Un chèque-conseil pour établir une stratégie
Être conseillé pour un changement d’orientation, lors de son installation ou tout simplement pour une meilleure rentabilité. Beaucoup d’agriculteurs en rêvent. La Région le fait en proposant de financer 80 % du coût de la prestation.

Cent euros, 200 euros ou même 550 euros. Le montant et le nombre des chèques-conseils distribués par la région Normandie a peu d’importance mais montre le succès du procédé. Le 19 octobre, Clotilde Eudier, vice-présidente de la région Normandie, remettait le deux centième à la SCEA la Haizerie à Vaux-sur- Aure (14) devant un parterre de journalistes. « Le chèque-conseil est un financement par la région Normandie à hauteur de 80% du montant de la prestation avec un plafonnement à 1 500 euros (sur un prix de conseil de 2 300 euros environ) pour un conseil auprès de l’agriculteur, sous condition de demande préalable. Cette nouvelle politique de la Région existait déjà en Basse-Normandie et s’étend désormais en Haute-Normandie. Le conseil peut autant concerner l’installation d’un jeune agriculteur que l’optimisation des ressources pour être plus compétitif. » C’est sur ce deuxième point que Bernard Leclercq, le responsable de l’exploitation de la Haizerie a fait appel aux conseillers de « Faire France ». Au total,
35 structures de conseil sont agréées par la Région avec plus de 230 prestations de conseil : changement d’orientation, gestion des risques, ressources humaines...
« Dans cette ferme, nous avons programmé 5 visites. Nous en avons déjà effectué 3, et identifié les secteurs de dépenses. Nous avons alors préconisé quelques changements, par exemple, sur la ration du troupeau, les soins auprès des animaux, et tenté de faire un plan de pâturage tournant dynamique... », explique Rémy Brillon, conseiller technique.
« Il faut mettre en place ces modifications et voir à terme le résultat ».
La Haizerie, une ferme atypique
Chaque ferme est différente. Celle-ci a bien des particularités. Acquise en 2005 par la Mutualité Française Normandie, elle accueille une vingtaine de salariés en situation de handicap psychique. « La ferme est gérée par l’ESAT La passerelle verte qui a également un site à Ifs. C’est un concept innovant qui permet une réinsertion par le travail, mais qui fonctionne comme toutes les fermes de vaches laitières », présente Erika Delsahut, directrice de la Mutualité Française Normandie.
En 2010, l’ESAT s’est également ouverte au public et a lancé une fabrication de glace artisanale.
« L’idée est de visiter la ferme et de manger une glace, ou l’inverse ! », sourit Bernard. Agriculteur en Gaec « dans son ancienne vie », le responsable ne regrette pas du tout son choix aujourd’hui.
« C’est difficile d’encadrer ces personnes qui peuvent être très fragiles. Il faut être à leur écoute, être très vigilant mais c’est tellement enrichissant de donner aux autres ! » Au total, entre les 340 hectares de terres et les 140 vaches laitières, l’atelier de glaces et la production de 35 000 litres/an de sorbets, les visites guidées de la ferme... 22 personnes et
6 encadrants travaillent sur l’exploitation. Mais ici aussi, crise laitière et réalité économique du marché ont affaibli la ferme. Pour y répondre, les dirigeants ont opté pour un conseil. « Les agriculteurs ont aujourd’hui des obligations de rentabilité et ils ont besoin d’être armés », affirme Clotilde Eudier. La région tente de les y aider. « L’objectif de la Région Normandie est d’accompagner 1 000 exploitations normandes chaque année vers une meilleure performance économique et une plus grande autonomie, et multiplier par deux la diversification des activités agricoles, soit 20 % des exploitations. Nous avons décidé d’aider 300 nouveaux agriculteurs à s’installer par an. » Pour ce faire, un budget annuel d’un million d’euros sera débloqué pour distribuer ces chèques-conseils.