La betterave revient dans la cour des grands
La campagne betteravière 2023-2024 a été définie comme la campagne des records par Samuel Crèvecœur, président de la section de Fontaine-le-Dun de Cristal Union.
La campagne betteravière 2023-2024 a été définie comme la campagne des records par Samuel Crèvecœur, président de la section de Fontaine-le-Dun de Cristal Union.

L'assemblée générale Cristal Union de la section de Fontaine-le-Dun s'est déroulée le 17 mai à Grainville-la-Teinturière.
La campagne 2023-2024 a été très inhabituelle. Ce fut l'une des plus pluvieuses de la décennie mais les planteurs de betteraves ne retiendront sans doute que le niveau record de leur rémunération : 51,42 euros la tonne !
Avec un rendement moyen de 83,70 tonnes à 16°, les résultats techniques sur la zone d'approvisionnement de Fontaine-le-Dun sont inférieurs à la moyenne 5 ans, mais les recettes s'approcheront des 4 700 euros par hectare.
" Avec un record de 151 jours, ce fut une campagne longue et éprouvante mais tout le monde a su s'adapter : les planteurs, les entreprises d'arrachage et de transport, la transformation ", a tenu à faire remarquer Samuel Crèvecœur, président de la section de Fontaine-le-Dun.
" En ce qui concerne la jaunisse, nous n'avons que la lutte chimique. Il y a eu une très bonne réactivité dans les traitements et l'année dernière s'est plutôt bien passée. Nous attendons les nouvelles variétés. Il y a encore un écart de rendement mais nous sommes optimistes pour les années qui viennent, à partir de 2026. Le Plan national de recherche et innovation (PNRI) a mis en avant des axes intéressants à poursuivre, en particulier sur la gestion des réservoirs viraux et le biocontrôle ", a expliqué Bruno Labilloy, directeur agricole chez Cristal Union.
Un nouvel outil de lutte contre la cercosporiose
Cette année, la cercosporiose est apparue en Seine-Maritime. Bruno Labilloy a précisé qu'à ce jour, le moyen de lutte efficace est le positionnement du premier traitement avant l'apparition des premières taches. Pour aider le planteur, Cristal Union a mis en place l'outil Cerc'OAD, adossé aux conditions météorologiques, qui l'assistera à repérer l'instant T-1.
Concernant les variétés Conviso Smart, quelques planteurs en situation de désherbage difficile les ont utilisées. Malgré une petite baisse de rendement, les résultats restent intéressants.
Cristal Union avait annoncé en automne le versement d'une prime d'encouragement à l'agriculture de régénération. " C'est une attente de nos clients et nous devons y répondre. C'est pour cela que nous adhérons depuis 5 ans à l'association "Pour une agriculture du vivant". L'objectif de ces primes est de valoriser les démarches agroécologiques des planteurs. Nous avons imaginé un dispositif simple d'évaluation grâce à CristalVision et MyEasyCarbon. Il y aura une valorisation progressive sur une quote-part des tonnages concernés, dans la limite des montants prélevés chez nos clients. Demain nous irons plus loin avec la décarbonation ", a souligné Bruno Labilloy.
Un chiffre d'affaires record
Le président du groupe Cristal Union, Olivier de Bohan, a invité les coopérateurs à savourer les excellents résultats de l'exercice 2023-2024, malgré une diminution des surfaces, des conditions climatiques difficiles et des coûts énergétiques toujours élevés : le chiffre d'affaires du groupe a progressé de 20 % par rapport à l'exercice précédent, il s'établit à 2,8 milliards d'euros. Le résultat net atteint son meilleur niveau depuis 10 ans à 307 millions d'euros.
Une caisse de péréquation pour donner de la perspective
" Notre coopérative est bien gérée et sa performance est remarquable. Nous avons su tirer parti des conditions de marché favorables. Vous nous avez fait confiance, vous êtes restés fidèles, aujourd'hui vous êtes récompensés. Mais en même temps, le conseil d'administration a souhaité prévoir les années qui viennent, d'où la mise en place d'une caisse de péréquation collective de 50 millions d'euros par prélèvement sur le résultat de l'exercice. Dans cette bonne année, cela nous permet de prévoir une année qui serait moins bonne ou un prix de betterave qui ne serait pas à la hauteur ", a expliqué le président.
Normalisation des prix pour 2024-2025
Pour 2024-2025, les surfaces sont en augmentation de 7 %, complètement en lien avec la capacité industrielle de l'usine de Fontaine-le-Dun.
Stanislas Bouchard, directeur adjoint de Cristal Union, a expliqué que la demande mondiale de sucre continue à augmenter légèrement (180 millions de tonnes), et que le bilan production sur consommation devrait ressortir en très léger surplus. À court terme, les prix ne devraient pas subir de chute brutale.
" Le marché du sucre européen redeviendra excédentaire en 2024-2025 mais beaucoup moins que par le passé. Les surfaces betteravières sont en hausse et la production pourrait dépasser 18 millions de tonnes. Par ailleurs, on note un tassement de la consommation sous l'effet de l'inflation. Pour maintenir l'équilibre du marché intérieur, l'Union européenne va devoir exporter plus de 2 millions de tonnes de sucre l'année prochaine (soit 15 millions de tonnes de betteraves). Nous entrons donc dans une période où les prix de vente vont se normaliser. Pour le sucre, les négociations sont actuellement plus compliquées avec les clients, avec des prix qui diminuent de 20 à 30 %. Il nous faudra également reconquérir des marchés en Afrique de l'Ouest et au Moyen Orient, abandonnés faute de ressources suffisantes. Mais l'environnement reste favorable ", a rassuré le directeur adjoint.
" En fonction de notre analyse des marchés mondiaux, nous serons capables de vous rémunérer au-delà des 40 euros la tonne ", a affirmé le directeur Xavier Astolfi, directeur de Cristal Union, aux planteurs présents dans la salle.•