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La filière horticole demande une indemnisation intégrale des pertes.

La situation de la filière horticole est dans une situation dramatique. Plus de 60 % du chiffre d’affaires des professionnels du végétal se réalise entre la mi-mars et la mi-mai.

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Les serres la Neuvillaise ont mis onze mille chrysanthèmes et cinéraires à la poubelle.
© Les serres la Neuvillaise



Les entreprises horticoles qui détruisent leurs stocks de végétaux périssables ont perdu plus de 80 % du chiffre habituellement réalisé durant cette période des Rameaux et de Pâques. Aujourd’hui elles craignent de ne pas pouvoir mettre en production pour l’année prochaine par manque de moyens.
L’interprofession vient d’obtenir de la cellule interministérielle que les jardineries qui vendent de la nourriture pour animaux puissent également proposer à la vente l’ensemble des produits du magasin, dont les plants potagers qui ont été reconnus produits de première nécessité.
Mais il n’y a pour le moment aucune remise en cause du décret du 23 mars 2020. Les jardineries qui n’ont pas de rayon animalerie et les producteurs détaillants ne peuvent donc toujours pas ouvrir leurs portes à la clientèle. « Certains préfets appliquent la règle. C’est le cas en Seine Maritime. D’autres sont plus laxistes, comme le préfet de l’Eure. Ce qui crée malheureusement des distorsions entre les départements. Je pense que l’on n’y arrivera pas à modifier ce décret tant que nous serons en confinement  », précise Jean- Marc Vasse, délégué général chez Val’hor.

Chrysanthèmes et cinéraires à la poubelle
Les Serres La Neuvillaise, à la Neuville-Champ-d’Oisel, viennent de mettre près de 11  000 chrysanthèmes et cinéraires à la poubelle ! « C’est une perte de 40 000 euros, rien que pour les ventes des Rameaux. Cela représente six mois de travail ! Aujourd’hui, nous n’avons pour ainsi dire plus de ventes, alors que la grande distribution continue à faire du chiffre. Avec nos 6 salariés, nous maintenons l’activité coûte que coûte car il faudra avoir de quoi vendre quand le confinement sera terminé mais nous n’avons aucune visibilité. Notre projet de recruter trois salariés supplémentaires n’est plus d’actualité », déplore Damien Bordeaux.
La filière en péril
Jean Marc Vasse rappelle que le gouvernement a déjà annoncé de nombreuses mesures : report des échéances de charges sociales et fiscales, prêts de trésorerie garantis par l’Etat, recours au chômage partiel élargi…mais elles ne suffiront pas à sauver la filière.
Hervé Morin le souligne également dans son courrier adressé le 8 avril au ministre de l’Agriculture : « Les dispositifs actuels, de prêt et de garantie bancaire, n’apportent pas de réponse suffisante car ces entreprises ne seront pas en mesure de rembourser leurs dettes sur le moyen terme, au vu de l’ampleur du préjudice subi ». Le président de la Normandie demande une indemnisation à hauteur de la perte subie.
« L’horticulture n’est pas dans l’organisation commune de marché mais, avec tous les autres pays producteurs de végétaux, nous avons sollicité Bruxelles pour que notre filière bénéficie de la mise en place des dispositifs de soutien des marchés agricoles. Au niveau national, lors de la rencontre du 6 avril, Didier Guillaume attend de l’interprofession des propositions pour la mise en place d’un plan de soutien. Nous demandons que les entreprises aient la capacité à récupérer l’ensemble du végétal perdu. Il ne faudra pas oublier les métiers de l’aval, les grossistes et les fleuristes », ajoute Jean- Marc Vasse.

Le monde d’après ?
« Nous espérons un déconfinement à la mi-mai pour pouvoir célébrer le jardin et la fête des mères en juin. Nous visons une campagne de communication sur M6, plutôt à destination des jeunes, pour les éduquer au plaisir du jardin. Il s’agit aussi de réfléchir au monde d’après. D’un point de vue structurel, il faudra que l’on se pose des questions concernant des sujets clés, vitaux pour l’avenir de notre filière : le sourcing, la massification, le circuit court, la logistique… ».
Paul et Jean-Baptiste Bellili, jeunes pépiniéristes installés à Valliquerville, pensent que l’avenir est dans les systèmes durables et résilients, les petites structures diversifiées qui pratiquent le circuit-court. Producteurs de semences, de plants de fleurs, de fruits et de légumes, tout ce qui est vendu est produit sur leur exploitation de 4 hectares. « Nous pouvons garder la pépinière ouverte car nous vendons nos œufs et notre jus de pomme. Nos vivaces vendues habituellement dans les foires de printemps vont devoir être retravaillées, rempotées et divisées. Aujourd’hui, pour faire face à la grande concurrence des chaînes de jardineries, nous comptons sur la qualité de notre travail et le bon sens des gens pour revenir vers la production locale ».•

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