Le prix du lait est-il conforme en GMS ?

Forcément, quand une enseigne de la grande distribution communique sur une « rémunération des producteurs à 385 € les 1 000 l », qui plus est « pendant 3 ans, sur 100 % de ses volumes », les producteurs de lait voisins de cette enseigne sont interpellés et tentés d’aller voir sur place ce qu’il en est réellement. Une délégation du canton d’Aumale présidé par Laurent Avyn, accompagné de Franck Gremont, président de la section lait de la FNSEA 76 se sont rendus dans l’enseigne E.Leclerc à Neufchâtel-en-Bray pour un relevé de prix et une vérification de l’origine. L’objectif était de vérifier, grâce à l’outil mis en place par la FNPL sur le « prix conforme » si le prix de vente en rayon est suffisant pour rémunérer tous les maillons de la chaine et le producteur à hauteur des 385 € annoncés. « Sur le lait de consommation, il n’y a rien à signaler, il y a eu un travail de fait. Aucun produit n’est en dessous du prix minimum de vente. Mais sur les autres catégories de produits, marques distributeurs, tels que le camembert et les yaourts, le compte n’y est pas », indique Franck Gremont, président de la section lait. Après avoir effectué une vérification de l’origine et un relevé de prix, les éleveurs présents ont demandé un rendez- vous avec le responsable achat frais et le directeur pour avoir des explications. Selon eux, et sans langue de bois, l’enseigne se doit d’avoir des produits d’appel moins cher que ceux de la concurrence, et ces produits en font partie. Pour mémoire, cette action fait suite à la démarche « relevé de prix » qui avait été lancé par la FNPL en avril 2021. En ce sens, la FNPL a calculé le prix minimum de vente attendu par catégorie de produits laitiers (1 l de lait ½ écrémé ne peut être vendu à un prix inférieur à 0,74 €, 1 kg de yaourt nature en dessous de 1,34 €, 1 kg d’emmental râpé de 6,23€ et un camembert moins d’1,50 € la pièce de 250 g). Ces prix ont été calculés sur la base de l’indicateur « prix de revient » publié par le CNIEL et établi pour 2021 à 403 € /1 000 l toutes primes comprises, toutes qualités confondues(soit 88 € / 1000 l pour un lait standard à 38/32). « Les prix en dessous du prix minimum sont abusivement bas. La loi doit être appliquée et les producteurs de lait doivent avoir un retour de valeur dans les exploitations, avec la prise en compte du prix de revient », insiste Franck Gremont, qui invite les producteurs « à être vigilant auprès des GMS de leur secteur en effectuant des relevés de prix et vérification d’origine ».
FANNY LEMOINE