La FNSEA veut concrétiser le " réarmement alimentaire "
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a écrit le 13 février au chef de l'État, Emmanuel Macron, pour lui assurer que " les agriculteurs sont prêts et déterminés à se mobiliser pour rendre à la France et à l'Europe la maîtrise de son destin et de sa sécurité ".

Dans un courrier de deux pages, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, rappelle au président de la République que, dans son adresse aux Français le 5 mars dernier, il a cité l'agriculture " parmi les enjeux stratégiques du moment ". En effet, de nombreuses incertitudes géopolitiques déstabilisent aujourd'hui les États, les dirigeants. Pour anticiper un éventuel embrasement aux portes de l'Europe et de la France (" Des menaces perçues comme lointaines se sont brusquement rapprochées ", indique Arnaud Rousseau), la FNSEA indique que le " réarmement de notre continent est une nécessité (...) Réarmement militaire bien sûr ", mais aussi " réarmement alimentaire ". Arnaud Rousseau n'oublie pas qu'au cours des dernières années et malgré les sanctions internationales dont elle a été l'objet, " la Russie a su utiliser l'arme alimentaire pour déstabiliser les marchés européens et mondiaux, et ses nouvelles "route du blé" sont de redoutables canaux d'influence dans des pays où la faim est une préoccupation du quotidien ", écrit-il. De plus, " ce serait une erreur grave de penser que nos concitoyens, comme nos potentiels alliés partout dans le monde, pourront se mobiliser autour d'un projet de paix s'ils voient se profiler le spectre de la faim et de grandes privations ", prévient-il.
Dangereux de renationaliser la Pac
Pour prévenir ces risques, Arnaud Rousseau propose donc " de renforcer les capacités de production agricole françaises " et " parce que la nécessité fait loi ", de s'orienter vers " un indispensable changement de cap pour notre agriculture : celui de l'autonomie stratégique alimentaire ! ", assure-t-il. C'est pourquoi il propose trois pistes concrètes. Tout d'abord " redéfinir l'ambition agricole européenne ". Pour la FNSEA cela suppose de conserver à la Politique agricole commune " première politique intégrée de l'Europe, avec un temps d'avance sur la politique européenne de défense ", souligne-t-il, de conserver son caractère communautaire. " Il serait dangereux de renationaliser les agricultures européennes ", insiste Arnaud Rousseau qui juge " impératif de faire de l'acte de production, un objectif prioritaire de la stratégie agricole européenne ". À ce titre, il se prononce pour le maintien d'un " budget Pac dédié, indexé sur l'inflation, à la hauteur des enjeux stratégiques confiés à nos agriculteurs ", repoussant à plus tard l'intégration de l'Ukraine à l'UE, pays qui pourrait " à lui seul déstabiliser totalement la Pac ".
Europe passoire et fragile
Deuxième piste proposée par la FNSEA " engager une politique offensive sur le plan du commerce et de la compétitivité au niveau français et européen ", écrit son président qui n'y va pas par quatre chemins : " l'Europe est encore une passoire (...) et créé les propres conditions de sa fragilité ", martèle-t-il, demandant de " mettre un terme " à cette situation " avec une politique commerciale intégrant le strict respect de la réciprocité des normes ". Politique qui doit s'accompagner de " l'accélération des programmes de recherche et de développement pour rendre accessibles rapidement et au plus grand nombre les innovations agronomiques, techniques et technologiques (NGT/NBT notamment; NDLR) ". Enfin, Arnaud Rousseau demande au chef de l'État, de " soutenir les agriculteurs qui entreprennent au quotidien " : ce qui suppose de " simplifier l'acte de production avec une réglementation réaliste ", de leur permettre d'accéder, de manière " sécurisée " aux moyens de production, comme l'eau et de favoriser le " développement des énergies renouvelables d'origine agricole pour contribuer à la souveraineté énergétique ", développe Arnaud Rousseau. " Vous avez pris des positions pour la défense de notre Nation (...) Au nom des agriculteurs français, je vous demande d'être tout aussi offensif pour la souveraineté alimentaire ", conclut le président de la FNSEA qui compte " pleinement jouer son rôle de corps intermédiaire ".•