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Syndicalisme JA. à chaque époque, ses combats

Ils ont été JA dans les années 50, 70 et 90. L’Union agricole a recueilli leurs souvenirs sur les conquêtes syndicales de leur temps.

Michel Ledru. « Malgré des avis parfois différents, il y avait un esprit JA »

Michel Ledru, ancien président de l’Union syndicale agricole, a rejoint les Jeunes agriculteurs en 1954.
« Mon souvenir le plus ancien sont les Journées de la motoculture que les JA organisaient. A l’époque, l’idée était de montrer les nouveautés mécaniques. C’était l’arrivée du relevage hydraulique. Nous en étions à la charrue bisoc et le plus gros tracteur faisait 50 chevaux ! Cette journée attirait beaucoup de monde. Dans le même esprit, nous avons eu les concours de labour. Ils existaient déjà avec les chevaux et les JA les ont toujours entretenus pour montrer l’importance de la qualité du travail et l’évolution du matériel. Dans nos rendez-vous annuels, nous avions autant de réunions techniques que de réunions syndicales », se rappelle Michel Ledru qui a été président des JA de Seine-Maritime.

Combats syndicaux

Dans les combats menés en faveur du monde agricole, Michel Ledru se souvient particulièrement de celui concernant les aides à l’installation avec l’obtention du prêt JA : « Je me suis installé en 1961 sur la ferme familiale de Bosc-Guérard. J’ai pu bénéficier d’un prêt JA à 2 % qui m’a aidé à reprendre les 45 hectares. La mise en place de ce prêt était une conquête des JA pour pouvoir suivre les évolutions techniques. Emprunter n’était pas du tout dans l’air du temps. On achetait quand on avait assez d’économies. Mais c’est devenu une nécessité en agriculture pour se développer. Pour ma part j’ai vécu toute ma vie professionnelle en empruntant ».
Dans ses souvenirs, il y a aussi le rôle que les JA ont eu sur la fameuse indemnité viagère de départ (IVD). Nous sommes en 1962. L’IVD était attribuée aux agriculteurs de plus de 65 ans acceptant d’abandonner leurs terres à des jeunes agréés par la commission des structures. « Je pense que cela a été une très bonne chose car elle a permis aux propriétaires exploitants qui restaient à la tête de leur exploitation, faute de revenus suffisants, de se retirer. Pour beaucoup cela a permis de doubler leur maigre retraite tout en libérant des exploitations pour les jeunes générations. Cette indemnité a également évité les agrandissements incontrôlés. Sans IVD et commission des structures, nous aurions pu assister à des développements brutaux au bénéfice de quelques-uns », pense Michel Ledru qui était représentant JA à la commission des structures à l’époque.
Au sein de la commission des structures, Michel Ledru se souvient de discussions parfois mouvementées. L’une d’entre elles, à laquelle les JA ont largement pris part, concernait le débat entre ceux qui défendaient l’augmentation du prix des produits agricoles et ceux qui défendaient l’évolution des structures. « Nous les JA, étions pour l’évolution des structures alors que la FNSEA était plus en faveur de l’évolution des prix agricoles. Nous avons eu de nombreux débats sur ce sujet dans les réunions cantonales. Quand je suis devenu président de l’Union syndicale agricole (ancien nom de la FNSEA 76, NDLR), ce débat s’est poursuivi et j’ai toujours essayé de rappeler l’importance des hommes au sein des exploitations agricoles ».

L’homme au cœur des exploitations

Pour Michel Ledru, cet aspect humain était capital et il rappelle que c’est la raison pour laquelle les JA ont toujours encouragé les formations. « Nous avons toujours encouragé la formation générale qui pour moi est primordiale car elle permet de ne pas s’enfermer dans la technique du moment. La formation générale permet une ouverture. »
« Au sein des groupes, nous avions des avis différents mais il y a toujours eu un esprit JA qui nous a permis de ne jamais tomber dans la division car il n’y a jamais eu de politisation. Malgré des divergences, nous étions tous d’accord sur de grandes lignes : la nécessité de la diversification et du travail en commun »
Michel Ledru se souvient aussi des manifestations qui étaient organisées tous les ans en avril, au moment où Bruxelles fixait les prix agricoles. Il se rappelle bien des actions sur le port du Havre pour empêcher le débarquement de porcs chinois ou de viande argentine.•

 

François Fihue. « Nous apprenions notre métier de syndicaliste adulte chez les JA »

François Fihue a été président des JA de Seine-Maritime dans les années 70. 
« à l’époque, nous étions dans une très grosse dynamique JA, il y avait 600 adhérents en Seine-
Maritime ! », se souvient-il.
« Nous avons mené des animations importantes telles que le championnat de labour mais ce rendez-vous c’était aussi notre rentrée syndicale avec la présentation de notre programme, des enjeux à défendre et des actions à mener sur ce que l’on voulait faire évoluer ».

Niveau de formation et revenu minimum d’installation

Deux grands combats ont marqué François Fihue : « La Seine-Maritime a été le premier département à rendre obligatoire la formation de niveau IV agricole pour l’installation. Cela a été très important car il a fallu que l’administration joue le jeu et, à cette époque, elle avait de la marge de manœuvre. Je me souviens bien de Pierre Picard qui a fait toute sa carrière à la DDA de Seine-Maritime et qui connaissait tous les agriculteurs du département. Tout cela a permis, avec Michel Teyssedou, président du CNJA à l’époque, de faire évoluer l’installation en France ». Le second combat important est la proposition qu’ont fait les JA en faveur d’un revenu minimum d’installation qui intégrait le rôle important du salariat. « Nous avons eu beaucoup de difficulté à faire intégrer cet aspect humain. Nous demandions à ce que l’on tienne plus compte de la qualité du projet d’installation que de la surface. Nous instruisions les dossiers dans cette logique. Cela a été une petite révolution ».
« On râlait très fort mais on proposait. » à l’époque, François Fihue se souvient que le jeune venait défendre son projet d’installation en commission. « C’était une espèce de grand oral. J’ai de bons souvenirs de ce combat car cela nécessitait une forte implication de tous, en particulier de l’administration et de la banque. Il y avait du monde en commission, les échanges étaient nombreux et on se déplaçait sur le terrain. On négociait pour les jeunes auprès des propriétaires. Nous allions loin dans l’accompagnement des jeunes. Il y avait environ 160 installations par an ».

La force du réseau

Comme Michel Ledru, François Fihue souligne un activisme très actif mais bon enfant : « Nous menions un vrai combat syndical mais nous n’étions jamais dans l’agressivité. Nous étions capables de faire beaucoup de bruit mais nous étions toujours force de proposition, en particulier en faveur de la formation et de l’accompagnement des jeunes. Notre base syndicale, forte, permettait d’avoir de grandes mobilisations. Je rencontre encore des gens qui me parlent des actions que l’on a mené il y a 50 ans ! ».•

 

Guillaume Eudier. « Le CDJA c’est imaginer des évènements médiatiques et fédérateurs »

Guillaume Eudier, éleveur laitier à Hautot-Saint-Sulpice, a été président du CDJA 76 en plein cœur de la réforme de la Pac. 
« On nous a expliqué qu’il y aurait passage d’une aide à la production vers une aide compensatoire à la surface. La conséquence était l’obligation de jachère. 15 % à l’époque, ce n’était pas rien et c’était inconcevable pour nous. Être payé à ne rien faire. Nous étions à l’époque à la recherche de nouveaux débouchés pour l’agriculture, l’éthanol par exemple, et on nous demande de réduire les volumes avec les jachères ! On voulait produire, nous étions dans une logique économique. Nous avons manifesté, rencontré des élus. Avec le recul, on s’est rendu compte que c’était déjà décidé au niveau européen et que nous ne reviendrions pas en arrière. D’où l’importance de s’engager dans les structures pour être informé le plus tôt possible », explique Guillaume, aujourd’hui président du GDMA.

Une sorte d’immunité

Pour lui, la structure JA est idéale pour des actions coup de poing : « nous avons bloqué des camions pour manifester notre désaccord sur l’importation de viande. Nous avons évincé les renseignements généraux plus d’une fois. Nous n’avions pas beaucoup de limites, nous avions une sorte d’immunité, dans le respect des hommes et des biens bien sûr. Le CDJA donne une légitimité pour rencontrer ceux qui décident et leur dire ce qui ne va pas. Ces derniers savaient qu’il valait mieux nous recevoir et nous écouter car pas grand-chose nous impressionnait ! ».
Une autre action marquante a concerné le prix du lait. « Nous avions décidé de relier Bois-Guillaume à Fécamp en marchant, accompagnés d’une vache. C’était une action médiatique, nous visitions les industriels sur notre trajet, CLHN et Senoble, et rencontrions les chefs de rayons de la grande distribution. Nous voulions une action revendicative pour alerter sur le prix du lait mais bon enfant. Elle a été très bien perçue. Cela était également une façon de capter les jeunes du département ».

Beaucoup d’imagination

« Notre enthousiasme et notre naïveté nous aidaient à mettre en place des actions médiatiques, à imaginer autre chose. C’est cela le CDJA : imaginer des évènements médiatiques et fédérateurs. L’organisation du concours de labour et du Festival de la terre sont de bons exemples qui permettent aux équipes de travailler ensemble ».
« Le CDJA, c’est aussi très formateur en matière de communication. Parmi les adhérents au CDJA de mon époque, beaucoup ont aujourd’hui des responsabilités : Patrice Faucon, Édouard Aubry, Arnold Puech d’Alissac, Grégoire Petit, Jocelyn Pesqueux… Cela simplifie aussi beaucoup nos relations entre OPA car on se connaît ».•

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