Le plan de relance en agriculture bat son plein.
En Normandie aussi, le plan de relance est enclenché et de nombreux agriculteurs ont répondu aux appels à projet. La chambre régionale d’agriculture a fait le point vendredi dernier.






Le plan de relance lancé fin 2020 était l’un des sujets à l’ordre du jour de la session de la chambre régionale d’agriculture (CRAN) du 12 mars, qui s’est tenue en visioconférence. Le préfet de Normandie et de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, a introduit les débats. Il a rappelé l’effort du gouvernement avec 1,2 milliard d’euros dédiés à l’agriculture dans le cadre de France relance.
21 mesures ont été ouvertes par Franceagrimer, dont certaines comme l’agroéquipement (779 dossiers déposés en Normandie) ont été victimes de leur succès et sont désormais fermées. Les dernières disponibles concernent la biosécurité et le bien-être animal, close le 30 avril, et les haies avec l’ambition de planter 7 000 km en deux ans en France. « Nous devons faire la promotion de ce plan pour qu’il soit pleinement utilisé », insiste le préfet.
Sébastien Windsor, président de la CRAN, a souligné la facilité des mesures « guichet » qui ont permis aux agriculteurs de répondre en nombre. Il a rappelé la visite récente du ministre de l’Agriculture en Seine-Maritime qui « se bat pour obtenir une enveloppe complémentaire au plan protéines végétales, ciblée vers les protéagineux », la premiere ayant été trop rapidement consommée (63 dossiers en Normandie).
Transition agroécologique
Par ailleurs, il explique que 70 % des agroéquipements pour la transition agroécologique financés dans le cadre du plan de relance étaient du matériel de substitution à l’utilisation des phytosanitaires. Un appel à projets « lutte contre le changement climatique » est encore ouvert, mais il concerne peu la Normandie – sauf l’Eure, la majorité des dossiers déposés étant des demandes de financement pour du matériel d’irrigation, afin de lutter contre la sécheresse. A noter que du matériel pour lutter contre le gel et la grêle peuvent aussi rentrer dans le dispositif, et intéresser des arboriculteurs.
Des recrutements en service civique
Sébastien Windsor a également annoncé le recrutement par la CRAN de cinq personnes en service civique - engagement volontaire de 6 à 12 mois ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans - « pour porter le message du plan de relance ». Ils interviendront aussi sur la promotion des métiers de l’agriculture et des plans alimentaires territoriaux (PAT), un vaste chantier, puisque d’après Caroline Guillaume, directrice de la Draaf, « Onze PAT sont bien avancés et 26 sont émergents en Normandie ». Travailler avec des jeunes, « c’est une expérience nouvelle pour nous et nous les attendons avec impatience, dans un mois », ajoute le président de la CRAN.
L’enveloppe sur les haies sera clôturée au 30 avril mais sera suivie d’un deuxième appel à projets du 1er mai au 1er octobre. L’un des services civiques communiquera sur le sujet. Sont concernés les exploitations agricoles et les propriétaires bailleurs de biens fonciers à usage agricole. La CRAN met en garde sur « le bon choix » des plants et donc de l’interlocuteur qui donnera les conseils.Une autre enveloppe concerne les petits abattoirs locaux, en volaille par exemple. Sébastien Windsor pense qu’une communication doit aussi être faite sur ces aides du plan de relance. Quant au bon bilan carbone (voir P3), qui concerne les jeunes agriculteurs, ils seront aussi mis en avant sur le terrain par les jeunes en service civique.
Retour d’expérience sur le bas carbone
La CRAN avait invité la chambre d’agriculture des pays de la Loire, ainsi que celle de l’Ile-de-France, pour parler de leur retour d’expérience sur les paiements pour services environnementaux (PSE), dans le but de créer une structure gestionnaire associative en Normandie. Dans les pays de la Loire, les organisations professionnelles agricoles ont créé Solenat pour assurer l’interface contractuelle avec les financeurs.
Ces contrats peuvent porter sur la biodiversité, ou la qualité de l’eau par exemple. Un point de vigilance a été relevé : si la Normandie créé une association, il faut faire attention à la notion d’utilité publique si des contrats sont rédigés pour conduire à une rémunération des agriculteurs. Il s’agit d’un marché naissant en France, mais structuré à l’international.
De l’avis des élus, les dispositifs expérimentés par les pays de la Loire et l’Ile-de-France sont intéressants car il ne s’agit pas de « réglementation » mais bien de choix, sur la base du volontariat et contre rémunération. En Normandie, la réflexion se poursuit. Au sein de la CRAN, un groupe « projet carbone » a été créé en 2020 et le groupe « changement climatique » a été renforcé en 2021. A noter qu’un groupe d’élus travaille sur le sujet depuis 2015.