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Se faire remplacer, c’est possible et à un coût très incitatif

Congé maternité ou paternité, arrêt maladie, formations, vacances… En adhérant au Service de remplacement de Seine-Maritime (SR 76), les chefs d’exploitation en polyculture élevage disposent d’un agent du service de remplacement pour de nombreux motifs et bénéficient pour ce faire d’aides financières variées qui abaissent sérieusement le montant du coût horaire de remplacement. Explication.

Créés pour aider les agriculteurs à faire face à la continuité de leurs travaux lors de coups durs, les services de remplacement (associations loi 1901), chapeautés par une organisation nationale, ont élargi leurs compétences pour améliorer la qualité de vie des exploitants au gré des avantages sociaux acquis. 
Dans le détail, le service de remplacement (SR) a pour mission de proposer des salariés appelés “agents de remplacement” à ses adhérents et à leurs ayants droit (membres salariés ou non salariés de leur famille travaillant sur l’exploitation) qui souhaitent ou qui sont contraints de quitter momentanément leur exploitation.
Le bien-fondé d’un tel service n’est plus à démontrer comme en attestent les chiffres. Dans le département, le SR 76 « ce sont, en 2022, 4 860 journées de remplacement, 325 chefs d’exploitations (dont 96 femmes) qui se sont fait remplacer, 784 exploitations qui ont adhéré au service et 150 agents qualifiés qui interviennent sur tout le territoire », souligne en introduction Jean-Marc Morel, président du Service de remplacement de la Seine-Maritime et chef d’exploitation, avant d’ajouter : « Certains agriculteurs pensent encore que ce service n’est pas à leur portée financièrement alors qu’avec le crédit d’impôt et les aides des différents organismes, le reste à charge est dérisoire » (voir tableau) ». Et puis il convient de ne pas oublier que « dans le monde de l’élevage laitier, on s’est battu pour aller chercher ses aides, notamment auprès du Département qui nous a beaucoup soutenus, qu’il faut continuer à les utiliser, sans quoi un jour elles risquent de disparaître », insiste-t-il. 

Dans quelles situations ?

Moyennant 140 euros la première année d’adhésion (droit d’entrée + cotisation annuelle), puis 70 euros les années suivantes, tout chef d’exploitation ou d’entreprise agricole peut se faire remplacer par un agent missionné par l’association. 
« Une semaine de remplacement est facturée en moyenne 1 200 euros, qui peuvent faire l’objet d’aides diverses émanant de la MSA, du Département, du Casdar mais aussi d’un crédit d’impôt à hauteur de 1 300 euros par an, explique Morgane Fourneaux, animatrice du SR 76, basée à la Chambre d’agriculture de Bois-Guillaume. Ce crédit d’impôt, créé en 2006 pour partir en congés, a été étendu aux congés pour maladie et accident du travail (dispositif reconduit jusqu’à fin décembre 2024). Par ailleurs, depuis 1980, Groupama propose un contrat d’assurance Service de remplacement en cas de maladie ou d’accident ».

Une souplesse dans son utilisation

Pour l’agriculteur, faire appel au service de remplacement s’avère très simple. « Pas de contrat à faire, pas de déclaration d’embauche et pas de fiche de paie. Le SR 76 s’en charge et lui adressera une simple facture en retour sur laquelle sera imputée la prise en charge des aides afférentes », détaille Morgane Fourneaux. « En revanche, et c’est très important, renchérit Jean-Marc Morel, l’agent déclaré est bien couvert en cas d’accident. Et puis il a des avantages sociaux qui s’avèrent intéressants : mutuelle et frais de déplacement ». Le seul impératif du côté de l’exploitant est d’être en règle au niveau de son Duerp (document unique d’évaluation des risques professionnels), qui, rappelons-le, lui permet de recenser les dangers, poste par poste, auxquels sont exposées les personnes qui viennent travailler sur son exploitation pendant l’exercice de leur mission.

En recherche d’agents de remplacement

Inutile de le cacher, la main-d’œuvre comme dans de nombreux secteurs d’activité est difficile à trouver. Le SR 76 est confronté aux mêmes difficultés que Pôle Emploi pour trouver des agents. Et certaines fois, dans l’impossibilité de répondre simplement à toutes les demandes. « Nous travaillons bien évidemment à résoudre ce point épineux et nous appelons d’ailleurs les chefs d’exploitations sur le terrain à nous faire part de leurs besoins de remplacement le plus en amont possible pour planifier au mieux les nécessités de chacun »
« Au fil des ans et parce que la sociologie du monde agricole change, les profils d’agents qui viennent à nous ont évolué. Beaucoup ne sont pas issus du monde agricole mais ont pas mal d’enthousiasme (voir le témoignage d’Emmanuelle Comboast”), reconnaît Jean-Marc Morel. C’est aussi à nous de nous montrer plus ouverts. Et cela d’autant que le SR peut prendre en charge des heures de formation effectuées par l’agriculteur sur tel ou tel poste de travail, ce qui contribue à le tranquilliser, de même que le nouvel agent, et permet de donner quelques perspectives d’évolution qui ne sont pas à négliger pour le devenir de cet agent dans le métier »

Mise en place d’une départementalisation du service

Aujourd’hui, le ministère de l’Agriculture a demandé aux différents services de remplacement de l’Hexagone de définir une approche plus stratégique de leur fonctionnement en confortant leur rôle d’utilité sociale. Le SR 76 s’organise actuellement en ce sens et ses six agences locales (voir carte) qui émaillent le territoire seinomarin sont en train de converger vers une politique de départementalisation qui devrait être pleinement effective à la rentrée prochaine, l’objectif étant bien évidemment d’accroître sa professionnalisation et de répondre aux nouveaux besoins exprimés avec une main-d’œuvre adaptée. C’est donc d’ores et déjà le SR 76 basé à la Chambre d’agriculture de Bois-Guillaume qui réceptionne les demandes d’agents et gère les plannings. 

En recherche d’Une visibilité accrue

C’est aussi dans le cadre de cette politique de départementalisation que le SR 76 s’associe aux actions de promotion de l’emploi et des métiers menées par la profession agricole et travaille avec les partenaires sociaux sur l’adaptation du statut collectif proposé aux agents de remplacement.  « Nous harmonisons ainsi nos prestations et nos pratiques pour une meilleure couverture des besoins sur tout le territoire. Nous travaillons également à une meilleure visibilité de ce que nous sommes et de ce que nous offrons. Nous cherchons ainsi à nous faire davantage connaître en intervenant dans les différents types d’établissements scolaires de la Seine-Maritime, car il y a là un potentiel de jeunes susceptibles d’être intéressés pour faire leurs armes avant de s’installer », conclut le président. • 

 

Emmanuelle Comboast, 
45 ans, agente de remplacement depuis 7 ans

« Je ne viens pas du tout du monde agricole. Il se trouve qu’à 36 ans j’ai suivi mon conjoint et que nous nous sommes installés avec nos deux enfants de 10 et 14 ans dans un petit village du pays de Caux. J’ai à la base un BTS Action commerciale et j’avais travaillé jusqu’à mon installation en milieu rural dans des entreprises “classiques”, à des postes plus ou moins intéressants. En arrivant à la campagne, j’ai eu l’envie de faire autre chose et c’est en discutant avec des voisins agriculteurs que l’idée à germer... J’ai toujours aimé les animaux et les besoins de remplacement en traite sont tellement importants que je n’ai eu aucun mal à trouver une première exploitation qui m’a tout de suite déclarée via le service de remplacement et m’a formé très rapidement. Ce polyculteur éleveur laitier prenait une semaine de vacances. Il a passé deux premières journées avec moi, m’a expliqué le fonctionnement de sa salle de traite et m’a présenté ses 68 vaches laitières, une à une. Il les connaissait toutes, cela m’a fasciné... Ce qui m’a aussi tout de suite plu, malgré une légère appréhension de ce nouveau métier, c’est qu’il avait bien préparé mon arrivée. Il m’a fait faire le tour de la ferme et avait rédigé un petit document à mon attention pour lister tout à la fois les arrivées d’eau, le lieu du compteur, l’organisation de la salle de traite, l’emplacement et l’utilisation des outils machines, etc. Je me suis sentie “attendue” comme jamais professionnellement. Aujourd’hui j’interviens encore chez lui durant ses vacances, ou ses absences pour formation, et je suis venue remplacer sa femme, installée en Gaec avec lui, durant ses congés maternité. Depuis, j’interviens aussi sur quatre autres fermes situées autour de chez moi, en alternance, très différentes puisque deux d’entre elles ont des robots de traite. Ce style de vie professionnelle, certes décalé mais qui me permet d’être très autonome, me convient parfaitement. »

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