Maïs : combiner les leviers pour lutter contre les adventices
Le maïs — qui représente 280 000 hectares en Normandie — est une culture sensible à la concurrence des adventices. Les conseillers de la Chambre d’agriculture de Normandie préconisent d’anticiper la gestion des adventices en intégrant l’ensemble des leviers agronomiques dès la préparation de la parcelle.
Le maïs — qui représente 280 000 hectares en Normandie — est une culture sensible à la concurrence des adventices. Les conseillers de la Chambre d’agriculture de Normandie préconisent d’anticiper la gestion des adventices en intégrant l’ensemble des leviers agronomiques dès la préparation de la parcelle.

Le maïs est une culture sensible à la concurrence des adventices en matière d’eau et d’éléments nutritifs particulièrement jusqu’au stade 10 feuilles et plus généralement tout au long de son cycle. Il apparaît donc nécessaire de réussir son désherbage, qu’il soit chimique, mécanique, voire les deux associés et cela le plus rapidement possible. Or, les levées échelonnées de graminées et vivaces, l’apparition et le développement de résistances aux herbicides ou encore les contraintes réglementaires sur certains usages compliquent la stratégie de désherbage de cette culture qui représente près de 280 000 ha en Normandie. Anticiper la gestion des adventices en intégrant l’ensemble des leviers agronomiques dès la préparation de la parcelle permet de mettre toutes les chances de son côté.
Quatre piliers pour un désherbage réussi
La réussite de son désherbage fait appel à une stratégie combinant quatre leviers :
- identification de la flore attendue dans la parcelle, de son pouvoir de nuisibilité et de l’éventuelle présence de plantes résistantes ;
- intégrer des leviers agronomiques pour anticiper ;
- alterner les modes d’action des herbicides afin d’éviter les résistances et de sélectionner une flore ;
- réaliser les applications d’herbicides dans les conditions les plus optimales possibles.
La combinaison de ces points est d’autant plus importante à mettre en place que vos parcelles sont en proximité de cours d’eau ou de captages afin de protéger la ressource en eau potable. Le respect des bonnes pratiques phytosanitaires et de la réglementation est indispensable.
Le ray-grass
En 2022, les Chambres d’agriculture de Normandie ont réalisé une enquête post-désherbage sur 230 parcelles de maïs. Un constat : le ray-grass est une adventice commune sur les territoires normands avec cependant une fréquence plus élevée dans l’Eure et la Seine-Maritime (jusqu’à 80 % des parcelles notées). Les secteurs bocagers se caractérisent par une flore plus diversifiée avec liserons, chénopodes ou renouées.
Anticiper le désherbage par des leviers agronomiques
La stratégie d’évitement consiste à diminuer la population initiale d’adventices dans la culture par la mise en place de différents leviers agronomiques adaptés à la parcelle :
La rotation avec si possible l’alternance de culture d’hiver et de printemps vient rompre le cycle de développement des adventices. L’allongement de la rotation sera d’autant plus bénéfique. De plus, vous pourrez plus facilement diversifier les herbicides utilisés sur la rotation et ainsi limiter l’apparition de résistances.
Travaillez votre sol en interculture, dès que cela est possible réglementairement (déchaumage, faux-semis...) afin de favoriser les levées de plantes annuelles et ainsi réduire le stock grainier d’adventices. Ces actions sont à réaliser dès que les conditions pédoclimatiques le permettent et le plus fréquemment possible dans la rotation.
En cas de fortes infestations, un labour occasionnel (tous les 2-3 ans, voire plus) permet d’enfouir en fond de raie de labour les graines de graminées et de profiter de la réduction assez rapide de leur faculté germinative.
Une stratégie herbicide à adapter selon la flore et les conditions climatiques
Plusieurs solutions sont possibles : prélevée, pré puis post-levée, post-précoce, tout en post. Il faut toutefois garder à l’esprit que l’efficacité de certains programmes peut être mis à mal selon les conditions météorologiques de l’année.
Le printemps 2022, très sec, a montré parfois les limites d’efficacité des herbicides de pré-levée en absence de pluie. Ces produits à action racinaire réclament en effet un sol suffisamment préparé et humide pour être pleinement actifs. De plus, ces produits utilisés sur sol nu au semis peuvent montrer une sensibilité au lessivage en cas d’orage ; il est donc préconisé de limiter leur usage, surtout à proximité de zones de captage ou de cours d’eau et de bien respecter les règles d’utilisation et de protection de la ressource en eau (bandes enherbées, ZNT eau, utilisation de buses anti-dérive entre autres).
Par ailleurs, le recours à ces produits racinaires se justifie surtout pour répondre à des problématiques bien spécifiques (ray-grass résistants, véroniques…) : organisation du temps de travai ou terres rendues difficiles à travailler mécaniquement.
Les applications de post-levées permettent de cibler au mieux la flore présente et d’adapter son programme de désherbage en conséquence. Intervenir sur des adventices jeunes (plantules) permet d’adapter ses doses d’utilisation de produits phytosanitaires.
Et pourquoi pas un désherbage combiné ?
Le désherbage combiné consiste à allier l’efficacité d’un herbicide (de pré ou de post-levée, selon la flore et les conditions pédoclimatiques) à un ou plusieurs passages d’outils mécaniques (bineuse, houe…).
Cette technique procure le plus souvent de bons résultats, notamment lorsque les conditions de réussite du binage sont réunies (voir tableau ci-dessous). Elle s’anticipe cependant dès le semis : préparation de sol affinée et nivelée, écartement entre rangs réguliers, semis le plus linéaire possible sont nécessaires à sa réussite.
Certains équipements permettent un usage d’herbicide sur le rang seulement puis un binage ; cette technique offre une réduction estimée à 60 % de la quantité d’herbicide utilisée à l’hectare, permettant une réduction de votre indice de fréquence de traitement.•
Retrouvez d’autres informations techniques sur le site des Chambres d’agriculture
de Normandie