Le préfet visite un maraîcher touché par Lubrizol
Ce matin, le préfet a rencontré Pascal Prévost, un maraîcher installé sur l'une des 112 communes concernées par les retombées de suie de l'incendie de Lubrizol. Retour en images.

















Pierre-André Durand, préfet de Normandie, s'est rendu le 13 novembre sur une exploitation maraîchère à Quincampoix, l'une des 112 communes concernées par le passage du nuage de suie de Lubrizol. Objectif : rassurer la population sur la qualité des produits agricoles après la levée de l'arrêté pris au nom du principe de précaution il y a tout juste un mois.
« Aujourd'hui, Il nous faut remonter la pente et effacer toute cette histoire auprès des clients rouennais qui ont pu être anxieux par rapport à nos produits, témoigne Pascal Prévost, installé ici depuis 1993, avec 2 hectares en plein champ et 3000 mètres carrés sous tunnels froids. Nous leur expliquons que bien que le nuage soit passé à l'est de l'exploitation, nous avons dû arrêter la récolte parce que la préfecture nous l'a demandé, et que nous nous y sommes conformés. » Le maraîcher se rend quatre fois par semaine sur les marchés autour de Rouen, au clos Saint Marc, à Sotteville-les Rouen et à Bonsecours. Son exploitation a servi de sentinelle deux fois par semaine pendant la période de restriction. Cette décision préfectorale avait conduit à la consignation et à des analyses répétées sur les fruits et légumes. Il a fallu détruire ce qui ne pouvait pas être commercialisé. Il y a eu 47 exploitations sentinelles et les prélèvements continuent chez dix-sept d'entre elles encore aujourd'hui.
Deux casquettes de paysan et de commerçant
Après une attente insoutenable pour les agriculteurs, les résultats des analyses sont tombés mi-octobre et le travail a pu reprendre comme avant. « Cela a pu paraître rigoureux, mais je l'assume totalement, explique le préfet. Cela a permis de démontrer qu'aujourd'hui vous êtes en situation de commercialiser des produits de même qualité qu'avant l'incendie. » Mais cette décision a pu influencer les achats des consommateurs et jeter la suspicion sur les produits normands.
« C'est normal qu'il y ait eu des inquiétudes de la part des consommateurs sur nos fruits et légumes car ce sont des produits de consommation courante », rappelle Pascal Prevost. Et après quatre semaines, l'impact financier est conséquent. Le maraîcher a commencé à remplir son dossier d'indemnisation auprès du fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) le 12 novembre. « Nous avons enclenché la deuxième étape, en parallèle du travail de fond à réaliser car les clients avaient abandonné le marché. » Pascal Prévost fait partie du groupement de développement maraîcher de la chambre d'agriculture, qui comprend une cinquantaine de producteurs de l'Eure et de la Seine-Maritime.
Pour Patrice Faucon, président de la FNSEA 76, « il faut rassurer le consommateur et c'est la raison de la présence du préfet aujourd'hui. La profession n'a jamais remis en cause le principe de précaution » rappelle-t-il. « Le consommateur, il faut le convaincre en direct, estime Laurence Sellos, présidente de la chambre d'agriculture de Seine-Maritime. Nous allons être aidés pour cela par la Région, le Département, la Métropole de Rouen avec qui on travaille sur le volet attractivité. Nous allons lancer un grand plan sur six mois pour inciter à manger local. C'est la reconquête. »
Pascal Prevost a vu son chiffre d'affaire diminuer jusqu'à 47 % au plus fort de la crise et aujourd'hui, il est retombé à moins 18 %. « A Saint Marc, je vois les clients revenir petit à petit, la baisse s'atténue ». L'effet Lubrizol a aussi joué sur l'embauche des saisonniers « Je n'avais pas de visibilité, alors j'ai dû freiner les dépenses au lieu de réembaucher », explique le maraîcher. Il emploie trois salariés chaque année pendant 6 à 8 mois. Il attend maintenant d'être rapidement indemnisé. « Mon but, c'est que l'exploitation soit encore là l'an prochain ». o