Les éleveurs encouragés à anticiper leurs besoins.
Depuis samedi, ce sont 250 tonnes de fourrages, principalement du maïs, qui ont été chargées et transportées chez une dizaine de producteurs de la zone touchée par le nuage de fumée.

deux premières exploitations « opérations fourrage ».
Ces transactions ont pu se faire grâce à l’opération fourrages de la Fnsea 76 qui a recensé les besoins des éleveurs qu’elle a mis en contact avec des agriculteurs de Seine-Maritime, de Basse-Normandie et des Hauts-de-France. Il y a bien sûr beaucoup d’autres éleveurs qui se sont débrouillés avec leur voisinage. « Pour le moment il y a du disponible, environ une centaine d’hectares de maïs. En termes de ressource, il y a donc de quoi répondre mais si la consignation se prolonge, il y aura un nouveau flux de demande. Nous encourageons donc les éleveurs à anticiper. C’est toujours plus facile à gérer que de jouer les pompiers », conseille Guillaume Burel, vice-président de la FNSEA 76. L’opération de solidarité a pour objectif de répondre aux besoins bien sûr mais elle permet aussi de faire comprendre aux éleveurs qu’il faut absolument éviter de donner le fourrage de l’exploitation avant la publication des résultats. « Pour des chantiers d’ensilage qui se trouveraient loin de la zone touchée, Natup met à disposition certaines de ses plateformes de stockage, avant le transport en camion vers l’exploitation. La coopérative met également à disposition des boudineuses pour la récolte de maïs grain humide. Avec le maïs inerté, on sauve au moins le grain et à moindre frais ». Depuis mercredi soir, les ensilages ont pu reprendre, avec consignation. Certains ont ensilé pour dégager les parcelles et semer leur blé. D’autres attendent les résultats pour récolter. La FNSEA a avancé les coûts de transport en attendant une solution de prise en charge. Le maïs acheté sera une charge supplémentaire à intégrer dans le dossier d’indemnisation. Pour certains, les sommes sont très importantes et les banques peuvent les accompagner sur du court terme en attendant.
Qui financera les indemnisations ?
Au moins 1 800 agriculteurs ont été touchés par les suies de l’incendie en Seine-Maritime mais aussi dans les Hauts de France. Le dossier des indemnisations sera à l’ordre du jour du conseil d’administration du FMSE qui se tiendra le 10 octobre. Dans ce dossier des indemnisations des agriculteurs victimes des répercussions de l’incendie de Lubrizol, plusieurs bonnes volontés se sont rapidement manifestées : celle de l’État, du FMSE et du Cniel. Trois scénarios sont sur la table pour le financement des indemnisations des agriculteurs. Si les pertes des agriculteurs excèdent 30 % de leurs revenus annuels, les indemnisations seront financées par le FMSE et l’Union européenne (via le second pilier de la Pac à hauteur de 65 %). Si les pertes n’atteignent pas 30 %, c’est le FMSE seul qui devrait financer les indemnisations. Troisième option proposée par Joël Limouzin : que Paris négocie à Bruxelles la possibilité de verser une aide exceptionnelle financée par l’État. Mais cette option « pourrait prendre du temps ». En parallèle, le FMSE étudie la possibilité de porter plainte contre le responsable du sinistre, au nom des agriculteurs qu’il aurait indemnisés, afin de pouvoir percevoir un dédommagement. Le financeur final pourrait être, en théorie, le pollueur, ou plutôt le responsable de l’incident à l’origine de la pollution. Mais l’affaire est loin d’être résolue. « Nous ne savons pas combien de temps cela peut durer. » Pour le court terme, une quatrième option s’est débloquée le 3 octobre. L’interprofession laitière a annoncé, dans un communiqué de presse du 3 octobre, « la mise en place immédiate d’un dispositif exceptionnel d’avances » pour les éleveurs laitiers. « Ce dispositif permettra d’assurer le paiement du lait non collecté – dans le cadre du paiement mensuel du lait de septembre – en anticipant les indemnisations à venir », détaille le Cniel. Cette décision est prise dans « l’attente des indemnisations des assurances, du fonds professionnel (FMSE) et de l’État ». L’interprofession demande « le plus rapidement possible » l’évaluation de la sécurité sanitaire du lait. « Ce n’est qu’à partir de ces résultats que les pouvoirs publics pourront prendre la décision de libérer les stocks et reprendre la collecte », justifie-t-elle. À l’heure où nous écrivons, ces résultats ne sont pas connus. Laurence Sellos, présidente de la chambre d’agriculture 76 se réjouit de cette annonce. « C’est une très bonne nouvelle. Maintenant, il va falloir nous pencher sur les difficultés rencontrées par les maraîchers et les transformateurs. Pour les maraîchers, ce sont 20 producteurs qui ont été identifiés en Seine-Maritime ».•