Les grandes forêts redeviennent un placement financier
En 2016, le marché de la forêt a été marqué par les ventes de grands domaines mais aussi par celles des très petites parcelles, selon la Société forestière de la Caisse des dépôts qui a fait le bilan de l'année, le 17 mai.

«La forêt présente d'autres intérêts que la valeur du bois », a affirmé Jean-Luc Desbrosses, président de la Safer Bourgogne-Franche-Comté, le 17 mai, lors d'une conférence de presse. La Société forestière de la Caisse des dépôts présentait ce jour-là le marché français des forêts en 2016. Force est de constater que les forêts de plus de 100 ha sont devenues des biens recherchés car elles sont utilisées comme des placements financiers. Les acheteurs de ces grandes superficies sont principalement des entreprises, des industriels du bois mais aussi des banques, des assurances et des groupements fonciers, principalement français mais aussi européens. « Face aux incertitudes économiques et financières, la forêt est une valeur refuge », note Jean-Pierre Mesnil, directeur des investissements à la Société forestière. Il évoque un placement de l'ordre de 1 à 1,5 % face à un taux de livret A de 0,75 %.
Un marché comparable à celui de l'immobilier
« Le marché de la forêt est très comparable à celui de l'immobilier », souligne cependant Gilles Seigle, évoquant des « coups de coeur » lors des achats qui font grimper les prix. De fait, il ressort de ces transactions, une déconnexion de plus en plus grande entre la valeur des bois vendus et la valeur du marché de la forêt. Cette surcote varie de 0 à 15 % en fonction des transactions, observe Jean-Pierre Mesnil. Le prix moyen d'une parcelle d'un grand domaine en 2016 est de 6 400 EUR/ha mais il peut monter à 20 000 EUR/ha en fonction du type d'essence, de la qualité des bois, du sol, de la région, etc. Le nombre de transaction concernant des forêts de plus de 100 ha en 2016 a progressé de 18 % et la valeur des transactions de 56 % par rapport à 2015 ; des chiffres qui reflètent une demande très forte sur ce créneau. « Le marché est très étroit, note Gilles Seigle, p.-d.g. de la Société forestière. Quand on est sur un marché aussi petit, chaque transaction est unique ». Le marché du carbone a aussi un rôle dans l'intensification de ces échanges avec l'obligation de compenser ces émissions pour les entreprises, tout comme la chute des taux d'intérêt.
Des chiffres à prendre avec précaution
Les transactions des parcelles de 1 à 10 ha ont également progressé de 9,7 % en nombre et de 8,5 % en surface. La plupart des acheteurs habitent sur la commune où se situent ces parcelles. La forêt est alors exploitée pour la chasse ou la production de bois de chauffage. Plus globalement, le marché des forêts se tient bien avec une hausse du prix moyen à l'hectare de 2,1 % (4 100 EUR/ha) et des volumes échangés de 9,8 % (109 000 ha). Le nombre total de transactions a progressé de 9,1 % (17 500 transactions en 2016). Les personnes morales privées ont augmenté leurs achats de 30 % par rapport à 2015 et les particuliers (non agricoles) ont eux augmenté leurs ventes de 6 %. Vu la diversité du marché de la forêt, Gilles Seigle a bien précisé qu'il fallait prendre tous ces chiffres « avec des pincettes ».