Des tonnes de blé détruites en Bretagne
Un groupe d'activistes a mené le 19 mars une opération commando en Bretagne conduisant à la destruction d'une partie de 1 500 tonnes de blé. Cette exaction a été condamnée notamment par les responsables agricoles bretons et par l'AGPB ainsi que par le ministre de l'Agriculture.

Une cinquantaine d’activistes ont bloqué dans la matinée du 19 mars près de Pontivy (Morbihan) un train de céréales, contenant 1 500 tonnes de blé, pour une valeur d’environ deux millions d’euros, pour être transformées en alimentation du bétail. Ils ont dressé sur la voie ferrée un mur de parpaings et stoppé le convoi. Ils ont ensuite déversé une partie des wagons contenant ces céréales sur les voies puis se sont enfuis. Ces activistes se revendiquent du groupuscule collectif "Bretagne contre les fermes-usines" et bénéficient du soutien d’autres associations du même acabit : les amis du Canard réfractaire, Agri17 contre la réintoxication du monde, les soulèvements de la Terre mais aussi les Ami.e.s. de la Confédération paysanne, Extinction Rébellion Brest et Extinction Rébellion Bretagne. Ce sont d’ailleurs des congénères de ces dernières associations qui avaient attaqué et dégradé le stand de la FNSEA le 27 février dernier sur le Salon international de l’Agriculture. « C’est au nom de la défense d’une terre vivante et nourricière » que ces militants ont estimé devoir agir de cette façon. « Le système agro-industriel hors sol va droit dans le mur et nous devons le mettre à terre (…) Le système d’import-export fragilise et détruit localement des filières entières, mettant l’ensemble de la population dans une insécurité extrême », a déclaré le porte-parole du Collectif.
« Pseudo-rébellion »
Le Conseil agricole régional (Car) réunissant les instances agricoles bretonnes (FRSEA, JA, Chambres d’agriculture, CNMCCA) a dénoncé dans un communiqué de presse « une action scandaleuse de la part de militants déconnectés des réalités et agissant contre l’intérêt général ! ». Le Car s’est déclaré « scandalisé par l’inconséquence dont font preuve certains individus (…) » alors même que l’ONU redoute un « ouragan de famines » et des émeutes de la faim. Sur son compte twitter, le président de l’Association générale des producteurs de blé, Éric Thirouin a fustigé « un an de travail des agriculteurs réduit à néant », et s’est élevé contre « cette pseudo-rébellion totalement hors-sol (…) Les responsables doivent rendre des comptes ! », a-t-il martelé. L’interprofession céréalière, Intercéréales, a pour sa part dénoncé « une action intolérable » et a demandé une réunion d’urgence avec le ministre de l’Agriculture. Ce dernier s’est également indigné sur son compte twitter : « Simplement inadmissible ! Mais aussi totalement irresponsable : détruire des productions de céréales alors que beaucoup de pays en manquent en ce moment... c’est affligeant. La justice doit passer », a-t-il réagi. Ces 1 500 tonnes de céréales correspondent peu ou prou à 6 millions de baguettes. Le "collectif" envisage « d’autres sanctions dans les prochaines semaines ». Il s’est donné rendez-vous dans un élevage porcin à la fin du mois d’avril. En attendant, « plusieurs plaintes ont été déposées », a fait savoir la préfecture de Morbihan.