Ensilage d’herbe : privilégier le fourrage à plat pour 35 % de MS
Avec une organisation de chantier différente, on peut en 48 heures récolter de bons fourrages. Explication.
Avec une organisation de chantier différente, on peut en 48 heures récolter de bons fourrages. Explication.






Les ensilages d’herbe sont en cours, avec un mois d’avril humide et frais. Pour les éleveurs, l’enjeu est de réussir à ensiler leurs fourrages à au moins 30 % de matière sèche (MS) tandis que les fenêtres de beaux temps ne sont pas très longues. Pour Olivier Leray, référent chef produit chez Littoral Normand, cela est tout à fait possible en privilégiant une fauche étalée.
Même matériel mais une organisation de chantier différente
La pratique plutôt courante de regrouper 9 mètres en andains de 2,20 mètres de fauche n’est pas recommandée pour atteindre ce taux de matière sèche idéal. L’humidité est enfermée dans l’andain et le fourrage ne sèche pas. Elle permet d’optimiser le chantier mais cette optimisation se fait en général aux dépens de la qualité de l’ensilage.
« La simplification n’est pas là où on pense : en voulant simplifier le chantier, on le complexifie car il faut des créneaux de beau temps plus longs pour conserver un fourrage de qualité ».
Un essai en Normandie (au Ménil de Briouze dans l’Orne) a permis de tester les différentes organisations de chantier après la fauche. Il met bien en avant l’intérêt d’étaler le fourrage, que cela soit avec une fauche classique ou conditionnée, et de faner le plus précocement possible pour atteindre 30-35 % de matière sèche en 48 heures, même si les créneaux météo favorables ne sont pas très ouverts. Ne pas faner limite la vitesse de séchage.
« Laisser le fourrage à plat permet de maximiser le contact entre le fourrage, le soleil et l’air. Entre 1 heure et 24 heures après, en fonction des conditions météo, le fanage à plat peut être réalisé et, au bout de 48 heures, on repasse avec l’andaineur qui regroupe le fourrage juste avant le passage de l’ensileuse. Cette pratique permet d’atteindre les 35 % de matière sèche en 48 heures.
Plus le fourrage reste au sol, plus il perd en valeur alimentaire. Des travaux sur le ray-gras italien ont montré des pertes de valeur UF de 30 % et de Mat de 40 % en 15 jours. Pour les ETA et les Cuma qui sont souvent équipées de groupe de fauche, l’éleveur peut demander un réglage du matériel dans l’objectif d’une fauche étalée. »
Quand le rendement augmente, la valeur alimentaire diminue
Ensuite, deux points sont importants : choisir le bon stade de fauche et ne pas faucher trop ras. « Les éleveurs décident souvent de faucher un peu trop tard. À cette époque l’herbe change très vite, et 15 jours de décalage influencent beaucoup la valeur alimentaire de l’ensilage. Cela fait deux ans que nous travaillons sur les dérobées, sur l’évolution de leur biomasse et de leur valeur alimentaire. Le but étant de trouver le bon stade de récolte pour un fourrage intéressant pour les laitières. Nos observations permettent de dégager un effet de ciseau, avec le rendement qui augmente de 500 kg par semaine depuis fin mars et une valeur alimentaire qui chute de quelques points. Et si on attend trop longtemps pour récolter, cette valeur plonge quand l’épiaison arrive et le troupeau aura besoin d’être complémenté ».
Attendre plusieurs semaines pour augmenter sa biomasse se fait aux dépens de la valeur alimentaire qui baisse en teneur azotée et en énergie par dilution de la biomasse qui s’accumule et par la lignification des tissus des graminées qui rend le fourrage moins digeste par les bovins.
Hauteur de fauche 7 cm
Le fauchage se fait également souvent trop au ras du sol. Les pratiques sont en général de laisser 4 cm mais il est préférable de laisser 7-8 cm. Cela permet au fourrage d’être maintenu au-dessus du sol. La terre s’assèche et il n’y a pas de remontée d’humidité. Cette hauteur est tout à fait possible à atteindre avec un petit réglage sur le tracteur ou avec l’installation de tampon sur la faucheuse.
Avec l’obligation de couvrir les sols, les éleveurs ont découvert la récolte des dérobées. Ils se sont aperçus qu’ils pouvaient produire du fourrage l’hiver et le récolter pour leurs animaux. Auparavant les méteils étaient ensilés vers le 15 mai. Aujourd’hui la problématique est la récolte précoce de ces dérobées avant l’implantation d’un maïs. On est maintenant sur des mélanges seigle-vesce-trèfle qui doivent être récoltés plus tôt (le seigle qui pousse vite est plus précoce) que les repères historiques et pour lesquels il n’y a pas encore beaucoup de références. Ce sont de nouveaux repères à intégrer.•