Pays de Bray : la filière lait bio peut se développer
Le territoire du pays de Bray est parfaitement adapté à la production de lait biologique. Des éleveurs ont franchi le pas avec succès. Une rencontre qui a réuni une cinquantaine
d'agriculteurs s'est déroulée le 8 novembre chez Benoît Heude à Saumont-la-Poterie.








La ferme de Benoît Heude, à Saumont-la-Poterie, était mardi 8 novembre, la vitrine du lait bio en pays de Bray. À l'initiative des chambres d'agriculture de Seine-Maritime et de l'Eure, et du groupement de recherche en agriculture biologique (Grab), l'exploitant a ouvert ses portes à une cinquantaine d'éleveurs qui s'interrogeaient sur l'opportunité d'une conversion en agriculture biologique et afin de leur présenter tous les aspects économiques et techniques.
« De par sa localisation géographique, à cheval sur la Seine-Maritime et l'Oise, le territoire brayon est propice à la production de lait bio », rappelle Amaury Baudoin, agriculteur et vice-président fondateur de Lait Bio Bray. Les éleveurs brayons ont un savoir-faire historique et c'est une production cohérente avec le terroir herbagé. C'est aussi une filière laitière bien implantée localement avec trois laiteries collectrices : Biolait, Lactalis et Danone. Mais l'un des atouts phare du pays de Bray est sa proximité avec Paris et son bassin de consommation qui compte près de 10 millions d'habitants.
« Un nouveau souffle pour la filière »
Dans un contexte difficile pour bon nombre d'éleveurs en pays de Bray, le pôle d'équilibre territorial et rural (PETR) du pays de Bray et la communauté de communes du pays de Bray, représentés respectivement par Xavier Lefrançois et Nadège Lefebvre, espèrent que la campagne d'information (lire l'encadré) qu'ils soutiennent ouvrira de nouvelles perspectives aux agriculteurs. « La filière lait biologique est une option de développement sérieuse », affirment ces deux élus. « Le marché est en progression constante et un manque de lait bio a même été constaté récemment ».
« Une période de conversion parfois difficile»
La conversion à l'agriculture biologique correspond à la phase de transition entre l'agriculture conventionnelle et l'agriculture biologique. Pendant cette période, le producteur met en oeuvre des pratiques de production conformes aux règles de production biologique, mais les produits ne peuvent pas être commercialisés en faisant référence à ce mode de production. Pour les productions végétales, la durée de conversion varie de deux ans (cultures annuelles et prairies) à trois ans (cultures pérennes : vignes et vergers). Pour les productions animales, elle varie de 6 semaines (poules pondeuses) à 12 mois (équidés et bovins). Amaury Beaudoin l'admet, « la période de conversion est parfois difficile. Il existe bien des aides à la conversion mais celles-ci sont versées avec un délai de un an et demi ».
« Se lancer aujourd'hui, c'est plus facile »
Pour Benoît Heude, éleveur, en bio depuis 2011, la conversion n'a pas engendré de grands changements dans son système. Du fait de localisation en pays de Bray, l'exploitant travaillait déjà beaucoup avec l'herbe. Peu à peu il avait arrêté les engrais sur ses prairies et réduit les produits phytosanitaires sur le maïs. Pour lui, la production de lait bio est en adéquation avec le climat et le terroir. C'est lorsque Danone a ouvert le marché du lait bio que cet éleveur s'est lancé, accompagné par le Grab et la chambre d'agriculture de Seine-Maritime. « Nous avons une véritable chance aujourd'hui, plus qu'avant. Des références sont là, nous ne sautons pas dans l'inconnu. Un environnement technique existe pour nous accompagner et les élus nous suivent. Mais choisir d'être éleveur en agriculture biologique c'est avant tout une volonté, un état
d'esprit ».
Préserver le bocage tout en créant de la plus-value
Amaury Beaudoin, éleveur et vice-président fondateur de Lait Bio Bray, en bio depuis 20 ans constate : «Nous arrivons aujourd'hui à préserver le bocage et exprimer son potentiel tout en créant une plus-value économique. Ce n'est pas la voie de la facilité mais c'est passionnant. Il est encore temps de répondre à la grande demande des consommateurs français. Certains éleveurs brayons n'auraient qu'un pas à franchir pour passer en bio et valoriser notre lait de terroir herbager.»
Le lait bio en pays de Bray
Sollicité par l'association Lait Bio Bray, le Pôle d'équilibre territorial et rural (PETR) du pays de Bray a coordonné une action d'information sur le lait bio à l'échelle du pays de Bray, en Normandie et dans les Hauts-de-France.
Un dépliant a été réalisé en partenariat avec les chambres d'agriculture de Seine-Maritime et de l'Oise, le groupement régional des agriculteurs biologiques de Haute-Normandie (GRABHN) et l'association Lait Bio Bray. Conçu pour apporter de premières informations utiles sur le bio, il a été adressé à quelque 450 éleveurs laitiers du pays de Bray, en Normandie et dans les Hauts-de-France, par le PETR en association avec la communauté de communes du pays de Bray, dans l'Oise. Le dépliant fait la promotion des atouts de ce territoire situé aux portes de Paris et de son bassin de consommation.