Régulation du sanglier : tous les freins ont été levés (ou presque)
À l'initiative de la profession agricole excédée par les dégâts causés aux cultures, la réglementation relative à la chasse du sanglier est en perpétuelle évolution. L'objectif est clair, réduire drastiquement et durablement les populations de sangliers. Retour sur l'arsenal mis à la disposition des chasseurs et des agriculteurs.
À l'initiative de la profession agricole excédée par les dégâts causés aux cultures, la réglementation relative à la chasse du sanglier est en perpétuelle évolution. L'objectif est clair, réduire drastiquement et durablement les populations de sangliers. Retour sur l'arsenal mis à la disposition des chasseurs et des agriculteurs.






Le constat est unanimement partagé. Les populations de sangliers ont atteint de tels niveaux que sa gestion devient impossible. Les dégâts augmentent, au grand dam des agriculteurs et des fédérations de chasse au bord de la rupture financière. Pour tenter de sortir de cette situation, et notamment à la demande du syndicalisme majoritaire et des Chambres d'agriculture, tous les freins à la régulation ont été levés.
Ainsi, la période de chasse a été rallongée d'un mois. Le sanglier est donc chassable du 15 août au 31 mars. Ensuite, du 1er avril au 31 mai, le tir à l'approche ou à l'affût est possible, avec autorisation préfectorale (et déclaration obligatoire des prélèvements) au détenteur du droit de chasse. Les démarches sont à réaliser en ligne, sur le site demarches-simplifiees.fr. Enfin, du 1er juin au 14 août, tous les modes de chasse sont autorisés, toujours avec autorisation individuelle à formuler. Pour mémoire, sur cette période, les bracelets posés sur les animaux prélevés seront échangés gratuitement à condition que la déclaration de prélèvement ait été faite dans les 72 heures après le tir.
Tir autour des parcelles en cours de récolte
Pour compléter ce dispositif, la boîte à outils nationale a ajouté un dispositif, le tir du sanglier autour des parcelles en cours de récolte. Pour protéger les cultures - cette disposition a été rendue possible en Seine-Maritime à la demande de la FNSEA 76 -, le sanglier peut être chassé autour des parcelles en cours de récolte du 1er mai au 15 décembre, uniquement pendant la journée, soit une heure avant le lever du soleil et une heure après le coucher du soleil. Une demande préalable doit être faite sur le site demarches-simplifiees.fr. Le résultat de chacune des opérations de régulation et la copie de l'accord écrit doivent être communiqués par le titulaire du droit de chasse, dans les 72 heures à la FDC et à la DDTM. Le Schéma départemental de gestion cynégétique encadre strictement cette pratique, aux enjeux en matière de sécurité évidents. Ainsi, le texte prévoit que " les opérations se dérouleront sous la responsabilité des titulaires du droit de chasse qui devront s'assurer de la sécurité des opérations. À cet effet, lors du rond de début de battue, le responsable de la chasse donnera des consignes strictes sur la distance de tir à ne pas dépasser selon la configuration du terrain. Les chasseurs se posteront uniquement en dehors du périmètre de circulation des engins agricoles et ne devront en aucune façon tirer en direction de ces derniers, ni en direction des parcelles en cours de récolte. Aucune arme de chasse, même démontée à bord d'un engin agricole. La pose de panneaux "chasse en cours" avant l'action de chasse et le port de gilet fluo par les chasseurs sont obligatoires durant ces opérations de régulation. Il est nécessaire de disposer de l'autorisation du propriétaire des parcelles adjacentes pour les postés et tireurs ".
Le piégeage en test
Dernier-né des outils en matière de régulation, le piégeage du sanglier vient d'être autorisé par arrêté préfectoral sur l'unité de gestion K dites "Vertes clères". Comme toutes opérations de piégeage, cette pratique est réservée aux piégeurs agréés qui ont, en plus, suivi une formation spécifique. Une première session organisée par la FDC a ainsi réuni une quinzaine de piégeurs fin février. Si l'expérimentation est concluante dans ce secteur, le piégeage pourrait être généralisé à tout le département. Malgré tous ces outils, et en cas de dégâts, il est important de les déclarer. Dès l'apparition de ces dégâts, il convient de contacter la FDC ou de télécharger le formulaire de déclaration disponible sur son site internet. À réception de cette déclaration la FDC envoie un imprimé de déclaration (provisoire ou définitif) que l'agriculteur doit compléter et signer. Attention, cette déclaration, qui déclenchera le passage d'un estimateur, doit être renvoyée au moins 10 jours avant la récolte. Il est primordial d'attendre le passage de l'estimateur avant de récolter.
Prévenir les dégâts
Avant l'implantation d'une culture à forte valeur ajoutée ou si la parcelle est située dans une zone sensible (parcelle enclavée dans un bois par exemple), il est conseillé d'alerter en amont la FDC pour envisager des mesures de protection (effaroucheurs, clôtures...). De même, dès la survenue des premiers dégâts, et avant que la situation ne soit hors de contrôle, il est conseillé d'appeler la FDC et la DDTM pour envisager des mesures de protection voire de régulation administrative. La baisse des populations et donc des dégâts passeront par l'implication de tous, et en premier lieu des chasseurs pour accentuer les prélèvements. Les agriculteurs, en devenant eux-mêmes chasseurs, ou en anticipant davantage la survenue des dégâts, ont aussi un rôle à jouer pour faire baisser les dégâts.•