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Comment faire face à la baisse de pulpes ?

Dans un contexte de baisse de disponibilité des pulpes de betteraves, les éleveurs bovins ont pu entendre Tereos ainsi que divers conseillers faire le point sur les disponibilités et les alternatives lors 
de la Foire agricole de Hazebrouck (59) le 8 septembre dernier.

Les éleveurs ont écouté attentivement ce que Tereos, fournisseur de pulpes de betteraves, et techniciens avaient à leur annoncer dans un contexte de tension sur la disponibilité des pulpes.
© J. D. P.

L’invité d’honneur de la réunion rassemblant les éleveurs bovins autour de la question de la baisse des pulpes de betteraves à la foire agricole le 8 septembre était logiquement Tereos. Venu s’expliquer, voire se défendre parfois face à la crispation des éleveurs. C’est Étienne Clabaut qui s’est lancé, en commençant par rappeler que Tereos, c’est neuf usines dans les Hauts-de-France (huit sucreries et une amidonnerie). C’est encore 2 400 collaborateurs, 9 600 coopérateurs et près de 140 000 hectares de betteraves.
« Les coproduits représentent 7 % du chiffre d’affaires de Tereos, coproduits destinés à l’alimentation animale ou encore à la méthanisation », a rappelé le responsable de Tereos. Et si « la demande en pulpes reste stable chez les éleveurs, elle est en forte augmentation chez les méthaniseurs », a-t-il ajouté. « C’est pourquoi nous avons réduit la production de pulpes déshydratées pour répondre à l’accroissement de la demande de surpressées. Nous avons aussi baissé les quantités vendues aux non-coopérateurs », a souligné Étienne Clabaut qui a rappelé « la baisse progressive et régulière du tonnage de betteraves » qui explique, notamment, pour la direction, la fermeture du site d’Escaudœuvres (59) : « Nous sommes passés de 20 millions de tonnes produites à 15 millions », a-t-il justifié.
Sur la campagne qui s’annonce, avec « 9,5 % de surfaces en moins, des rendements inférieurs, des semis tardifs (jusqu’à trois semaines de retard) et une première année sans NNI (néonicotinoïdes, ndlr) », il se dit « peu confiant ». Dans ce contexte, à la vue de l’augmentation de demande de pulpes surpressées, il a été annoncé un rationnement selon les paliers « afin de répondre prioritairement aux besoins des coopérateurs ».
Alors que les usines sont en route, Tereos annonce finalement pouvoir contenter les demandes de palier 1 et 2, et jusqu’à huit fois pour le palier 3 : « 134 coopérateurs n’auront finalement pas le volume demandé, soit 4 % d’entre eux », a-t-il souligné. L’industriel a aussi rappelé la possibilité de remplacer ces pulpes par d’autres produits – qu’il vend également – parmi lesquels les granules de luzerne, les drêches de blé ou encore l’amyplus humide ou en granulés.
Quentin Sansen, conseiller à la Chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais, en a profité pour faire un point nutritionnel afin de répondre à cette question : la pulpe surpressée est-elle un aliment irremplaçable ? La réponse est non, mais on vous donne quelques explications. 
D’abord les atouts du coproduit : richesse en cellulose, bonne digestibilité, faible encombrement, riche en calcium, très bonne appétence et faible en protéines. L’excellente valeur énergétique et l’effet lactogène sont ses principaux avantages.

« Il n’y a pas une seule ration idéale »

Il est toutefois possible de remplacer les pulpes dans la ration par « du maïs ensilage, de l’ensilage d’herbes jeunes, des betteraves fourragères, des coproduits type racines d’endives ou pommes de terre ou encore par des céréales pour leurs bénéfices énergétiques. »
Pour l’effet lactogène, rien de tel que les drêches de brasserie, les betteraves fourragères gardant, elles, la palme de l’appétence. Et le spécialiste de conclure : « Il n’y a pas une seule ration idéale, tout est possible à condition de rester cohérent dans le système fourrager et de respecter les équilibres nutritionnels. » Qui se conjuguent avec les équilibres financiers et, dans le cas qui nous occupe, avec la disponibilité. •



Avec ou sans pulpes : témoignages de deux éleveurs

Chacun conduit son élevage comme il l’entend, en faisant des choix stratégiques qui ont leurs avantages et leurs inconvénients. Tout dépend des objectifs recherchés : c’est ce qu’ont démontré les interventions de Sébastien Dambricourt, éleveur à Watten (59), intégrant une part de pulpes dans la ration de ses bovins, et de Guillaume Luttun, éleveur à Méteren (59) qui choisit, lui, de ne pas en intégrer. Partage d’expériences.
 
20 % : c’est la part de fourrage dédié à ses bovins provenant de l’extérieur en 2022 (pulpes + concentrés). Ce chiffre, Sébastien Dambricourt, éleveur à Watten, le déplore dans une période où « on manque vraiment de visibilité ». Il pense aux surfaces emblavées en betteraves qui vont decrescendo, à la fermeture de l’usine Tereos d’Escaudœuvres aussi.
L’éleveur est aidé d’un apprenti, soit 1,3 UTH, et cultive blé, maïs, colza, betteraves et lin sur 110 hectares et dédie 37 hectares aux prairies. Pour nourrir ses 75 vaches (production annuelle de 803 000 litres), il compte sur « une ration qui comporte peu de maïs – 16 kg par animal et par jour –, beaucoup d’herbe fraîche (12 kg), 14 kg de pulpes ainsi que des compléments qui reviennent moins cher que le soja. J’ai un unique robot de traite qui tourne à fond ».
Benoît Verriele, le conseiller d’Avenir Conseil Élevage qui le suit, analyse : « Son lait est particulièrement riche, ce qui offre une plus-value à l’élevage. En revanche, il élève un grand nombre de génisses avec un âge de vêlage avoisinant les 24 mois. » S’il utilise des pulpes c’est « par gain de temps, par quête d’efficacité (les pulpes sont particulièrement lactogènes, NDLR), pour diversifier la ration et parce que c’est un élément économique. »
 
Face à lui, Guillaume Luttun a choisi, lui, de ne pas intégrer de pulpes à la ration. Guillaume est associé avec son frère, Vincent, à Méteren. À deux, ils élèvent 90 vaches laitières pour une production annuelle de 806 000 litres. Ils dédient 50 de leurs 80 hectares au fourrage : 27 hectares de maïs ensilage, 1,6 de betteraves fourragères et 21 de prairies. S’ajoutent 30 hectares de céréales. Avec pour objectif de « maintenir des conditions de travail acceptables pour deux personnes et de maximiser la rentabilité », Guillaume explique ne jamais s’être intéressé aux pulpes surpressées : « Nous avons toujours eu des betteraves fourragères, rappelle-t-il. De plus, nous n’avons pas les silos nécessaires et nous distribuons la ration au godet désileur ; nous n’avons pas de mélangeuse. » Ici, la ration journalière par animal est de 35 à 40 kg d’ensilage maïs, 15 kg de betteraves fourragères (du 1er novembre au 15 mars), 3 kg d’enrubannage et 4 kg de tourteaux de soja. Et pour comparer les coûts, de savants calculs indiquent que le coût de revient de 127 euros la tonne de matière sèche équivaut à l’achat de pulpe surpressée au prix de 32 euros la tonne brute. •
 
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