Des élevages robotisés pour convaincre les jeunes
Traite, paillage, alimentation, raclage, repousse-fourrage… Aujourd’hui, un grand nombre de tâches liées à l’élevage laitier peuvent être robotisées. Ces innovations aident à convaincre les jeunes de s’investir dans la filière. Reste que l’investissement est lourd.
Traite, paillage, alimentation, raclage, repousse-fourrage… Aujourd’hui, un grand nombre de tâches liées à l’élevage laitier peuvent être robotisées. Ces innovations aident à convaincre les jeunes de s’investir dans la filière. Reste que l’investissement est lourd.

Presque 4 heures pour traire le matin, et autant le soir. Même avec sept unités de travailleur humain (UTH), au Gaec de l’Argilière à Grandcourt (80), la salle de traite 2 x 12 postes ne permettait plus de traire les 250 vaches laitières (VL) dans de bonnes conditions. « L’outil était saturé. Il fallait changer. Les jeunes qui travaillent avec nous ont découvert l’efficacité des robots de traite grâce à des stages, et ils étaient convaincus », confiait Francis Herbet, l’un des associés, il y a un an. Depuis mars 2021, le troupeau est donc trait par cinq robots GEA. Un investissement qui permet un travail dans des conditions optimales : « Le robot offre une vue dégagée sur la vache et un accès facile à la mamelle. On peut intervenir à tout moment. La séparation de la destination du lait quartier par quartier est un réel plus », note Églantine Herbet, en charge de l’élevage au sein du Gaec.
Comme cet élevage de la Somme, de plus en plus d’éleveurs se tournent vers la robotique pour améliorer les conditions de travail et pallier un manque de main-d’œuvre, alors que les troupeaux ne cessent d’augmenter. « La pénibilité et l’astreinte du métier pèsent pour les jeunes éleveurs qui vivent dans une société qui aspire au temps libre. Ils veulent rester connectés à cette même société », justifie Denis Bully, président de la FDSEA 80, lui-même éleveur laitier. L’Institut de l’élevage (Idele), voit en cette robotisation un vrai soutien au métier. « Les robots ne dégradent pas forcément la relation homme-animal. Ils peuvent aider les éleveurs à mieux connaître leurs animaux et passer plus de temps auprès d’eux », plaide-t-il.
Que choisir ?
Reste à l’éleveur de choisir la ou les tâches qu’ils souhaitent robotiser. La plus grande partie opte pour la traite en premier lieu. L’industrie des robots de traite est d’ailleurs exponentielle : pour 2025, les chiffres prévisionnels indiquent que l’industrie des robots de traite pèsera près de 3 milliards de dollars. Cinq marques se partagent le marché : DeLaval, BouMatic, GEA, Fullwood et Lely.
Pour les ingénieurs de l’Idele et des Chambres d’agriculture, cet équipement n’est pas sans inclure des changements dans la conduite du troupeau. La surveillance, qui n’est plus effectuée lors de la traite, doit être quotidienne tout de même. Fréquence de raclage, de parages, étalement des vêlages pour optimiser la fréquentation du robot doivent être étudiés.
La robotisation de l’alimentation se développe elle aussi. Une étude des Chambres du Grand Ouest met en évidence un gain de temps plus important en automatisant cette tâche plutôt que la traite. Elle inclut dans ce raisonnement le temps d’observation du troupeau, le fameux “œil de l’éleveur”. Certains éleveurs utilisent le gain de temps du robot de traite pour observer leur troupeau mais d’autres le réinvestissent dans d’autres ateliers.
Un lourd investissement
L’Idele émet un bémol, quel que soit le robot choisi : « Ils permettent clairement de gagner du temps et du confort, mais le retour sur investissement est encore délicat. » « Si les productions agricoles étaient valorisées à leur juste prix, les agriculteurs pourraient accéder à cette modernité. Le prix du lait est un enjeu crucial pour assurer le renouvellement des générations », martèle en conclusion Denis Bully. •