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La bonne conduite à 16 ans

Ils ont le droit de conduire sans le sésame rose. Toutefois, il peut être pertinent de faire suivre aux enfants d’agriculteurs une formation pour qu’ils puissent conduire dès 16 ans sereinement, en toute sécurité.

Ils ont le droit de conduire sans le sésame rose. Toutefois, il peut être pertinent de faire suivre aux enfants d’agriculteurs une formation pour qu’ils puissent conduire dès 16 ans sereinement, en toute sécurité.
nstallé au poste de conduite, le jeune prend le temps de se familiariser avec l’environnement, apprend à régler son siège, etc. Puis, il se rendra sur la voie publique, après avoir accroché sa ceinture.
© A. V.

Comme l’autorise la loi, les enfants d’agriculteur peuvent dès leurs 16 ans s’installer au volant d’un tracteur. Et le conduire seul, dans les champs comme sur la route, sans avoir le permis de conduire en poche. Ce “privilège” existe depuis belle lurette. « Ça a été accordé à la profession agricole pour que les enfants puissent aider leurs parents lors des fortes périodes de travaux, notamment lors de la moisson », rappelle Eddy Hoyon. Pour le responsable du service Caces au Comité régional de formation et de promotion sociale (CRFPS), il faut toutefois se rendre à l’évidence : « cela a bien évolué ». Les machines sont de plus en plus perfectionnées, de plus en plus puissantes, avec des outils attelés de plus en plus longs et des bennes de plus en plus lourdes. « Le jeune peut se trouver au volant d’un ensemble de 56 tonnes », repère-t-il en s’appuyant sur les chiffres affichés sur le pont à bascule des silos chaque été. « Et conduire un scooter ou un ensemble pareil, ce n’est vraiment pas la même chose ! ».

Dans l’environnement familier

Au CRFPS, une formation spécifique est proposée pour ces jeunes. Inutile de dire que cela peut être intéressant, et rassurant, de la suivre. Et ce, même si les ados sont montés depuis tout-petits dans les tracteurs, qu’ils ont vu et appris avec leur père, et que comme celui-ci et leur grand-père, ils ont ça dans le sang. « C’est une formation sur-mesure », avertit Eddy Hoyon. Elle se déroule sur l’exploitation, avec l’utilisation du propre matériel, dans l’environnement familier. « Cela dure une à deux journées et je m’adapte aux jeunes », assure-t-il. Généralement, la formation démarre par des explications sur les gabarits : « la réglementation autorise un jeune de moins de 18 ans à conduire uniquement les engins agricoles ne dépassant pas 18 mètres de long et 2,50 mètres de large ». Autrement dit, pour la moissonneuse, il faudra encore patienter un peu.

Bien se placer et anticiper

Eddy Hoyon poursuit avec quelques explications de base sur la mécanique. Puis, il détaille les organes de sécurité présents sur la machine. « La ceinture est obligatoire », rappelle le formateur, bien conscient que personne ne respecte cette obligation « pourtant inscrite dans le Code de la route et qui est amendable ». Installé au poste de conduite, le jeune prend le temps de se familiariser avec toutes les fonctions essentielles : les commandes, les rétros, les clignotants, les gammes de vitesse, etc. Il apprend « à prendre le temps de régler son siège », et à connaître tout son environnement comme savoir où sont rangés le triangle et l’indispensable gilet jaune. « Puis, c’est le moment d’aller sur la voie publique », poursuit Eddy Hoyon qui insiste sur les règles essentielles : « l’importance du placement sur la chaussée, la prise des ronds-points, l’anticipation… ». Le jeune doit prendre conscience que le poste de conduite est centré par rapport à la machine, « ce qui n’est pas le cas d’une voiture ». Et s’il est en conduite accompagnée, « ses repères seront totalement différents ».

Les exercices démarrent sur les chemins, puis sur la route. D’abord avec le tracteur seul, puis avec une benne. Le maître mot d’Eddy Hoyon reste de « savoir anticiper ». Au terme de la formation, un mini-examen permet de valider tout ce qui a été vu sur la journée. Le jeune reçoit alors une attestation de conduite. « Suivre une formation professionnelle n’a pas le même impact qu’un apprentissage en famille », repère le spécialiste. Un avis partagé par Aymeric, fils d’agriculteur marnais, qui admet que les conseils donnés par Eddy Hoyon lui sont aujourd’hui précieux : « je passais toutes les vitesses trop vite et je me plaçais toujours trop près de la ligne blanche ». La formation s’adresse aussi aux femmes d’agriculteurs. Elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir donner un coup de main ponctuel. Et cela permet de lever certaines appréhensions. •

 

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