De la luzerne pour une ration des vaches laitières sécurisée
Voilà plusieurs années qu’Alain et Pascal Catoir, associés en Gaec à Rancourt (80), cultivent de la luzerne pour l’intégrer à la ration de leur troupeau de 120 vaches. Si son exploitation est chronophage, les avantages sont nombreux. Les éleveurs sont conseillés par le Groupe Carré pour une utilisation optimale.
Voilà plusieurs années qu’Alain et Pascal Catoir, associés en Gaec à Rancourt (80), cultivent de la luzerne pour l’intégrer à la ration de leur troupeau de 120 vaches. Si son exploitation est chronophage, les avantages sont nombreux. Les éleveurs sont conseillés par le Groupe Carré pour une utilisation optimale.

Couper, presser, enrubanner, stocker… La luzerne est un fourrage qui prend du temps à Alain et Pascal Catoir. « Mais on s’y retrouve. On y voit beaucoup d’avantages », assurent les frères, associés en Gaec à Rancourt, près de Péronne (80). « Elle sécurise la ration », ajoute Maxime Catoir, leur conseiller en élevage au Groupe Carré. Celle-ci a été intégrée à la rotation il y a quelques années, pour valoriser les terres blanches dans lesquelles les autres cultures plafonnaient en rendement. « Les 100 ha sont dédiés au blé, à la betterave qui nous permet d’avoir des pulpes, au maïs, à la luzerne et aux prairies (15 ha). Un système classique dans la région, avec une forte proportion de cultures fourragères », précise le conseiller.
La luzerne est coupée quatre fois au minimum. « Il nous faut au moins quatre jours sans pluie », pointe Alain. Les éleveurs ont investi dans du matériel de récolte. « C’est du boulot, mais être autonome permet d’intervenir au meilleur moment et de maximiser la qualité du fourrage. » La ration, elle, est composée de deux tiers de maïs, un tiers de pulpes de betteraves, 7 kg de luzerne et 2 kg de maïs grain humide. « Celui-ci a été introduit il y a deux ans, sous forme de boudin, car le maïs ensilage était pauvre en amidon. Cela permet de faire fonctionner le rumen à son maximum. » Un correcteur azoté, mélange de colza et de soja, est aussi ajouté. « La luzerne limite l’apport de ce correcteur, onéreux. On compte entre 16 et 22 % de teneur en protéines. » 2,5 kg de matière sèche (MS) de luzerne remplaceraient environ 1 kg de correcteur. Chaque jour la ration est préparée avec une mélangeuse automotrice. Nourrir prend 1 h 30 par jour. La ration est distribuée en une fois, puis elle est repoussée dans la journée.
Analyser pour équilibrer
Pour équilibrer la ration, des analyses sont effectuées régulièrement. Il faut dire que le silo n’est jamais le même d’une année sur l’autre. « L’année dernière, le maïs était à 44 % de MS. Cette année, il est à 33 %. C’est plus digestible, avec une meilleure conservation », note Maxime. Seul hic, la transition alimentaire a été assez brutale, car les récoltes 2022 avaient été réduites faute de sécheresse. « Ils ont tapé dans le nouveau silo aussitôt, mais grâce au conservateur, il n’y a pas eu de reprise de fermentation et il n’a pas chauffé. » Surtout, la luzerne, elle-même analysée à chaque coupe, joue son rôle tampon et favorise la rumination. « Il faut s’adapter continuellement. C’est la chance que ces éleveurs ont puisqu’ils ne sont pas en système maïs unique. »
Meilleure fertilité
Depuis deux ans, l’objectif est surtout de maximiser la production par vache. « Le prix du lait, qui a augmenté, oriente cette stratégie », explique Maxime. Celles-ci sont en moyenne à 10 000 litres chacune à l’année. « C’est plutôt une bonne performance. » Pour les éleveurs, leurs efforts sont récompensés par le bel état des vaches. « Même au niveau de la reproduction, la luzerne est bénéfique. Les vaches remplissent mieux depuis qu’elle est intégrée à la ration. » Il faut dire que la luzerne est riche en bêta-carotène, précurseur de la vitamine A, importante pour la fertilité. •