarité est important.
En plus des délégués MSA déployés sur le terrain, comment êtes-vous présent
en milieu rural ?
Nous allons nous impliquer dans les maisons France service pour que tout le monde aille accès à ses droits. Ce sont des maisons de services au public pour tout ce qui concerne les démarches administratives. Nous allons continuer notre opération « coup de pouce » au numérique pour faciliter l’utilisation au quotidien de l’outil informatique et les messages sur le coup de main en agriculture en partenariat avec Groupama. Ce n’était pas facile à entendre au début mais le message passe bien désormais et beaucoup de retraités sont déclarés un minimum.
Un mot sur les retraites justement ?
Oui, ce dossier nous préoccupe. C’est un gros sujet évidemment. Nous soutenons la réforme. L’un de nos combats c’est la particularité des agriculteurs qui ont des revenus très fluctuants et parfois pas de revenu du tout. On souhaite qu’ils aient un minimum malgré tout. On se bat aussi pour les 85 % du SMIC demandés par les retraités actuels.
Les candidats peuvent se déclarer jusqu’au 19 novembre sur le site electionsmsa2020.fr