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« La montée en gamme, les agriculteurs l'ont déjà faite »

Arnold Puech d'Alissac, président de la FRSEA de Normandie, réagit aux annonces du président de la République lors des Etats généraux de l'alimentation.

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Arnold Puech d'Alissac, président de la FRSEA Normandie, sur le stand de la Normandie au salon international de l'agriculture.
© lgeffroy

Comment réagissez-vous au discours d'Emmanuel Macron ?

Globalement, on ne peut pas dire que nous n'avons pas été entendus. Négocier les prix en marche avant, cela fait des années que nous le demandons pour une meilleure prise en compte des coûts de production et éviter que les prix agricoles soient le reliquat issu des négociations commerciales une fois que tous les intermédiaires ont pris leurs marges. C'est donc très positif même s'il va falloir traduire la parole du président en actes législatifs et que ces textes soient appliqués concrètement. Mais on avance.

On vous sent satisfait mais pas complètement...

On n'est jamais complètement satisfait. Mais l'organisation des producteurs est un autre point de satisfaction qui nous engage, nous producteurs. Nous ne devons plus tergiverser, nous devons adhérer. Que ce soit à des coopératives ou à des organisations de producteurs (OP), nous ne pouvons rester seuls. Sinon, quel producteur sera en mesure de proposer un contrat de vente à son acheteur de lait ainsi que le président le souhaite ? Nous avons donc un travail de terrain important à fournir. J'ajoute que c'est un travail qui dépasse les philosophies syndicales. Tous doivent oeuvrer pour l'adhésion des producteurs aux OP.

Il a aussi exhorté les filières à travailler ensemble, cela doit vous convenir...

C'est une bonne idée. Car si la course aux prix les plus bas est destructrice et doit être arrêtée, la concurrence effrénée à laquelle peuvent se livrer les entreprises agro-alimentaires entre elles n'est pas plus productive. Que les filières, à travers les interprofessions, définissent des plans stratégiques, cela a du sens à la condition que tous les maillons des filières veuillent bien considérer les autres maillons comme des partenaires, pas comme un adversaire qu'il faudrait « plumer ». On a vu des consensus se former aux cours des ateliers du premier chantier des Etats généraux de l'alimentation, il n'y a pas de raison que les bonnes intentions exprimées alors ne se traduisent pas dans les faits.

Le président a évoqué une nécessaire « montée en gamme ». Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Je ne comprends pas, et je n'accepte pas, que le président de la République lui-même s'adonne à l'agriculture bashing à travers cette exigence de montée en gamme. Je préférerais que le discours politique lui-même monte en gamme. Faire croire, comme certains de nos détracteurs, que ce que l'on met dans l'assiette des consommateurs n'est pas de qualité, n'est pas digne de lui.

Cela vous énerve ?

Oui, parce que je pense que la montée en gamme a été faite. Il suffit de comparer la qualité des produits agricoles d'aujourd'hui à ce qu'elle était il y a vingt ans ou trente ans. Nos produits agricoles répondent aux besoins de marchés différents, pas seulement aux consommateurs riches. Il faut, et c'est ce que nous faisons, satisfaire tous les consommateurs en produits bruts et élaborés, en produits haut de gamme et de consommation courante, en produits biologiques et conventionnels, en frais et en surgelés, etc. Tout cela, nous le faisons déjà : l'adaptation aux marchés, la démarche de progrès, nous sommes engagés dedans au quotidien et demander encore une « montée en gamme », c'est une façon de renvoyer la balle dans le camp des agriculteurs. J'attends du président de la République qu'il reconnaisse les efforts que nous faisons et admette que plus vert c'est plus cher.

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