Loi Egalim : Agnès Pannier-Runacher à l'écoute
La ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture était en Seine-Maritime, le lundi 25 mars pour évoquer la loi Egalim. Si la ministre n'a pas fait d'annonces, elle a surtout entendu les acteurs sur cette loi, en perpétuelle évolution.
La ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture était en Seine-Maritime, le lundi 25 mars pour évoquer la loi Egalim. Si la ministre n'a pas fait d'annonces, elle a surtout entendu les acteurs sur cette loi, en perpétuelle évolution.

Il faut croire que la Seine-Maritime est un territoire propice à la visite ministérielle. Après Marc Fesneau, c'est au tour de la nouvelle ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher de s'arrêter dans le département. Plus précisément, la visite s'est déroulée à Allouville-Bellefosse au sein du Gaec de la ferme du chêne, mobilisé à la dernière minute pour accueillir la délégation. Pour ce déplacement, Agnès Pannier-Runacher a souhaité évoquer la loi Egalim. Jocelyn Pesqueux, membre du Gaec, trésorier de la FNSEA 76 et particulièrement impliqué dans la filière laitière a rappelé les enjeux de cette loi et ce qu'elle a apporté depuis sa mise en place. " Indéniablement, la loi a favorisé le rééquilibrage du rapport de force dans les filières ", souligne l'éleveur. La construction du prix en marche avant, à partir des coûts de production, clef de voûte de la loi, a effectivement permis de ramener quelques euros dans les élevages par une meilleure répartition de la valeur. " Si la loi a globalement eu des effets positifs, il faut aller plus loin en généralisant la référence aux coûts de production fixés par les interprofessions ", insiste Jocelyn Pesqueux. Il faut aussi, comme cela existe dans certaines filières, "encourager les contrats tripartites entre producteurs, transformateurs et distributeurs". L'exemple de la contractualisation en viande opérée par Lidl montre que " cette formule est possible et qu'elle fonctionne ", précise Bruno Ledru, président de la FNSEA 76. Les enjeux de cette juste rémunération sont essentiels insiste Laurence Sellos, présidente de la Chambre d'agriculture, " d'abord pour la souveraineté alimentaire mais aussi pour assurer le renouvellement des générations ". Pour illustrer ce propos, Jocelyn Pesqueux rappelle qu'une hausse de 1 centime sur un yaourt entrainerait une hausse du prix de la tonne de lait de 80 euros à la production.
Le rôle de la restauration hors foyer
L'autre levier à actionner est la restauration hors foyer. La ministre annonce attendre beaucoup des acteurs pour qu'ils respectent davantage la loi et notamment les objectifs de 50 % de produits bio, de qualité et durables dans leurs offres alimentaires. Le ministère, rappelle Agnès Pannier-Runacher " a écrit aux collectivités pour les inciter à faire plus mais il a aussi édité un guide pour les accompagner dans la rédaction de leurs cahiers des charges ". Pour Laurence Sellos, présidente de la Chambre d'agriculture, il faut effectivement mieux accompagner les collectivités, la chambre le fait) mais aussi élargir la gamme des produits permettant d'atteindre l'ambition des 50 % de produits bio et durables. " Il y a beaucoup de produits qui ont des cahiers des charges en Normandie, dont certains mériteraient d'être considérés comme permettant de remplir cet objectif de 50 %", insiste Laurence Sellos. La discussion, ouverte à la presse, et à laquelle ont participé des élus locaux, a permis de dresser un panorama assez large de la loi, de ce qui fonctionne, et de ce qui reste à améliorer. Bruno Ledru, président de la FNSEA 76 a appelé le gouvernement à en faire plus pour la faire appliquer. " On a demandé aux agriculteurs français d'opérer la montée en gamme, parfois en les privant de moyens de production. Ils l'ont fait, à l'État maintenant de faire en sorte que ces efforts soient valorisés et concrétisés en euros dans les exploitations ", interpelle le président de la FNSEA 76.
Moyens de production
Profitant de cette visite ministérielle, Reynald Fréger, membre du bureau de la FNSEA 76 et président de la CGB 76 a appelé la ministre, en s'appuyant sur l'exemple de la betterave, à s'emparer du sujet phyto rapidement. " Il y a en France, trop d'impasses techniques dans certaines filières et des distorsions de concurrence avec les producteurs européens intolérables et en contradiction avec les ambitions de souveraineté alimentaire portées par le gouvernement ". En réponse, la ministre a annoncé " qu'elle conduisait des réflexions filière par filière pour tenter d'identifier les impasses et les solutions à envisager ". Elle ajoute que l'ambition de réduire l'utilisation des phytos, au nom de la "défense de la biodiversité, du climat, de l'eau ou encore de la santé reste une préoccupation majeure". Pour Bruno Ledru, "si l'objectif est louable, il faut à tout prix maintenir l'équilibre entre production et préservation, en appelant au pragmatisme, au bon sens et à la science pour bâtir des solutions ".•