Aux Andelys, le bourdonnement de la guêpe perturbe le vol du papillon.
Depuis 2019, le moulin d'Auguste s'est allié à des mini guêpes pour éradiquer la mite de la farine.

Chaque activité à son ou ses nuisibles. Pour une minoterie, ce sont par excellence les vers de la mite alimentaire et le tribolium. Au moulin d'Auguste aux Andelys, il y a vingt ans, pour les locaux et les silos, les insecticides chimiques étaient les rois. En 2011, Sébastien Dutacq le propriétaire a choisi de produire des farines bio et a basculé vers un traitement à base de pyrèthre en fumigène et nébulisation. « Mais, ma volonté a été d'aller plus loin. C'est-à-dire vers le SIS (sans insecticide de stockage) pour atteindre une farine pure ». En 2019, l'entreprise signe d'abord un contrat avec les coopératives pour lutter contre le charançon du blé : « quand le blé sort de la moissonneuse-batteuse, il est à 55°C. Une fois dans les silos, il faut baisser la température à 15°C par l'apport d'air froid. Cela empêche le développement des insectes » explique Sébastien Dutacq. Dans ses locaux, le dirigeant a refusé les solutions thermiques « trop coûteuses en énergie. Il faut aussi une installation compliquée puisqu'il faut calfeutrer les bâtiments. En plus, cela n'est pas durable ». Il a opté pour le nettoyage deux fois par an des silos par des cordistes. Contacté par Fertimap BioControle agent de la société allemande d'élevage de trichogrammes AMW, Il est aussi immédiatement persuadé « de l'efficacité et de la philosophie de la lutte biologique par un prédateur ». C'est ainsi, les mini guêpes sont arrivées. Un contrôle constant La lutte biologique sur les 2 000 m2 et 6 étages commence déjà par un nettoyage complet des locaux : « il faut supprimer les garde-mangers en aspirant, balayant et boucher les trous. La technique que nous utilisons pour le moment pour le Tribolium. Ensuite, un technicien fait un état des lieux. Après l'installation de pièges à phéromones et le comptage de la population de nuisibles, sur un plan, il choisit les emplacements pour les lâchés des deux espèces de guêpes ». Les insectes invisibles à l'oeil nu et sans risque pour l'homme arrivent par transporteur sur carte de 2 200 oeufs et dans des tubes à essais. Ils s'envolent et cherchent immédiatement à se nourrir des vers. La chasse débute alors et dure une dizaine de jours jusqu'à l'apport de troupes fraîches. « Pour ceux qui pourraient passer à travers, nous avons ensuite un désinsectiseur mécanique dans notre circuit alimentaire. Un disque avec des centaines d'aiguilles qui tourne très vite. Pour finir, c'est tamisé », complète Sébastien Dutacq. D'un coût trois fois plus cher qu'un traitement chimique, l'entrepreneur ne l'a pas répercuté sur ses prix, mais « souhaite communiquer pour sensibiliser nos clients et afficher nos valeurs ».