Soin des veaux : hygiène et alimentation sont la clé
Pour ses réunions hivernales, le GDMA a choisi le sujet : prendre soin de ses jeunes pour moins de maladies.
Pour ses réunions hivernales, le GDMA a choisi le sujet : prendre soin de ses jeunes pour moins de maladies.

Le 9 janvier dernier, Martine Vanbelle, vétérinaire conseil du groupement de défense, a tout de suite annoncé des chiffres : en Normandie, la mortalité des veaux de moins de 8 jours est de 8,2 % alors que la moyenne nationale est de 6,7 %. " En Normandie, un veau sur dix en allaitant n'atteint pas l'âge d'un an ". L'intérêt est donc grand d'avoir des veaux en bonne santé. Car si ce ne sont pas eux qui rapportent de l'argent, ce sont eux qui assurent l'avenir du troupeau.
Assurer le renouvellement
" Le but de l'éleveur est d'avoir du lait et des vaches allaitantes qui font des veaux tous les ans. Donc pour cela il faut des animaux en bonne santé, pouvoir les mettre à la reproduction au bon âge et dans de bonnes conditions, a-t-elle précisé. Mais il faut aussi avoir assez de renouvellement. Si vous perdez des veaux, le renouvellement peut devenir insuffisant et cela peut être très pénalisant. Quand il y a des problèmes sanitaires dans un élevage, il y a souvent un besoin de renouvellement accru. S'il n'y a pas assez de renouvellement, la réforme risque de ne pas se faire comme l'éleveur le souhaite, en gardant des vaches à problème. Il est important d'avoir assez de veaux pour garantir la santé de l'élevage de manière générale. De plus, s'il a assez de veaux, l'éleveur est moins tenté d'aller acheter ailleurs. Les éleveurs qui sont dans le besoin et qui achètent augmentent le risque de faire entrer des complications dans leur troupeau ".
Assurer son propre renouvellement en gérant bien ses veaux est donc primordial. Les éleveurs qui ont très peu de mortalité se posent moins la question de la réforme s'il y a des soucis sanitaires. Il vaut mieux avoir du renouvellement pour avoir le luxe de choisir.
En élevage allaitant, dès les premiers jours de vie, ce sont plutôt les mâles qui meurent. Les suites de vêlage sont la principale cause de mortalité sur les jeunes veaux. Les mâles, souvent plus osseux, donnent plus de souci au vêlage.
Chez les laitiers, la période la plus compliquée se situe jusqu'à 6 mois. À partir de 8 jours, il y a autant de mortalité chez les mâles et femelles. Les diarrhées durant les trois premières semaines de vie sont la principale cause de mortalité.
" Pour les élevages laitiers, les niches individuelles sont à privilégier durant les trois premières semaines de vie ", a ajouté Martine Vanbelle qui insistera tout au long de son exposé sur l'importance de la désinfection des niches à veau.
À noter que la niche individuelle est sur la sellette au niveau européen pour des raisons de bien-être animal. " Au niveau des GDS, nous avons des représentants nationaux qui se battent contre cela en mettant en avant l'argument sanitaire, en plus de la survie des élevages ".
Des seuils à connaître
Avoir quelques notions d'indicateurs d'alerte peut permettre de réagir plus précocement. Il y a des seuils qui doivent alerter l'éleveur. Par exemple si 20 % des génisses du troupeau laitier ont des problèmes de mise bas. Sur les vaches, on descend à 10 %.
Avoir plus de 2 % de veaux morts dans les 48 heures de vie, n'est pas normal : souvent la diarrhée colibacillaire est responsable. De cause bactérienne (E. coli), le maintien d'un environnement propre au vêlage est nécessaire, ainsi que la désinfection du nombril.
Concernant les diarrhées, il faut regarder le nombre de veaux malades dans son élevage : le seuil critique est de 20 %. Et il faut essayer de ne pas dépasser les 5 % de mortalité.
Sur les gros nombrils et les problèmes respiratoires, un taux supérieur à 20 % doit alerter. Mais en matière de mortalité il ne faut pas dépasser les 2 %.
" En allaitant, quand il y a un veau malade, il faut s'inquiéter assez vite. Les vêlages étant groupés, il faut être très réactif. Un taux au-delà de 5 % de diarrhées chez les veaux doit faire réagir très vite. Il ne faut surtout pas attendre que le problème soit installé dans l'élevage ".
L'hygiène et l'alimentation sont la clé. Le colostrum doit être pris dans les 6 heures qui suivent la naissance. Il est important qu'il soit de bonne qualité, riche en protéines. Sa richesse nutritionnelle peut être mesurée avec un réfractomètre. En laitier, ce qui est important est de surtout privilégier un sevrage quand le veau pèse au minimum 90 kg. Il y a évidemment un critère d'âge pour le sevrage mais Martine Vanbelle insiste aussi sur le critère poids.
Post-sevrage : des fibres grossières
La ration du veau laitier sevré c'est du lait, de la fibre grossière (paille ou foin), de l'eau et des concentrés (2 kg pour que la panse travaille bien). Le lait doit être distribué à 40 °C, dans du matériel propre. " En hiver, si le petit veau est dans un environnement défavorable, avec des gros écarts de température et de l'humidité, il ne faut pas hésiter à augmenter les quantités car il dépense plus d'énergie à se réchauffer. Les seaux doivent être nettoyés tous les jours et leur désinfection doit être faite une fois la semaine, surtout quand il y a des soucis dans l'élevage. Malgré son prix, le taxi lait est un bel outil ".
La prise régulière des repas est plus favorable au bon fonctionnement de la gouttière œsophagienne. Concernant le lait entier, pour les futures femelles laitières, il faut éviter le lait de vaches à mammites ou à cellules. Dans les élevages qui ont la paratuberculose, on ne donne pas le lait aux femelles, mais il est possible de pasteuriser le lait entier.
Sur le lait en poudre il est important de regarder les étiquettes pour les concentrations : " à base de lait écrémé, il se distribue en deux repas par jour et favorise la fabrication du caillé. La digestion se fait plus calmement et les veaux ont en général une meilleure croissance. Ils mangent peu de concentrés car la caillette est toujours bien remplie ".
À base de lactosérum, il se distribue en une seule fois et la digestion est plus rapide. Sur des veaux qui vont bien, il n'y a pas de souci. Mais s'il y a des coups de froid ou des passages de crypto, la caillette travaille plus et les veaux ont plus vite faim. Ils vont donc aller plus vite manger de la fibre ou des concentrés.
" Sur le post-sevrage, pour moi, la fibre est la plus importante car c'est ce qui permet de développer la panse. Le risque d'un apport de fibre insuffisant est l'acidose qui favorise la coccidiose. En case collective, il ne faut pas oublier le seau d'argile qui va protéger leurs muqueuses digestives ".
" Sur les petits veaux allaitants, globalement cela se passe bien mais la chose la plus importante est l'accès à l'eau, surtout quand il fait chaud. Souvent les abreuvoirs sont trop hauts. En laitiers, pour les veaux de moins de 6 mois, il faudrait mettre les veaux par lot de 5 à 7, pas plus. Passer 6 mois, on peut augmenter les effectifs. L'idéal est d'avoir des lots homogènes en âge avec un écart maxi de 15 jours. Ce n'est pas facile en laitier mais si on peut le faire, c'est intéressant ".
Désinfecter les niches à veau et vacciner
" Quand le veau quitte la niche individuelle, il faut curer, laver, désinfecter et faire un vide sanitaire. Quand il y a beaucoup de vêlages, la désinfection sera à privilégier si le vide sanitaire n'est pas possible. Attention à une litière au-dessus de 38 °C ".
En complément d'une bonne prise colostrale, d'une bonne gestion de l'alimentation, d'un nettoyage et d'une désinfection régulière, d'une bonne ventilation du bâtiment, la prévention vaccinale (contre diarrhée et bronchopneumonies) ainsi que la gestion parasitaire (coccidiose et strongles) ne doivent pas être oubliées.•