Réagir, c’est aussi rebondir
Réunis en session le 24 juin dernier, les élus de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie (Cran) ont porté un focus sur Réagir, dispositif d’aides aux agriculteurs fragilisés. « Réagir, c’est aussi rebondir », a positivé Jérôme Nury, député de l’Orne.
Réunis en session le 24 juin dernier, les élus de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie (Cran) ont porté un focus sur Réagir, dispositif d’aides aux agriculteurs fragilisés. « Réagir, c’est aussi rebondir », a positivé Jérôme Nury, député de l’Orne.








« C’est un dispositif qui a tout notre soutien, s’est voulu rassurant Jérôme Nury, député de l’Orne, au nom des cinq exécutifs départementaux de Normandie. Mais Réagir, c’est aussi rebondir. Il faut peut-être parfois repenser l’exploitation pour rester dans cette belle profession. La loi Notre a enlevé l’agriculture aux Départements, mais l’agriculture est une vraie richesse pour nos territoires. Nous sommes fiers de cette action et vous pourrez toujours compter sur nous ».
Auparavant, Sébastien Windsor, président de la Cran, a insisté sur le contexte. « On vit dans un monde où les incertitudes ont été décuplées. Des situations inextricables peuvent apparaître ici ou là, combinant difficultés financières et difficultés psychologiques. On est là pour apporter des solutions en réagissant au plus vite, mais l’étape la plus difficile, c’est d’aller sonner à la porte de la cellule ».
« Réagir bénéficie du soutien des collectivités territoriales, mais également d’acteurs du monde agricole comme les entrepreneurs de travaux agricoles qui peuvent servir de sentinelle. « Je prends le café avec trois agriculteurs par jour », a fait remarquer le patron des ETA de Normandie.
313 exploitations accompagnées
Réagir, ce sont quatre cellules (Orne, Manche, Calvados, Eure/Seine-Maritime), 37 partenaires, 17 collaborateurs à temps plein auxquels il faut ajouter 30 conseillers Chambre d’agriculture. Des femmes et des hommes au service de 313 exploitations accompagnées à ce jour « mais le chiffre ne fait qu’augmenter avec notamment des jeunes qui ont moins de cinq ans d’installation », précise Mireille Lamy-Cadiou (27-76). Les secteurs du maraîchage et du cheval semblent particulièrement touchés. « La crise qui nous arrive va mettre en difficulté des agriculteurs qui n’ont jamais connu auparavant de problèmes de trésorerie », craint Sylviane Pralus, présidente de la MSA Côtes Normandes. Dans ce contexte de lutte contre le mal-être agricole et « où l’agribashing a fait beaucoup de mal », a souligné Sébastien Windsor, le réseau des Chambres d’agriculture fait front commun sous une bannière unique, Réagir. L’objectif est de créer un affichage partagé qui donne de la visibilité aux actions de proximité portées par ces cellules départementales avec le soutien de partenaires locaux, au premier rang desquels les Départements.
Accompagner des agriculteurs fragilisés, tel est le mot d’ordre de Réagir. « La parole doit se libérer autour des difficultés rencontrées par les exploitants. Dans un contexte de plus en plus anxiogène, les causes de détresse sont multiples : difficultés économiques, aléas climatiques, problème de santé mentale ou physique, crises sanitaires, instabilité du revenu, accident de la vie. Passer au-delà des tabous est essentiel. La honte retarde trop souvent la demande d’aide et ampute les chances de succès tant dans le redressement de l’exploitation que la résolution de problèmes techniques ou la reconquête de confiance en soi ».
Une solide expertise
Réagir s’appuie sur trois leviers d’actions : l’entreprise, le technique et l’humain. Depuis leur création, elles accompagnent les agriculteurs fragilisés au niveau local. Grâce à l’expertise variée des différents acteurs, le soutien se traduit par des conseils techniques ou économiques, des diagnostics et une mise en réseau avec l’ensemble des partenaires de l’exploitation : fournisseurs, banques, cabinets de gestion, coopératives... •
Une hausse de la TATFNB

« Ce n’est pas facile, car nous n’avons pas le revenu en place », a expliqué Sébastien Windsor, alertant d’un risque d’augmentation des prestations payantes en l’absence de hausse de la TATFNB. Présent lors de la convention, le ministre de l’Agriculture a pris note de la demande du réseau, sans y répondre pour l’instant. En novembre dernier, les Chambres d’agriculture et leur ministère de tutelle avaient signé un Contrat d’objectifs et de performance pour la période 2019-2025, incluant un engagement de l’État à « défendre le principe d’une stabilité » de la TATFNB sur cette période. Une bonne initiative, a souligné le nouveau ministre Marc Fesneau.